Navires polythermes
Photos Roland Grard
Textes Roland Grard et Françoise Massard
Sommaire

Photos et textes complémentaires Yvon Perchoc

L’AQUILON et le BÉLOUGA font partie d’une série de huit sister-ships construits à Dunkerque par les Ateliers et Chantiers de France entre 1968 et 1970. Il s’agissait de navires frigorifiques désignés polythermes car possédant huit tranches de cargaisons indépendantes capables de maintenir en température des marchandises allant de -25 °C à +12 °C.

Ces navires bénéficiaient de certains automatismes relativement nouveaux pour l’époque. C’est ainsi que le moteur principal, les groupes électrogènes ainsi que les principaux auxiliaires pouvaient être télécommandés depuis la passerelle. La surveillance des installations et la tenue des journaux étaient assurées par un calculateur.

Leur carène se distinguait par un bulbe « Maierform », la vitesse aux essais dépassait les 22 nœuds. Construits sur cale inclinée, ces navires furent lancés par l’avant.

Cette série comprenait, dans l’ordre, les commandes suivantes :
260 : Fribourg, livré le 9 novembre 1968 à Courtage et Transport SA,
261 : Narval, livré le 10 octobre 1968 aux Chargeurs Réunis,
262 : Aquilon, livré le 14 février 1969 aux Messageries Maritimes,
263 : Ivondro, livré le 18 mars 1969 à la Nouvelle Cie Havraise Péninsulaire de Navigation,
264 : Belouga, livré le 6 juin 1969 à la Compagnie de Navigation Fruitière,
265 : Marsouin, livré le 20 octobre 1969 à Courtage et Transport SA,
267 : Favorita, livré le 2 décembre 1969 à Suisse Outremer,
268 : Fort Sainte Marie, livré le 27 février 1970 à la Compagnie Générale Transatlantique.

Le FRIBOURG navigua au tramping, souvent pour la compagnie suédoise Salen Rederi. Il devint en 1979 le MARY BETH après sa vente à la Brandywine Shipping Co (pavillon Libéria), puis le REEFER CREOLE, en 1986, alors propriété de la Senior Shipping Co Ltd (Limassol).
Ferraillé en 1993.
Le Fribourg
Le NARVAL assura la ligne bananière Marseille - Côte Ouest d'Afrique pour la Fabre-SGTM, puis pour les Chargeurs Réunis (après la fusion des deux compagnies). Il passa ensuite à Delmas-Vieljeux (après le rachat par cette dernière des "Chargeurs"). Il abandonna ensuite le pavillon français pour celui des Bahamas, sous différents noms (HORNSTRAIT, PRELUDE, etc.). Démoli en 1999.
Le Narval

L'Aquilon


L'AQUILON, livré en 1968 aux Messageries Maritimes pour leur ligne d'Afrique du Sud et de l'Océan Indien, puis affrété pendant deux ans, termina sa carrière aux MM sur les lignes Europe du Nord-Amérique du Sud. Passé en 1975 dans la flotte CGM, il devint ensuite successivement le HORNCAP (Pluto Shipping Corp.) en 1981, puis le SUNDAYCAP (Ostrakon Shipping SA) en 1987, le POLLY PARADE en 1989 pour la PP Lines (pavillon Bahamas), puis le HORNSOUND en 1991, l'UB PARADE en 1993 et enfin le PRIDE II en 1998, avant d'être démoli en Inde en 1999.

Le Horncap
Le HORNCAP,
ex Aquilon, photographié à Pointe-à-Pitre
Lorsque l'AQUILON portait les couleurs de la CGM. Il était incorporé dans un service qui comprennait les "POINTES" et le FORT STE MARIE de l'ex Transat. Il faisait Fort de France, Pointe à Pitre, Basse Terre pour la banane française avec déchargement à Dieppe, puis Puerto Limon pour la "banane Dollar" Delmonte avec déchargement à Hambourg. [Information François Malgorn]
Le Sundaycap
Le Polly Parade
François Malgorn


L'ex Aquilon, sous le nom de UB PARADE en 1998, quelques semaines avant sa démolition
sous le nom de PRIDE II


L'ex Aquilon est venu plusieurs fois à Brest sous les noms de SUNDAYCAP (à gauche) puis de POLLY PARADE, repeint en rouge (à droite).
Livré en 1969 à la NCHP, l'IVONDRO fut vendu en 1974 aux Chargeurs Réunis, puis exploité par la Fabre-SGTM sous le nom d'ORQUE. Il passa ensuite sous le contrôle de Delmas-Vieljeux, avant de devenir le POLLY PRIDE, puis HORNSEA, US PRIDE et, enfin, PRIDE avant sa démolition en 1999.
L'Ivondro
L'ORQUE,
ex Ivondro.
L'Orque

Orque

L'ORQUE, photographié au Havre,
le 19 décembre 1988.

Photo José A. de França


Le Belouga
Livré en 1969 à la Cie de Navigation Fruitière, le BELOUGA fut vendu en 1980 à la Blackwater Shipping Corp. (pvillon libérien) et devint le CAYENNE. Au gré des reventes successives, il porta les noms de JULIA puis LAC REEFER, CHIOS GRACE, MONTEVIDEO REEFER et, enfin, LEBLON REEDER avant son ferraillage en 1993.
Le Montevideo Reefer
Le MONTEVIDEO REEFER, ex Belouga, arrivé à Brest le 2 décembre1990. Il fut démoli à Bombay trois ans plus tard sous le nom de LEBLON REEFER.

Le Marsouin
Marsouin appareillant de Brest
Le MARSOUIN fut d'abord affrété par la Fabre-SGTM. En 1974, il fut immobilisé plusieurs mois suite à un incendie dans sa salle machine. Il navigua ensuite pour la Cie de Navigation Fruitière de 1978 à 1988, date à laquelle il devint le JUNIPER (propriétaire : Benabo Shipping, Monrovia). Au gré des reventes successives, il porta les noms de ARIETTA, MACFROST, CHIOS DIGNITY, MIAMI REEFER, BLUMENAU REEFER et, enfin, SAN NICOLAS.

Le Marsouin, à Abidjan
(Source : La Mar-Mar, J. Billard)


Le MARSOUIN a lui aussi été victime d'incendies :
— 16 décembre 1974 : incendie à la machine au large du Maroc. Assisté par le Kerguélen des Chargeurs Réunis.
— 25 décembre 1996 : sous le nom de BLUMENAU REEFER. A quai à Lomonosov, un incendie d'origine électrique se déclare dans la cale n°2 puis se propage à la cale n°1. Les cales remplies d'eau, il se pose sur le fond. Il est remis à flot puis réparé

 
Le San Nicolas
Le SAN NICOLAS, ex Marsouin, est le dernier de ce type que j'ai vu à Brest. Il fut démoli à Alang en juin 2003.

Suisse de 1969 à 1983, le FAVORITA devint l'ONO en 1983, après sa vente à la Sté Ivoirienne de Transports Maritimes. Malheureusement la proie d'un très grave incendie en juillet 1985 (qui fit deux victimes), il fut ferraillé à Algesiras la même année.
Le Favorita
Photo Markus Berger

Le FORT STE MARIE le dernier de cette série dite des "Narval", navigua pour la CGT jusqu'en 1981, puis pour la Horn Linie Hambourg après sa vente à Pluto Shipping Co (Monrovia). Il devint le SUNDAYBAY en 1987 après son rachat par Challenge Shipping & Trading SA (pavillon Bahamas). Après une collision dans le Golfe de Suez, il fut réparé et revendu en 1990 à la Searin Shipping Corporation et alors rebaptisé CHATEAULIN. Démoli à Alang (Inde) en 1998.
Le Fort Ste Marie

Le Sundaybay
Le Chateaulin
Le plus jeune de la fratrie, le FORT STE MARIE, renommé SUNDAYBAY puis CHATEAULIN, a chargé lui aussi des poulets congelés à destination de la Mer Rouge.
Sous le nom de SUNDAYBAY, il présentait le 16 juillet 1989 les traces de la collision avec le tanker iranien Mokran, survenue près de Suez le 08/04/1989. Il avait dû être beaché pour ne pas couler. Il se rendait de Brest à Jeddah.
Le Sundaybay après son abordage

Sources : "Quais des Bananes", Franck Boitelle et Pierre Lefebvre, Editions Bertout, 2000 — "A bord des bananiers. Dieppe-Rouen-Le Havre-Les Antilles 1950-1981", Paul Bomartel, Editions Bertout, 1999 — " La flotte frigorifique française" Hans Pedersen, Editions MDV "Les bananiers de la Transat. Un lien vital pour les Antilles", Gérard Cornier, Navires & Marine Marchande N° 22, janvier 2005 — http://pamir.chez-alice.fr/Cargos/Bananier/Bananiwf.htm.