Le navire de recherches sismiques Oceanic Phoenix, janvier 2013

Ce navire a été construit en 2000 comme câblier, sous le nom de Kouki Maru. Racheté en 2005 par DOF il est devenu Geomaster. En 2007 il a été transformé en navire de recherches sismiques et renommé Geowave Master. Nous l'avions vu sous ce nom à Brest en 2008. Depuis 2011 il est opéré par CGG, leader mondial de cette activité. Il est géré par LDA, sous le nom d'Oceanic Phoenix. Parmi les vingt navires de CGG, il fait partie des plus puissants, capable de traîner jusqu'à quatorze streamers de huit kilomètres à la fois.
La "sismique de réflexion" sert à explorer le sous-sol en profondeur. C'est une technique de mesure indirecte qui consiste à enregistrer en surface à l'aide d'hydrophones localisés dans une flûte (streamer), des échos issus de la propagation dans le sous-sol d'une onde sismique, provoquée par un canon à air. Ces échos sont générés par le fond et en profondeur par les interfaces entre milieux différents. Cette méthode sismique permet de calculer les profondeurs des interfaces. En tenant compte de la vitesse du navire on obtient un profil des différentes couches. Cette étude est utilisée par les compagnies pétrolières, soit pour prospecter de nouveaux sites, soit pour voir l'évolution des sites exploités.

photo Michel Floch
Caractéristiques principales 
  IMO 9227754
 
Tonnage brut / net :
11 368 / ..... ums
 
Longueur / largeur :
117,44 x 19,63 m
 
Creux / Tirant d'eau :
12,00 / 7,515 m
 
Port en lourd :
3 411 t
 
Motorisation diesel électrique
3 groupes Yanmar, 4 moteurs élec.
 
Puissance totale :
11 600 kW
  Propulsion 2 hélices à pas variable
 
Vitesse :
13,5 nds
  Pavillon NIS    (pavillon FRA à partir de juillet)

En janvier 2013, terminant une mission en Guyane, il a fait quelques travaux à Brest avant de s'atteler à une nouvelle mission en Mer du Nord. Il fallait pour certains travaux le mettre à sec, et il tient à l'aise dans l'immense forme N° 3. La carène montre quelques marques de ragages, mais pas beaucoup de fouling. Le carénage sera pour un peu plus tard, lors de l'arrêt technique, programmé en septembre.
La rampe de mise à l'eau des câbles est maintenant utilisée pour mettre à l'eau les canons acoustiques.
Si Brest est choisi pour le prochain carénage nous aurons le plaisir de le voir avec un peinture toute neuve.

Je me suis présenté à bord le matin du départ. Le commandant Jean-Colin Dahmen signait les derniers papiers, mais m'a reçu très aimablement et piloté pour une visite complète. Nous avons commencé par la passerelle comme toujours. La vue est panoramique, les moniteurs de radars et d'ordinateurs abondent.
  Coté bâbord de la console un pupitre servait au positionnement dynamique du câblier. Il n'est plus utilisé dans la recherche sismique.
  Souvenir aussi de l'époque câblier, donnant sur l'arrière et le pont des streamers, un vaste local qui était la timonerie en pose de câbles. L'ensemble forme donc un très vaste local, avec au milieu un bureau pour la paperasse.

Machine
Le PC machine, devenu classique avec les moniteurs du système de contrôle et de commande des appareils. La propulsion est de type diesel-électrique. Quatre groupes Yanmar de 2 900 kW chacun (3 300 V) entraînent des alternateurs. L'électricité produite sert à tous les besoins du bord, et alimentent deux paires de moteurs électriques, couplés aux lignes d'arbres. Les hélices sont à pas variable, et le réglage de la puissance est donc très souple.

alternateurs

 

accouplements arbre tribord

appareil à gouverner td
Deux groupes Caterpillar de 2 350 kW chacun (440 V) alimentent les services "hôtel" et les compresseurs sismiques.
 

traitement de l'huile

surveillance des rejets

atelier, coin soudure

atelier, tour
Ce qui est vraiment spécifique de l'activité sismique c'est la présence de trois gros compresseurs d'air. Ils alimentent les "canons" qui génèrent les signaux sonores.

Matériel sismique L'ensemble du matériel mis à l'eau est réparti sur deux ponts. Le niveau inférieur reçoit les canons à air comprimé, source du signal sonore, et tout le matériel associé. Ils sont suspendus par des chaînes sous de longs flotteurs cylindriques. Pour avoir un signal suffisamment puissant on synchronise quelques dizaines de petits canons, répartis le long de six flotteurs.
Si une très grosse source est nécessaire ils tireront tous en même temps sinon (le plus souvent) on va alterner la source bâbord et tribord (ce qu'on appelle en "flip flop"), cette configuration permet de décaler le point miroir de l'écho et ainsi obtenir avec un seul streamer des données le long de deux profils.

 le pont des canons

flotteurs supportant les canons

bouées avec GPS

un canon
 

Au niveau supérieur les streamers, ou flûtes, sont mis à l'eau. Ces longs tubes contiennent les hydrophones, qui reçoivent les échos, et les fibres ou câbles qui font passer les informations, et  les ordres.
Par intervalles des "avions" sont fixés aux flûtes pour pouvoir les piloter depuis le pc. Les nouveaux modèles jaunes, remplacent les anciens, rouges.
Le schéma de droite montre le gréement pour un train de six streamers.


 

avions nouveau modèle

avions ancien modèle

tourets à streamers
Un canot de travail, sous un bossoir, permet d'intervenir sur les engins remorqués, sans avoir à relever l'ensemble.
       
Ce gros appareil, arrimé le long de la muraille, est composé d'un flotteur et de déflecteurs. Baptisé paravane, il y en a un de chaque bord qui joue le rôle des panneaux de chalutiers. Ils maintiennent écartées les lignes de streamers en remorque. Tous ses cordages ont un air échevelé. Ils sont garnis de sortes de franges destinées à réduire leur sillage et éviter des bruits parasites.
       
PC scientifique
Acquisition et traitement des données. Moyennant des traitements très complexes, l'analyse des échos reçus permet de dresser des profils verticaux où les limites entre couches sédimentaires et les failles peuvent être identifiées et localisées en profondeur.
Ce local bourré d'informatique, tapissé de moniteurs, est le cœur de l'opération. Des opérateurs règlent les coups de canons, et surveillent la "navigation" des streamers. Ils peuvent régler leur trajectoire s'ils en dévient, au moyen des "avions" vus plus haut. Un grand nombre de paramètres sont surveillés en permanence.
Il faut beaucoup de calculs pour traduire en terme de profondeur le temps mis à recevoir les échos, en tenant compte de la vitesse, de la densité du milieu, et que sais-je encore...
Les hydrophones reçoivent les échos sonores, mais aussi quantités de bruits parasites. Ce spécialiste utilise des logiciels complexes qui sont capables de purifier les signaux et fournir une image fiable, satisfaisante pour le client.
       

Emménagements
Le navire peut accueillir soixante personnes, en cabines individuelles. Les marins sont au nombre de vingt-quatre, dont sept officiers français, les autres sont philippins. Il reste donc de quoi embarquer trente-six techniciens.

Il y a plusieurs salons pour les différents personnels. Par contre la salle à manger est unique. Le service s'étale sur deux heures.

Une salle de gymnastique très bien équipée permet aux courageux d'évacuer le surplus de calories accumulées à table !

Sincères remerciements à CGG Veritas et LDA d'avoir autorisé cette visite. Un grand merci au Commandant Jean-Colin Dahmen pour son accueil.


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