La drague désagrégatrice FERNÃO de MAGALHÃES, février 2016
Hervé Cozanet

Le groupe luxembourgeois Jan De Nul possède une quinzaine de dragues désagrégatrices. Parmi les plus puissantes, quatre sister-ships ont été construits en 2010 et 2011 :
les Fernão de Magalhães, Ibn Battuta, Niccolo Machiavelli et Zheng He. La FERNAO DE MAGALHAES est venue à Saint Nazaire pour un arrêt technique et l'armateur a bien  voulu m'autoriser à en faire la visite. C'est le même genre de drague que la concurrente D'Artagnan que j'ai visitée en novembre 2014. Une différence, celle ci drague par l'arrière. Ce qui fait dire à son Capitaine avec humour, "Quand on avance on dépense de l'argent, quand on recule on en gagne !" Sur la première photo prise à son arrivée, la drague porte ses pieux à poste de mer, ils seront débarqués pour modifications. Chacun pèse 200 tonnes et mesure 47 m de long, et pour naviguer ils doivent être couchés et saisis.


Photo Gilbert Cailler
 
Caractéristiques principales
IMO 9466697
Dimensions 138,50 x 26,00 x 8,80 m
Tirant d'eau été 5,90 m
Jauge brute 8 015
Port en lourd 2 680 tonnes
Motorisation 3 MAN B&W 6L48/50
Propulsion 2 moteurs électriques, 2 hélices
Puissance totale / vitesse 23 520 kW / 13 nds
Construction 2011 par Ujalnik Brodogradiliste (Croatie)
Pavillon Luxembourg

 
Comme toujours je commence la visite par la passerelle, située au centre du navire, vaste et panoramique, montrant un nombre d'écrans impressionnant.

Vue vers l'avant

Vue vers l'arrière
   
Avant tribord le pupitre navigation
A l'avant de chaque bord, un pupitre regroupe des commandes pour le déchargement sur barges .
   
A bâbord le coin des surveyors, qui contrôlent le travail effectué. .
   
Pupitre en U de commandes du dragage.
L'opérateur se tient au centre du U, face à l'outil à l'arrière. A portée de main il dispose de multiples commandes,
et a portée de vue de multiples écrans et cadrans de contrôle. L'opération de dragage est conduite et optimisée par ordinateur,
mais l'opérateur doit s'assurer en permanence que les paramètres sont bons, et peut reprendre la main ou apporter des retouches aux réglages

Caméras de surveillance
 

Vue vers l'arrière et l'appareil de dragage
 

Vue vers l'avant. On voit les bers de stockage des pieds.
L'embarcation est posée là pour la durée des travaux.

L'ensemble énorme de l'outil de dragage pivote sur un axe situé au pied du bloc passerelle. Il est immergé au moyen d'un fort portique et de treuils. Il peut au contraire être relevé jusqu'à une plate-forme permettant de travailler sur la tête pour changer la fraise, ou simplement remplacer des dents.
La tête de dragage peut être immergée jusqu'à 35 m de fond. L'outil est entrainé par un moteur et les gravats produits sont aspirés par une première pompe immergée de 4 250 kW, située à mi longueur de l'élinde.
Le produit de la pompe immergée est repris par deux énormes pompes de 5 000 kW chacune. Pour refouler dans des barges, sans contre-pression une seule pompe est suffisante. Pour refouler à terre, parfois très loin, la deuxième pompe en série peut monter la pression de refoulement jusqu'à 30 bars.
Pour travailler, la drague décrit un arc de cercle en tirant sur les ancres de papillonnage mouillées une de chaque bord. Elle fait des passes successives en avançant au moyen des pieux. Le pieu principal qui sert de point fixe est logé dans un puits rectangulaire qui permet un déplacement longitudinal de 9 m. Quand on arrive en butée, le pied secondaire est enfoncé, et le pieu principal relevé, reculé de nouveau au bout de son puits. Le pieu principal est alors replanté, le secondaire relevé pour une nouvelle translation. Le troisième pieu est seulement un rechange.                       Le site de l'armateur offre une vidéo explicative très claire .

Vidéo Jan De Nul
Une particularité qui intrigue :
une partie de l'étrave est montée sur charnières. Elle comporte le trou par lequel est descendu le pieu secondaire.
Le basculement de cette partie sert à mettre le pieu à son poste de mer, allongé sur des colliers de saisissage..
Sur cette photo les pieux ont été débarqués, mais on voit bien les éléments importants : plate-forme, grue roulante, bossoirs d'ancres, refoulement latéral...

  L'énergie est produite par trois moteurs diesel semi-rapides MAN B&W type 6L48/60B. Chacun développe 7 200 kW à 500 T/m et entraine un alternateur fournissant le courant sous 6 600 volts. Ce courant est transformé et distribué aux nombreux utilisateurs .

A gauche un accumulateur hydraulique,

à droite la chaudière, le navire consomme du IFO qui doit être réchauffé.

    
Séparateurs

Bouilleur

Contrôle des rejets

La propulsion n'est pas la grosse consommatrice. Il y a deux lignes d'arbre et deux hélices, chaque moteur de propulsion fait 3 500 kW. La vitesse obtenue est de 13 nœuds maximum.

Les appareils à gouverner sont de taille modeste et orientent non pas un gouvernail mais une tuyère.

Outre la propreté impeccable, ce qui frappe ici c'est l'organisation rigoureuse. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place . Les petits consommables sont classés et rangés dans des tiroirs larges et peu profonds, pas d'amoncellements.
Tout est étiquetté, avec code-barres et rangé minutieusement. Différents petits moteurs électriques de rechange sont disponibles.

Les aménagements n'ont pas été négligés et offrent un cadre de vie plaisant.
Le bureau du commandant à gauche,
et le bureau général à droite,
où M. Peter De Backer, l'ingénieur d'armement, est au travail.
  
Chaque cabine dispose de sanitaires complets et de la vidéo.

Salle à manger officiers (floue !)

Salle à manger équipage
   
Bar des officiers
   
Salle de gymnastique très équipée, vidéo façe aux appareils ! et même sauna ! 

La cuisine était en travaux, on remplace le carrelage.

La cambuse, un pont en dessous, est organisée très rationellement.
Les vivres peuvent être livrés directement par un panneau ouvrant
sur le pont principal. La cambuse sèche est munie de nombreuses
étagères, et conduit aux trois chambres froides . Il faut stocker de
quoi nourrir quarante six personnes.

 
Merci à la société Jan De Nul d'avoir autorisé cette visite, merci au commandant et à son équipage pour leur accueil chaleureux.

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