Arrivée du Captain Mokeev- Brest, 28 octobre 2010
par Erwan Gueguéniat

Caractéristiques principales
N° imo 9081667
Dimensions 133,97 x 18,00 x 10,70 m
Tirant d'eau 7,29 m
Tonnage brut / net 6 971 / 3 103
Port en lourd 6 720 t
Capacité réfrigérée 7 504 m3
Puissance / Vitesse 5 100 kW / 16,5 nds
Motorisation moteur B&W 6L42MC
Construit 1997 par  DP Sudnobudivnyi Zavod- Mykolayiv 
Propriétaire Lavinia Corp (Grèce)
Gérant Yugreftransflot (Ukraine)
Pavillon Panama
Photo Michel Floch
 

Du grand et beau spectacle ce matin à Brest, avec l'arrivée du CAPTAIN MOKEEV, un joli reefer de facture russe. Je vous l'avais déjà présenté à l'occasion d'une précédente escale brestoise, il y a presque un an, le 15 novembre 2009, il avait fait l'objet d'un "petit reportage". Mais cette fois le spectacle fut meilleur et dura plus longtemps, car il a accosté au 5ème nord, devant le MATTERHORN. Peu de place, ni devant ni derrière, une manœuvre parfaitement orchestrée par le pilote, qui a utilisé les remorqueurs et les lamaneurs comme des chausse-pieds. Tout ce beau monde a fait un "sans faute", la grande classe.
Le VB PIRIAC a croché au cul en rade, mais le SAINT DENIS est d'abord resté en stand by sur bâbord, pour deux raisons : la première est que le courant est parfois vicieux dans la Passe de la Santé, et les cargos, obligés d'évoluer à basse vitesse, répondent mollement voire pas du tout à la barre. On voit même, en photo 4, le cargo émettre un panache de fumée, il va battre en avant avec la barre à droite, de façon à donner un coup de fouet pour faciliter l'évolution. Si ça se passe mal, le SAINT DENIS est là pour l'aider à venir à droite en poussant. En effet, on a vite fait de se retrouver dans le nouveau port de plaisance du château, après avoir défoncé la digue! Ça ne ferait pas très propre. La deuxième raison vient du fait que la place réservée au CAPTAIN MOKEEV est très étroite, et qu'un remorqueur placé en flèche avant ne pourrait évoluer, car l'étrave du cargo sera, manœuvre terminée, à peine à vingt mètres du quai. Le SAINT DENIS crochera donc plus tard, au moment de l'évitage, et se mettra en position de "push pull", la remorque passée à un chaumard en arrière de l'étrave bâbord du cargo.
Passage de la Passe de la Santé, avec le SAINT DENIS qui part en avant se positionner, une fois le passage difficile négocié. Puis évitage dans le 5ème bassin, en photo 13 on voit le SAINT DENIS crocher, en position de "push pull".
Un superbe évitage, et passage de la première aussière via le canot du lamanage. A noter que bien souvent on passe d'abord une garde en premier, mais là un passage de pointe en premier a été préféré. Quand on a commencé à la raidir, je fus surpris par les pêcheurs, qui ne bronchaient pas à 2 mètres des aussières raidies à mort, on entendait de loin les claquements caractéristiques des aussières tendues à bloc dans les chaumards et sur les poupées. Personnellement je reste toujours à bonne distance. Je pense qu'on a passé une pointe en premier pour empêcher le CAPTAIN MOKEEV de trop culer et de venir taper dans le MATTERHORN. En effet, dans cette position les remorqueurs auraient eu du mal à empêcher le cargo de culer. Une pointe était donc une bonne sécurité. Si Monsieur Korfer le pilote nous lit, il pourra éventuellement corriger.
La suite, on rentre quand même une belle pièce dans une boîte à chaussures! Par quelques photos on voit bien l'utilité de la méthode de croche du SAINT DENIS, très rapidement il peut pousser ou tirer, d'où je suppose l'appellation "Push Pull" En photo 22 deux belles étraves, celle du MATTERHORN et celle du CAPTAIN MOKEEV...Laquelle est la plus belle? A mon avis toutes les deux ex æquo. On devine aussi l'étroitesse de la place, et le patron du sablier PENFOUL (premier plan) voit le bulbe du reefer évoluer à quelques mètres du flanc de son navire. Mais il m'a dit être confiant, et il a raison. J'en ai profité pour discuter un peu avec ce gars, fort sympathique, surtout quand je lui ai indiqué sur quoi je navigue.
Ça se termine, le navire est en position.
En photo 28, un peu de recul permet de se rendre compte qu'il n'a pas beaucoup de place!
Et un plan de l'étrave, devant laquelle il vaut mieux ne pas se trouver quand le navire est lancé à 20 nœuds.

J'espère vous refaire partager de pareilles manœuvres, mais les barrières empêchant l'accès aux quais sont mises en place, ISPS oblige. Je vais voir ce que je peux faire. Ces quais que j'arpente depuis 40 ans, j'aurai du mal à m'en passer.

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