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Voyage aux USA en débarquant

Je correspondais très fréquement avec le "ship operator", Matt Doherty. On était devenu à la longue presque des copains. Cette année là, après chargement à Rotterdam on faisait une tournée de la côte Est des USA, en commençant à Bayonne, un des ports de New York. Matt m'avait demandé si je voulais bien l'avoir à bord avec sa femme Kareen pour quelques jours. Annie par chance était à bord. Ils étaient tous les deux ravis et très sympas, elle était ingénieur en aéronautique mine de rien. Le premier port touché après New York était Savannah, the lady of the south. C'est une vieille ville, fondée en 1733 et le centre historique le long de la rivière a du cachet. Les rues y sont pavés de galets qui servaiint de ballast aux navires du XVIII éme siècle. Matt nous avait invités dans un restaurant de luxe comme aiment les bosbos américains. Du faux vieux avec plein de vieilles planches clouées de travers. Mais c'était bon et agréable. C'est là que Matt et Kareen avaient débarqué .
On est allés ensuite à Houston et La Nouvelle-Orléans où je devais débarquer. J'avais révé de rejoindre New York en voiture pour prendre l'avion du retour. Matt était d'accord pour nous recevoir au passage et nous conduire à l'aéroport. D'autant plus facile qu'il habitait Long Island, où se trouve l'aéroport Kennedy. Mon rêve a pu se concrétiser grâce à l'aide du shipchlander, un bonhomme en or très original avec une carrière mouvementée. Max était français, d'origine marocaine, il avait navigué sur les bateaux mouches parisiens, puis sur les lakers des grands lacs canadiens. Je ne sais pas comment il avait atterri à New Orleans comme shipchandler.
Il nous avait invité chez lui pour aussi longtemps qu'on voulait. Il avait une maison individuelle au bout de Bourbon Street, donc en plein  french quarter, un peu le Pigalle de Nola. On allait se promener et quand on revenait il avait préparé le barbecue sur sa terrasse. Il invitait des copains cajuns, des drôles doiseaux avec qui il avait des affaires plus ou moins louches ou loufoques.
Expérience amusante, il avait reçu une commande de vivres d'un bateau français, mais il avait la flemme d'y aller. Je l'ai secoué en lui disant "Max tu ne peux pas négliger une commande, c'est un client perdu, j'irai avec toi." C'est ce qu'on a fait. On est allé aux halles commander ce quil fallait, 3 ou 400 kilos de vivres. Le lendemain matin on est passé avec son pick-up prendre la marchandise et la livrer au bateau. Je faisais le chauffeur-livreur et je me suis amusé à ne pas révéler que j'étais français. Max rigolait et m'a laissé avec le cuisinier pour aller porter la facture au commandant. Un fois tout pointé à la cambuse je suis allé le rejoindre et je ne me suis dévoilé au Cdt qu'après l'avoir salué d'un "Hi Cap how u doin ? " avec l'accent le plus américain possible.
J'ai ainsi eu le temps d'acheter une voiture d'occasion. Tant qu'à faire je voulais une vraie américaine et j'ai trouvé cette Mercury Cougar qui m'a tapé dans l'oeil. Pour 1 000 USD je l'avais, et l'immatriculation était faite en un quart d'heure chez un "notaire" pour un somme modique. On m'a donné un numéro de Louisiane, sur un carton, à poser sur la planche à paquet.
Ce soir là des copains de Max on examiné la voiture et m'ont juste conseillé de changer un échangeur de la clim, qui fuyait et donnait de la buée à l'intérieur. J'en ai eu pour une cinquantaine de dollars. Le soir on prenait un pot chez Max avec ses copains dont un avocat. J'avais demandé l'annuaire et je téléphonais aux compagnies d'assurances pour demander leur tarif. Au bout d'un moment l'avocat assis à coté de moi m'a demandé "Pourquoi veux-tu une assurance ?" . J'ai été interloqué et lui ai dit que ça me paraissait indispensable. Alors il m'a expliqué : si tu as un accident tu es responsable dans la limite de tes biens aux Etats Unis, tu n'y possèdes que cette voiture qui sera probablement morte, alors pourquoi t'emmerder? Et voilà comment on fait des économies.
Avant de prendre la route vers NY on est allé faire un tour dans les bayoux pour voir les alligators et les racoons.
Le voyage a commencé par un petit tour en Floride, coté Golfe du Mexique. Nous avons vite découvert qu'on pouvait voyager agréablement et pour un prix dérisoire par rapport à la France. Une chambre dans un motel de bon standing coûte moins cher qu'une chambre d'hôtel minable en France. Ensuite nous avons fait route vers le Nord, en passant par l'Alabama, le Tennessee, le parc des smocky mountains, la Pennsylvanie..
Nous avons fait un détour à Lancaster, une ville qui compte une forte communauté Amish. Une population d'origine allemande, qui a gardé ses coutumes et ses vêtements du passé. On reconnait leurs maisons, parce qu'elles ne sont reliées ni au téléphone, ni à l'électricité et bien sur n'ont pas d'antennes de TV.Ils se déplacent en carrioles à cheval et vivent surtout d'artisanat et d'agriculture. Ils sont très bien vus par les voisins pour leur rigueur morale et leur soldarité.
Escale d'une journée à Washington qui nous a beaucoup surpris. A quelques rues de la Maison Blanche nous avion pris une chambre dans un hôtel minable, recommandé par le Routard.  Quelques individus dormaient en travers des couloirs ivres morts ou drogués. Personne ne s'en préoccupait. Dans certaines immeubles des dizaines de fenêtres n'avaient plus de vitre. Des noirs desœuvrés essayaient d'ouvrir les portes arrières des camions arrétés par un feu rouge. Nous avons visité le Smithsonian Institute, à deux pas du Capitole, épatés par la taille minuscule de la première capsule habitée, et l'aspect bricolé du module lunaire.

Puis ce fut New-York. Nous avons un peu circulé mais ce n'est pas facile et cher pour stationner. Les Doherty nous ont accueilis très gentiment et généreusement.

C'est là que la belle aventure s'est terminée. J'ai laissé la voiture à Matt qui l'a mise en vente. C'est un de ses collègues, que j'avais eu comme opérateur, qui l'a acheté pour le même prix que je l'avais payée. A New York les voitures d'occasion venant des états du sud sont appréciées parce qu'elles n'ont pas souffert des hivers avec salage des routes.

Une bonne opération et un voyage intéressant qui ne m'a pas couté cher!



Maison Doherty à Long Island