Exercice d'incendie à bord du Cma Cgm TITUS, avril 2015.
(Emmanuel Bonici)

Attention ce récit est une fiction, basée sur un exercice réel grandeur nature, réalisé par les Marins Pompiers de Marseille en collaboration avec CMA CGM, les autorités portuaires, le remorquage, et le manutentionnaire Eurofos qui accueille le navire en exploitation commerciale. L'ensemble des participants, ont pu chacun à leur niveau tirer des enseignements de cette simulation, qui, tous l'espèrent, n'auront jamais à servir.

 
Caractéristiques principales :
  IMO 9450636
  Dimensions 334,04 x 42,80 x 24,60 m
  Tirant d'eau 15,00 m
  Jauge brute 90 931 ums
  Port en lourd 109 021 t
  Capacité 8 465 evp
  Motorisation MAN B&W 12K98ME-C
  Propulsion un hélice à pas fixe
  Puissance / vitesse 72 240 kW     25,2 nds
  Construit 2011 par Samsung, Geoje (Corée)
 
Vendredi 24 avril, le CMA CGM TITUS est en escale à Fos. Arrivé la veille à 23h30, il est en cours d'exploitation ce vendredi, avec trois portiques opérant sur l'avant du château. Le navire est tribord à quai et son arrière est en limite de quai coté nord du terminal. A 14h, alors que le travail se déroule normalement, deux long coups de corne de brume  viennent troubler le bruit rythmé des opérations commerciales.


          
      
Sur le pont principal des marins courent vers l'arrière du navire, un feu s'est déclaré dans un magasin jouxtant la plage de manœuvre arrière, juste au dessous d'une pile de conteneurs de 40 pieds, gerbés sur 7 niveaux. D'aprés les premièrs échanges radio, le feu est virulent et un marin est blessé, la Capitainerie est aussitôt prévenue ainsi que les marins pompiers qui sont déjà en route. Quelques minutes après l'alerte l'officier de port monte à bord et avec un officier du Titus essaye de faire une première évaluation, ces informations sont aussitôt transmises à la Capitainerie qui à son tour relaye l'info aux marins pompiers. Chez Eurofos les consignes sont immédiatement données par radio, les trois portiques opérant sur le TITUS se déplacent vers l'avant du navire pour s'éloigner au maximum de la zone du sinistre, les opérations commerciales sont arrêtées et les portiqueurs évacuent leurs engins.
A 14h16 guidé par un véhicule de la sureté portuaire, les premiers secours arrivent bord à quai, et se mettent immédiatement en position. Alors que le matériel est mis en place par une première équipe, une seconde prééquipée d'ARI * monte à bord, très vite ils comprennent que la situation est sérieuse et un second renfort est aussitôt demandé. Le blessé est sorti et reçoit les premiers soins sur la plage de manœuvre coté quai, puis il est conditionné pour évacuation. Parallèlement, des moyens nautiques sont mis en alerte, et les remorqueurs Marseillais 6 et VB Camargue rejoignent la darse 2 à pleine vitesse, ainsi que le semi-rigide des marins pompiers "Matelot Ricio" assisté d'une autre embarcation légère.
Entre temps, malgré l'attaque par la première équipe, le feu a gagné en intensité, et le dispositif maximal est demandé. Quelques dizaines de minutes plus tard, une colonne de véhicules de secours rejoint le bord à quai, tous ces véhicules se rangent en retrait du quai, prêts à rejoindre la zone du sinistre au fur et à mesure des besoins. Un poste de commandement mobile est placé en extrémité de quai, et il ne faut que quelques minutes pour que les deux groupes électrogènes qui alimentent ses systèmes soient opérationnels.
Plusieurs équipes toutes équipés d'ARI ou ARICF ** montent à bord. La grande échelle est mise en position pour mettre une lance en batterie. Juste à coté une nacelle élévatrice permet de faire monter à bord les relèves d'équipes et de matériel. Le Marseillais 6 entre en action et met en batterie ses canons à eau, attaquant le sinistre par l'arrière du navire. Le VB Camargue reste en réserve. Pendant plus d'une heure des tonnes d'eau sont déversées sur la plage de manœuvre. Alors que le blessé est évacué par le SMUR, les hommes harnachés d'équipements high-tech passent devant moi pour relever les équipes en place. La chaleur intense, le poids de leurs équipements, la visibilité nulle rendent les opérations exténuantes.
Mais les efforts fournis par cette armée de combattants du feu portent leurs fruits, et le feu perd peu à peu en intensité pour être finalement sous contrôle. A 16h30 le feu est éteint. Progressivement les moyens de lutte sont retirés et les hommes évacuent, emportant avec eux tout le matériel mis en œuvre, les visages sont fatigués mais heureux d'avoir rempli leur mission.
 
A 17h00 le responsable des opérations réunit ses hommes et les remercie de leurs efficacité, qui a permis de limiter les dégâts. Seul quelques conteneurs sont endommagés et des travaux seront nécessaire pour remettre en état le magasin et une partie du poste de manœuvre arrière.
Le CMA CGM TITUS a appareillé samedi 25 à 13h00 après avoir réalisé 1 650 mvts réalisé par Portsynergy-Eurofos.
 

* ARI : Appareille respiratoire isolant. Les ARI classique sont équipés de bouteilles d'air comprimé à 300 bars en carbone/Kevlar et d'un détendeur relié à un masque facial isolant
**ARICF: Appareille respiratoire isolant en circuit fermé. Les Marins Pompiers de Marseille font partie des rares unités à utiliser un système à recyclage donnant une très grande autonomie d'utilisation. L'air expiré est purifié en passant sur un filtre, puis inspiré de nouveau avec un petit appoint d'oxygène. La bouteille d'oxygène est beaucoup plus petite qu'une bouteille d'air comprimée et l'ensemble peut être logé dans une enveloppe rigide et bien profilée pour ne pas accrocher les obstacles en milieu encombré.
On voit bien sur certaines photos la différence entre les deux types d'appareils.


Note du webcaptain : lors de la construction des premiers pétroliers de 240 000 tonnes en 1975, le commandant avait demandé aux Marins Pompiers de faire un exercice à bord. Il s'agissait de récupérer une personne inanimée au fond d'une citerne de cargaison. Le creux était de 23 mètres, les citernes divisées en quatre mailles par des porques de trois ou quatre mètres de haut. Le panneau d'accès était sur l'avant, et pour aller jusqu'à l'arrière le parcours était exténuant. Les pompiers ont envoyé un homme équipé d'un masque Mandet, avec une bouteille d'air comprimé prévue pour une utilisation d'une heure.
Au bout d'une vingtaine de minutes d'escalades le pompier n'avait plus d'air, et il était loin d'avoir terminé le parcours.
Ceci nous a amené à équiper le navire de masques à recyclage type Fenzy, donnant une autonomie de deux heures largement. En fin d'utilisation, au lieu d'être soudain privé d'air, on respire un air appauvri en oxygène qui permet quand même de travailler un moment. Il faut être en bonne condition et apprendre à mesurer ses efforts.



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