La compensation du compas magnétique, à bord du LNG BAYELSA
(Hervé Cozanet - 16 mai 2011)

Le méthanier LNG BAYELSA a terminé son arrêt technique et appareillé de Brest le samedi 14 mai 2011. Avant de prendre la mer il a effectué une compensation du compas magnétique. L'opération a été faite par l'expert maritime Jacques Loiseau, avec la participation du pilote maritime Alain Briand. J'ai eu la chance d'y assister. Le navire était sur rade en train de compléter son ballast quand la pilotine nous y a conduit. Le pilote a eu le briefing habituel avec le commandant, et l'expert est tout de suite allé examiner le compas.
 
 
Le compas magnétique est toujours réglementaire à bord de tous les navires. On ne l'utilise pas tant que le gyro-compas fonctionne, mais il faut le garder en bon état au cas où... Le compas porte un ensemble d'aiguilles aimantées dans un flotteur immergé, reposant sur un axe et portant la rose. Le champ magnétique terrestre oriente donc le flotteur vers le Nord magnétique, comme toute boussole. Mais le navire est construit en acier ce qui perturbe le champ magnétique et induit une erreur du compas variable suivant son cap, appelée déviation. La compensation consiste à corriger cette erreur autant que possible, et à améliorer la stabilité du compas. On ne peut pas obtenir une déviation nulle mais on admet qu'elle doit être inférieure à 5°, et qu'elle doit être connue, représentée sur une courbe permettant de la déterminer en fonction du cap. Comme elle varie lentement dans le temps il faut refaire une compensation de temps en temps. L'occasion est souvent la fin d'arrêt technique, pour être faite par un expert.
La compensation se fait au moyen d'aimants longitudinaux et transversaux, et de plaques en fer doux de chaque coté. Les aimants sont de différentes grosseurs et logés dans des cases numérotées, les plaques sont placées dans des boîtes avec plusieurs emplacements possibles. On ajuste leur action en les montant ou descendant dans les cases et en faisant varier leur nombre ou leur taille. Traditionnellement au lieu de plaques on avait des sphères, fixées sur des potences. Le premier travail consiste à ouvrir l'habitacle et à repérer la disposition actuelle des aimants. Ensuite Jacques Loiseau vérifie que le gyro n'a pas d'erreur, il servira de référence. Après la sortie du câblier Descartes le navire appareille puis passe devant la Pointe des Capucins.
Le Bayelsa est équipé des appareils de navigation modernes, carte électronique, et radar anti-collision permettant de visualiser le plan de passage, et les informations AIS. Mais on utilise toujours les cartes papier, et le système anglais des règles parallélogramme. Ils seront très sollicités pendant les manœuvres nécessaires pour la compensation.
Le compas magnétique est placé sur la passerelle, il est lisible du poste de barre dans la timonerie, grâce à un jeu de miroirs logés dans un tube que l'on voit devant l'homme de barre.
  Pour effectuer la compensation il faut faire un tour complet et
    cap au Nord on annule la déviation à l'aide des aimants transversaux
    cap à l'Ouest on annule la déviation à l'aide des aimants longitudinaux
    cap au Sud on réduit de moitié la déviation à l'aide des aimants transversaux
    cap à l'Est on réduit de moitié la déviation à l'aide des aimants longitunaux
    aux caps inter-cardinaux on annule la déviation avec les plaques si besoin
On fait ensuite un tour complet dans l'autre sens en mesurant la déviation à chaque cap cardinal et inter-cardinal, pour établir la courbe.
Pour faire ces évolutions au large du Toulinguet, avec d'autres navires dans les parages, on voit qu'il faut un pilotage compétent, et une coordination parfaite. On voit aussi qu'il faut à l'expert une bonne expérience et une certaine dextérité pour faire tout à la volée. Il faut aussi un bon timonier à la barre et c'était le cas. Une fois les réglages terminés à sa satisfaction Jacques Loiseau a refermé l'habitacle, et pris le temps de photographier le "web captain" avant de descendre dessiner la courbe et compléter le rapport
Mission accomplie. Le Navire fait une large embardée pour créer une zone de calme pour la pilotine. Les participants débarquent, et prennent une dernière photo.
Je remercie sincèrement l'expert Jacques Loiseau qui m'a invité à l'accompagner, le pilote maririme Alain Briand qui a bien voulu m'emmener,
et le commandant Milos Popic qui a autorisé ma présence.

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