Déchargement du HAWK à Brest, juin 2021
Erwan Guéguéniat


Le HAWK (Oslo), semi-submersible porteur de colis lourds, est arrivé à Brest le 8 juin. Il venait d'Abu Dhabi portant un dock flottant acheté d'occasion là-bas par Haropa-Port de Rouen. Il est parti le 29 avril et a fait le tour par le Cap bien sûr. Avec ses 32 ans d'âge il reste un des plus grands navires de ce type au monde. Au cours de sa longue carrière il a navigué sous huit noms différents pour neuf armateurs différents. C'était à l'origine un pétrolier de 53 000 tonnes, converti en 2009 pour OHT. Erwan Guéguéniat nous raconte le déchargement.

IMO 8616556 - 226,27 x 55,50 x 13,00 - TE 10,30 - JB 44 657 - TPL 64 900 - P 11 898 kW (B&W 6S70MC) - V 14 nd
Constr.1989 par Brodogradilsite (Yougoslavie) - Propr/Gérant/Opér. Offshore Heavy Transport (Norvège) - Pav NOR
Ex HEAVYLIFT HAWK (2008-2009), ex HAWK (2008), ex HAWKER (2007), ex FRONT TRANSPORTER (2004-2007), ex GENMAR TRANSPORTER (2003-2004), ex CRUDE TRANSPORTER (2000-2003), ex NORD-JAHRE TRANSPORTER (1993-2000), ex JAHRE TRANSPORTER


Le HAWK était mouillé en grande rade, avec une profondeur de 24 m au zéro des cartes, le transporteur exigeait minimum 21,5 m. L'opération, dirigée par le load-master de chez OHT, a nécessité de nombreux acteurs, 10 lamaneurs, 3 remorqueurs Boluda, 2 pilotes. Le navire, arrivé la veille, avait ballasté durant la nuit, et en matinée, pour mettre le dock au ras des tins. Les saisines avaient également été découpées durant la nuit. J'étais invité par le lamanage sur le TOULONNAIS V, leur nouveau navire, monté spécialement de Concarneau. Il était affrété par le client, le GPMR, qui voulait assister aux opérations, en compagnie de l'agent et de deux photographes professionnels venus de Rouen.
Ce dock, pas très âgé pourtant, n'a pas été très entretenu. Il va rester aux mains de Damen pendant 6 à 7 semaines, car il y a beaucoup de travaux de tôlerie. Ainsi il devrait rester 15 jours à quai et 4 à 5 semaines en forme 2, avant un remorquage vers Rouen.

 
 
   
Vers 13 heures les opérations ont commencé, avec l'embarquement des lamaneurs, des pilotes. Le HAWK était alors à un tirant d'eau de 15 m.
Deux remorqueurs, les MISTRAL 7 et 10 se sont positionnés sur Td du Hawk, et le Robuste côté Bd.
Passage des remorques, les Mistral en simple, le Robuste en patte d'oie.
 
Vers 15 h le dock a commencé à flotter, le HAWK avait alors un tirant d'eau de 16 m. Les Mistral 10 et Robuste ont alors tiré très doucement pour maintenir le dock plaqué sur 2 montants soudées sur le pont. En effet, on ne pouvait sortir le dock immédiatement, car le Robuste devait passer au dessus du pont du cargo avec pas loin de 5 m de tirant d'eau. Il a donc fallu attendre que le tirant d'eau du HAWK atteigne 20 m, valeur atteinte vers 18 h, soit après 5 h de ballastage.
 
 
Toujours sympa la rade, avec parfois des promeneurs passant au plus près de grosses opérations.
 
Une fois le pont du HAWK arrivé à 6 m sous la surface, la manœuvre de pivotage du dock a pu commencer, pour le positionner perpendiculairement à l'axe du cargo. Ce pivotement n'a pas été réalisé par les remorqueurs, mais par 4 câbles frappés sur les bittes du colis, et connectées à des treuils situés de part et d'autre de la plage avant du cargo, et de chaque côté de l'avant du château. Manœuvre effectuée en moins de 10 minutes. Il n'a fallu que deux ou trois minutes pour sortir le colis, le Robuste passant sans encombre au dessus du pont du Hawk. Drôle d'impression ce château sortant de l'eau.
 
Le remorquage du dock vers le quai de réparations s'avérait compliqué pour les pilotes et les remorqueurs, pas de radar et d'aides à la navigation sur le colis de 180 m de long et de 37 m de large, avec un petit tirant d'eau1,20 m, une vraie savonnette. De plus, pas d'énergie à bord, pour l'amarrage du colis à quai ce fut tout à la main.
  Un drôle de navire en rade...
  Passage de l'annexe du Hawk, avec à son bord les trois marins chargés de contrôler les tirants d'eau. Durant ce genre d'opération, il est prudent de ne pas se fier qu'à la télémesure, la lecture des échelles soudées sur la coque reste la méthode la plus sûre pour éviter les bêtises.  
  Moins de 5 minutes après la sortie du dock, une brume à couper au couteau est tombée sur la rade. A 5 minutes près c'était cuit pour faire des photos de la partie la plus spectaculaire de la manœuvre.

Le 10 juin Christian Herrou a assisté à son passage dans le goulet, en route vers l'Ecosse  
 

Michel Floch a lui aussi suivi les évènements, l'arrivée sur rade le 8, et le départ le 10. Il nous donne des précisions techniques:
Le dock flottant du chantier Abu Dahbi Ship Building (ADSB), construit en 2014 en Turquie et devenu trop petit pour le chantier ADSB a été vendu pour 7,8 millons d'euros au port de Rouen. Il y remplacera l'ancien dock Rouennais à bout de souffle et devenu trop petit. Ce dock mesure 180 m de long pour 37 m de large et pèse 6 000 tonnes. Le HAWK, lui, mesure 226 m de long pour 55 m de large et une longueur de pont de 157 m. Le dock a donc été chargé en biais sur le pont du HAWK dépassant d'environ 32 m de chaque bord, soit une largeur de l'ensemble de près de 120 m ! Le passage par le canal de Suez étant donc exclu cet ensemble ultra large a dû contourner le continent africain par le Cap de Bonne Espérance
 
 

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