Appareillage de La Rochelle de la drague SLIEDRECHT 35
Françoise Massard


Un mouvement inhabituel est prévu pour le jeudi 16 avril tôt le matin (prise de pilote à 6h), celui de la drague néerlandaise SLIEDRECHT 35. Celle-ci était à quai dans le bassin à flot (poste BF17) et devait rejoindre le remorqueur de haute mer DMS BUZZARD en attente dans l'anse Chef de Baie. Entre les deux... un sas d'écluse long de 160 m, mais large de seulement 22 m (sa profondeur est de 5 m au zéro de la carte, plus/moins la hauteur d'eau évidemment, d'où l'heure matinale choisie pour tenir compte de la marée).

SLIEDRECHT 35
DMS BUZZARD

Arrivée à La Rochelle début octobre, la drague désagrégatrice SLIEDRECHT 35 a participé, pendant deux mois, au déroctage de l'Anse Saint-Marc, dans le cadre de l'agrandissement du port. Son rôle était double : creuser les fonds marins, afin de permettre l'accès ultérieur à des navires à fort tirant d'eau, et concasser les matériaux extraits, afin qu'ils puissent être pompés puis refoulés vers l'emplacement du futur terre-plein en arrière du quai (refoulement vers le trou à combler par conduites flottantes — en jaune ci-contre — puis terrestres). C'est environ 200 000 m3 de matériaux marno-calcaires qui ont été prélevés sur une surface de fonds d'environ 12 ha (au droit des futurs aire d'évitage, chenal d'accès et souille). Le chantier, qui s'est déroulé 7 j / 7 et 24 h / 24, s'est terminé fin décembre. Coût prévisionnel (mais, semble t-il, dépassé) de cette tranche de travaux : 5 M€ (environ 85 000 € par jour). Source : L'Escale Atlantique, GPMLR.


 
Vu l'encombrement du convoi et la relative étroitesse du sas pour sortir du bassin à flot vers la haute mer, le pilote en charge de la barge a préféré requérir trois vedettes plutôt que deux remorqueurs. Il a donc été fait appel à la SCOP du Lamanage et Services Maritimes des Ports de La Rochelle-Charente (Gérant Bruno Huet). La vedette ROCHEBONNE (ci-contre, à son bord, Bruno Huet) sera crochée à l'avant de la drague et la vedette LA CLUSAZ (à son bord Francis Proteau) sera crochée à l'arrière. Une troisième vedette (barrée par Mickaël Lebaron), la JULIAR sur laquelle je suis embarquée, sera en soutien et interviendra à la demande.
ROCHEBONNE (La Rochelle) - 10,50x4,00 m - JB 12,33 - P 331 kW (mot. Volvo Penta D12.450) - V 13,7 nds - Traction au croc 4,5 t - Equipage 2 - Constr. 2005 (Chantier Bernard, Locmiquelic, France) - Propr. Lamanage et Services Maritimes des Ports de La Rochelle-Charente.

06h15, les vedettes appareillent, vers le sas éclairé. Drôle de vision en arrivant de nuit dans le bassin à flot... où l'on ne fait encore que deviner un "monstre d'acier".


Le jour se lève petit à petit et l'objet de la mission se dévoile progressivement ! En opération, cette drague est stationnaire, d'où les deux énormes pieux que l'on voit ici (à leur poste de mer) et qui sont plantés dans le sol durant le dragage. En fait, pour accroître son rayon d'action, la drague peut pivoter autour d'un de ses pieux, comme le montre le schéma en annexe (document Van Oord), deux ancres la stabilisant alors sur l'avant).


Les deux vedettes, jouant aujourd'hui les remorqueurs, sont crochées à l'avant et à l'arrière de la drague, puis le convoi se met progressivement en route vers le sas..


Le déplacement est évidemment lent, j'en profite pour faire des photos rapprochées. Curieux "château" de cette drague non-autopropulsée.


Le sas approche, pilote et vedettes se coordonnent pour que le convoi se présente bien dans l'axe de l'écluse. Pas beaucoup de place de chaque côté de la drague...


Le convoi progresse lentement mais sûrement, sous l'œil attentif du pilote Eric Le Bolloc'h. Il n'y a vraiment pas beaucoup de place entre la drague et les bajoyers du sas.


Un petit tour sur bâbord. Parallélisme parfait. La progression continue. Le plus gros de la manœuvre est derrière nous puisque l'on voit déjà l'avant-port.



La lumière est encore mordorée sur le bassin à flot, mais la drague est, elle, déjà en train de naviguer — toujours crochée aux deux vedettes — vers l'anse de Chef de Baie où elle doit rejoindre le remorqueur de haute mer qui la convoiera jusque sur les côtes d'Afrique du Nord, lieu de sa prochaine mission.


SLIEDRECHT 35 (Rotterdam) - IMO 8639704 - Indicatif d'appel PHND - Drague suceuse désagrégatrice - 88,03x20,02x4,70 m - TE 3,65 m - JB 1 594 - JN 478 - Profondeur maximale de dragage 25 m - Constr. 1976 (IHC Smit B.V., Kinderdijk, Pays-Bas) - Propr. Cutterzuiger Zeeland II BV (Pays-Bas) - Gérant Van Oord Ship Management (Rotterdam, Pays-Bas) - Pav. NLD - Lancé comme SLIEDRECHT XXXIII (1976).



Voilà le remorqueur néerlandais DMS BUZZARD en vue. Il est tout neuf, puisqu'il a été lancé le 16 mars 2009 et est entré en service au début de ce mois. Sur la photo du milieu ci-dessous, on aperçoit partiellement à droite le vraquier EVER REGAL (IMO 9172105) accosté au bour du quai Lombard.



DMS BUZZARD (Hardinxveld-Giessendam) - IMO 9524528 - Indicatif d'appel PBRX - Remorqueur de haute mer - 34,37x11,60x5,25 m - TE 3,57 m - JB 627 - JN 188 - PL 429 t - Ptot 3 650 kW (deux mot. 4T-16cyl Caterpillar 3516) / deux hélices à pas fixe) - V 10,9 nds - Traction au point fixe 59,7 t - Constr. 2009 (Safe Co Ltd Sp z oo, Gdynia, Pologne (coque) / Damen Shipyard, Hardinxveld-Giessendam, Pays-Bas) - Gérant Damen Marine Services (Pays-Bas) - Pav. NLD. Sister ships : DMS BLACKBIRD (IMO 9524504) - DMS HARRIER (IMO 9524516).


La vedette JULIAR s'éloigne momentanément pour relève de personnel (pour la mission suivante, l'accostage du pétrolier LATANA), puis nous revenons sur zone.


Vue rapprochée du bras de déroctage, long d'environ 25 m, au bout duquel se trouve le cutter à dents d'environ 2 m de diamètre (puissance 1 472 kW). La CLUSAZ a récupéré sa remorque et vient pousser la drague par tribord. Le pilote demande à la JULIAR d'en faire autant (photo de droite ci-dessous).


Quelques gros plans sur le remorqueur. Au fait, quel est le drapeau français et quel est le drapeau néerlandais ?


Passage de la remorque du DMS BUZZARD.


La vedette ROCHEBONNE a récupéré sa remorque. Le DMS BUZZARD entre en action, sa propre remorque se tend. Mais la ROCHEBONNE reste vigilante, prête à répondre à la demande du pilote.


Cap sur les côtes du Maghreb où une autre mission attend la SLIEDRECHT 35. Bonne route


Merci à Bruno Huet et à ses collègues pour mon embarquement

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