Le câblier René Descartes, juin 2011.
(Hervé Cozanet)

Ce magnifique câblier est le navire amiral de la flotte France Telecom Marine, le plus récent et le plus puissant. Construit en Corée en 2002 c'est avant tout un poseur, pouvant stocker des miliers de kilomètres de câble dans ses quatres cales, mais il peut aussi faire de la maintenance. Nous l'avions vu à Brest au mois d'août 2010 pour son arrêt technique. Basé d'habitude à La Seyne sur Mer, il était de nouveau en relâche à Brest au mois de juin 2011, avant d'aller à Calais charger un nouveau câble à poser au large de l'Afrique. J'ai le plaisir de vous le faire visiter, sans développer tous les aspects du travail d'un câblier déjà décrits à propos d'autres navires.
Photo François Guiganton
Caractéristiques principales
Dimensions 144,50 x 22,00 x 12,90 m
Tirant d'eau 7,40 m
Jauge brute / nette 13 864 / 4 159 ums
Port en lourd 8 208 t
Puissance totale 16 192 kW
Motorisation 4 groupes Wartsila 9532
Propulsion 2 moteurs électriques de 4 000 kW, 2 hélices
Vitesse 16 nds
Construit 2002 Hanjin Heavy Industries, Busan (Corée)
   

       La Passerelle
La passerelle de navigation est double, une à l'avant pour la navigation normale, une à l'arrière pour la navigation en opérations. Entre les deux il y a une grande salle des cartes, le local radio et un local de commande du ROV. La passerelle avant est dotée de tous les équipements modernes habituels, et des commandes de positionnement dynamique. Le navire est classé AUT, et on commande d'ici les moteurs de propulsion, ainsi que les propulseurs.
La possession de cartes électroniques ne dispense pas d'une collection de cartes papier imposante. Il n'y a plus d'officier radio, mais le nombre d'installations justifie la présence d'un officier électronicien.
Le local de commande du rov, prévu pour deux opérateurs, avec ses multiples commandes et écrans de contrôle. Le rov comporte plusieurs caméras, d'où le nombre d'écrans.
 
La passerelle arrière n'a pas toutes les commandes, en particulier pas de commande de l'appareil à gouverner. Mais il y a tout ce qu'il faut pour le positionnement dynamique, et une vue bien dégagée sur le pont arrière, où se passe le travail sur le câble.
Le positionnement dynamique est assuré au moyen de quatre propulseurs en tunnels, deux à l'avant et deux à l'arrière, et un azimutal rétractable.

       Les ponts
 
Les ponts supérieurs avant sont bien dégagés, et reçoivent de gros blocs d'emménagements. Il faut loger et nourrir environ 80 personnes quand les équipes sont au complet. Par contre à l'arrière, il y a de nombreux équipements à caser. La plage arrière est le pont de travail pour la pose de câble.
Sur le pont principal ce gros traîneau jaune est la charrue d'ensouillage. Quand il est nécessaire d'enfouir le câble pour le protéger, la charrue est mise à l'eau par le portique oscillant de 40 tonnes de CMU, puis remorquée à petite vitesse et creuse un sillon au moyen d'un grand soc pouvant atteindre trois mètres. L'inclinaison pour ajuster la profondeur du sillon est réglée par des vérins hydrauliques.
Le câble à poser entre par l'entonnoir carré, près du marin en combinaison, et se pose dans le sillon, derrière le soc. La charrue est remorquée par un treuil de 65 t.
Le tracteur blanc, lui, sert à récupérer un câble au fond. Il est remorqué lui aussi et traîne des grappins de forme diverses.
Le ROV, Hector VI est un engin de type ombilical, il est toujours relié au poste de pilotage par son câble fournissant énergie et informations. Construit en 2004 il est spécialisé dans l'ensouillage des câbles, et peut travailler jusqu'à 3 000 m de fond. D'une puissance de 225 kW il pèse 9 tonnes, peut se déplacer sur chenilles à 1,5 km/h et ensouiller jusqu'à 1,5 m.
Les câbles sont stockés dans quatre cales circulaires. Ils sont soigneusement lovés à plat autour d'un noyau central. Le René Descartes peut en emmagasiner 5 800 tonnes, ce qui signifie des miliers de kilomètres. Mais la longueur dépend du diamètre du câble qui change suivant son utilisation. Il est mince pour les grands fonds où il n'a pas besoin d'un protection importante, beaucoup plus épais pour les petits fonds où le risque de dommages par les chalutiers impose des couches de protection importantes. Le RENE DESCARTES peut en tous cas embarquer de quoi poser en une seule fois un câble transatlantique ! Pour la pose le câble est extrait de la cale, en passant par des goulottes arrondies. Il est tiré par un treuil imposant d'un diamètre de quatre mètres, et par une machine linéaire à pneus, et amené au pont principal. Les grands rayons de courbure et l'utilisation de pneus évitent d'endommager le câble.
Le pont principal est un vaste hangar de travail, ouvrant sur la plage arrière et le davier de mise à l'eau. Les goulottes d'accès aux cales et les machines de traction sont dans l'axe. De chaque coté se trouvent des locaux de travail et des racks de stockage des répéteurs. La circulation autour des goulottes est bien dégagée. Cela permet même à un ouvrier d'entretien d'essayer un des vélos du bord après réparation !
 
 
Sur l'avant de vastes locaux permettent de travailler et même d'installer une salle de ping-pong. Détail : une bâche tendue sur le coté évite de perdre trop de balles dans la cale adjacente.
Juste avant le débouché sur la plage arrière, se trouve ce local de contrôle et de commande des machines à dérouler le câble. En opérations c'est ici que deux officiers mécaniciens font le quart pour veiller au bon déroulement. La vitesse et la tension doivent être maintenues avec précision.

          La machine 

La propulsion est diesel-électrique. Quatre moteurs Wartsila 9R32, de 2 000 kW chacun, entraînent quatre alternateurs Alstom de 3 916 kW produisant du courant sous 6 600 volts. Deux moteurs électriques entraînent chacun une hélice à pas fixe développant 4 000 kW à 188 tours/minute, et assurant une vitesse de 16,2 nœuds. Généralement trois moteurs diesel sont suffisants, le quatrième est en réserve ou en entretien.
Un groupe auxiliaire Wartsila de 970 kW assure les besoins au port.
 
L'effectif comporte plusieurs élèves officiers. Thomas Quéhec, très bientôt breveté, m'a fait visiter. Les autres assistaient à l'entretien d'une pompe.
   
Pour le positionnement dynamique le navire dispose de deux propulseurs transversaux à l'avant, deux autres à l'arrière, et un propulseur azimutal rétractable.
On voit ici les moteurs électriques des deux propulseurs avant et le fût du rétractable en position haute. Thomas pose pour donner l'échelle de ce gros appareil.
 
Le PC et les autres installations sont habituels sur les navires modernes. Le compartiment est largement dimensionné et offre des conditions de travail agréables, avec de l'espace et un bon éclairage..
Bonne ambiance à l'atelier, où l'apparition d'un individu armé d'un appareil de photos sème toujours un peu le trouble.
 

    Locaux d'habitation
Les logements sont capables d'accueillir jusqu'à quatre vingt personnes. Il y a donc de grandes coursives comme sur un petit paquebot. Je m'aperçois que je n'ai pas beaucoup d'images. Chaque cabine est dotée de sanitaires complets. Ce qui m'a retenu le plus c'est le restaurant. J'avais faim, et le menu avait de quoi faire rêver. La tranche de mousse de canard au porto me faisait saliver. Ici le problème doît être de savoir être raisonnable pour éviter de prendre des kilos. Le service est en "self" pour les entrées et dessert. Le jovial cuisinier malgache m'a reçu très aimablement dans son domaine.
Pour ceux qui se laissent aller aux délices de la table, il reste les possibilités d'un gymnasium bien équipé pour perdre des calories.
Il ne me reste qu'à remercier France Télécom Marine d'avoir aurorisé ce reportage. Merci aux commandants Minier et Carpentier (ci dessus dans son bureau),
et à leur équipage pour leur accueil sympathique.


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