Le TIDEWAY ROLLINGSTONE, en chargement à Brest, septembre 2010
(Hervé Cozanet)

Voici un navire très particulier. Il a été construit comme semi-submersible en 1979 par le chantier japonais Oshima, sous le nom de SUPER SERVANT 1, pour Dockwise. En 1994 il a été converti en "pipe burying vessel" et a pris le nom de TIDEWAY ROLLINGSTONE. Il appartient à la société belge DEME Group et est opéré par Tideway BV (Pays Bas). Sa fonction est de recouvrir de cailloux des tuyaux ou câbles posés au fond de la mer, pour les protéger. Il peut opérer jusqu'à 1 000 m de fond. A ce jour son record a été de 978 m sur un chantier en Méditerranée. DEME possède un autre poseur de cailloux, le Sea Horse, un troisième est en construction. Vous pouvez voir le descriptif complet ici. DEME a une flotte de quatre vingt navires. La Société de Dragage International (SDI) est l'armateur français de six d'entre eux et apporte son soutien logistique au Tideway Rollingstone pour le projet en cours.

Photo Michel Le Floch
 
                             Caractéristiques générales
  IMO 7814101
  Dimensions 139,02 x 32,02 x 8,51 m
  Tirant d'eau 6,18 m
  Jauge brute / nette 13 489 / 14 310
  Port en lourd 14 310 tonnes
  Puissance totale 6 252 kW
  Motorisation 2 moteurs Werkspoor 6TM410
  Vitesse 13 nds
     
  La Passerelle     est vaste et panoramique, bourrée d'électronique.
Sur l'avant c'est bien sûr le poste navigation, avec à tribord la station radio GMDSS.
Un peu en arrière sur babord un vaste pupitre, avec un nombre impressionnant de moniteurs, regroupe les commandes du positionnement dynamique DP2, la conduite du ROV et l'alimentation en cailloux. Le positionnement est assuré par deux propulseurs transversaux à l'avant, deux propulseurs azimutaux, un à l'avant l'autre à l'arrière, et deux hélices à pas variable. Cette qualification permet au navire d'être agréé pour travailler tout près d'installations, telles des plate-formes.
Un peu plus en arrière un poste avec huit moniteurs est destiné à la surveillance au fond. Il faut veiller à ce que le travail corresponde exactement à la demande du donneur d'ordres. On voit les armoires abritant les ordinateurs qui gèrent tout ça. Des informations sur le projet en cours sont affichées. La photo de droite montre les dix sept caméras en service, qui surveillent les opérations à bord et au fond. Le schéma permet aussi de comprendre la méthode de travail.
A l'arrière de la passerelle se trouvent les pupitres de ballastage : commandes des pompes et vannes, surveillance des niveaux. L'installation était primordiale quand le navire travaillait en semi-submersible. De là on a une vue bien dégagée sur les cales en cours de chargement.
         
  Le Chargement
Le travail en cours consiste à ensevelir un câble électrique d'une quinzaine de kilomètres, de la côte vers le large, à la pointe de Cornouaille. Le câble sera connecté à un ensemble de systèmes produisant de l'électricité à partir de l'énergie des vagues. Il s'agit du projet Wave Hub. Pour cette mission il a fallu acheminer à Brest 75 000 tonnes de gros cailloux venant de carrières de la région. Le navire travaille habituellement avec des cailloux plus petits, ce calibre a été choisi en raison des courants marins importants. Les cailloux sont embarqués par deux convoyeurs à bandes, les "sauterelles", alimentées par des tracto-pelles déversant leur charge dans des trémies. A chaque voyage le navire charge environ 11 500 tonnes, le poids est calculé par mesure des tirants d'eau.
Le navire charge dans quatre cales. Au sommet de la cloison entre les cales 1 et 2, et entre les cales 3 et 4, une grosse pelle mécanique reprend le chargement déversé par les sauterelles et le répartit. Le bruit des cailloux tombant dans les trémies est important, au point d'avoir alarmé le voisinage pendant la nuit. Il faut un fond de cale bien renforcé pour résister aux chocs des premières livraisons. Avec cette taille certains se coincent sur les tapis ou dans les trémies et il faut une attention de tous les instants.

Cales arrière

Cales avant

Bloquage
Au milieu du navire, entre les cales 2 et 3, l'installation qui met en place les cailloux : au milieu du navire un puits, le "moon pool" communique avec la mer. Au dessus un pont roulant permet de manutentionner les tubes et le ROV. Des tapis roulants et trémies approvisionnent en cailloux. Le ROV est une machine imposante, cylindrique, à travers laquelle passe le tube d'alimentation en cailloux. C'est le ROV qui guide avec précision le tube au fond, là où il faut déverser les cailloux. Pour cela il comporte beaucoup d'équipements sophistiqués, dont quatre caméras, des sondeurs, un détecteur d'obstacles, un compensateur de houle et des propulseurs. Il est commandé à partir du pupitre dédié à la passerelle.
 
La grue prend dans un rack les tuyaux nécessaires suivant la profondeur, qui sont assemblés au passage dans la puits. Suivant le travail on utilise des tubes de 1 000 mm de diam, en acier, ou des tubes de 500 en plastique.
Une fois les tuyaux en place et positionnés précisément par le ROV, on alimente en cailloux. Les pelles mécaniques approvisionnent des convoyeurs à bandes du coté tribord, qui déversent dans une trémie au milieu, là un autre convoyeur alimente le tube par le haut. Un opérateur, dans une cabine près du puits, dispose des commandes et contrôles pour l'ensemble. Les commandes peuvent être transférées à la passerelle.
    Ce schéma et cette vue aérienne, empruntés au site Internet DEME.be, montrent clairement le fonctionnement d'ensemble de l'installation
  Salle des machines
L'accès au compartiment depuis le chateau avant, se fait par ce tunnel étroit, long d'une centaine de mètres. Le reste de l'agencement et des équipements est classique.
Moteurs de propulsion
Séparateurs
 
Compresseur d'air
Groupes
Chaudière
 
 
Atelier électricien

Atelier mécanique

Poste de soudure

Pompes diverses

Si je ne l'ai vu que lors du chargement, d'autres amateurs se sont intéressés à lui. Thomas Quehec l'avait saisi à quai et Erwan Guénuéniat a observé son appareillage le 16 septembre.
 
 
Michel Floch, qui le guettait à chaque voyage, a pu le voir arriver dans le goulet le 21 au matin.
 

    Merci à l'armateur qui m'a donné l'autorisation de visiter ce navire passionnant, et merci à Tristan Rondouin pour son aide.
Je remercie tout particulièrement Sofie Verheyde qui m'a tout fait visiter, et m' a tout expliqué avec autant de gentillesse que de compétence. Cette jeune femme souriante est Chef de Projet, c'est elle le chef d'orchestre pour l'ensemble de l'opération !
 

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