L'ABEILLE 25 et le FLYING ENTERPRISE
(décembre 1951)
Photos et texte de Yvon Perchoc
Quelques compléments par Jean-Luc Déan
Sommaire

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Lors de discussions concernant l’ABEILLE 26 et le TONGHAI, j’avais évoqué des photos concernant l’ABEILLE 25 qui vint au secours, entre autres, du FLYING ENTERPRISE. Voici donc quelques illustrations — sorties de l'album familial — présentant ce vaillant remorqueur qui assura, de 1947 à 1953, une veille permanente pour l’assistance aux navires en détresse.

L'ABEILLE 25 à son poste à quai à Brest, parée à appareiller en quelques minutes à tout moment. A droite, carte postale.

L'attente à Brest.

Peinture plage arrière. La guerre n’est terminée que depuis cinq années et, en arrière plan, la reconstruction du port bat son plein.


Il est resté plusieurs jours au côté du FLYING ENTERPRISE, désemparé à l'ouvert de la Manche fin décembre 1951, proposant ses services, mais l’anglais TURMOIL (Overseas Towage and Salvage), éternel rival, était déjà sur place. Bien qu’ils furent en quelque sorte adversaires farouches, j’ai toujours entendu mon oncle parler avec beaucoup de respect de ce remorqueur anglais et de son équipage, ainsi que d’un hollandais dont j’ai oublié le nom.

TURMOIL, l’éternel adversaire, en stand-by dans la Baie de Falmouth, photographié depuis l’ABEILLE 25 le 9 janvier 1951.

A l’époque l’affaire du FLYING ENTERPRISE avait fait grand bruit. Quelle était donc la raison de l’acharnement de son commandant, le capitaine Carlsen, à rester seul à bord au péril de sa vie alors que le navire était moribond ? Quelle était donc cette cargaison embarquée en Allemagne à destination des USA ? Armes secrètes et autres œuvres d’art vont alimenter les journaux.

Le 5 janvier 1952, au cours d’une accalmie, le TURMOIL passe une remorque au FLYING ENTERPRISE. Son second va rejoindre sur le cargo le Commandant Carlsen.
Le FLYING ENTERPRISE sombre. Nous sommes le 10 janvier 1952. De nombreux débris et caisses flottent autour du navire. Les deux remorqueurs sont des anglais, le DEXTORIOUS et l’ENGLISHMAN.

Mais je ne reviens pas sur les détails car de nombreux sites racontent l'histoire de ce cargo (utiliser un moteur de recherche).

A suivre... pour d’autres sauvetages et remorquages de l’ABEILLE 25.


Quelques informations complémentaires par Jean-Luc Déan

Ayant eu l'occasion de consulter de nombreux documents sur les Abeilles, je peux apporter quelques éléments supplémentaires sur le naufrage du Flying Enterprise et le rôle de l'Abeille 25 dont le Commandant était alors André Huido qui prit ensuite le commandement de l'Abeille 26 (en avril 52).
Concernant le rôle de l'Abeille 25 lors du naufrage, et principalement les polémiques qui figurèrent dans la Presse de l'époque, présentant les deux remorqueurs comme deux rivaux se disputant l'épave et soulignant le manque de fair-play et la cupidité du capitaine du Turmoil, qui aurait refusé l'aide du français, j'ai l'intime conviction qu'elles sont fausses.
L'arrivée de l'Abeille 25 résulte très certainement d'un accord d'entraide entre les Abeilles et Overseas (l'armateur du Turmoil). Sur quoi se base mon propos, même si je n'ai pas trouvé de document le confirmant formellement :
— les relevés TSF échangés entre l'Abeille 25 et le Turmoil sont courtois. Le Cdt Huido se place aux ordres de Dan Parker (capitaine du Turmoil) conformément aux ordres communs de leurs compagnies ;
— la coopération entre Overseas et les Abeilles était très forte et sur de nombreux sujets, si j'en juge par le nombre important de courriers échangés entre les frères Legrand (patrons des Abeilles et M. Andrews, le patron de Overseas) :
          - demande des Abeilles à Overseas de trouver un acquéreur pour l'Abeille 25 (qui était en vente) hors France,
          - étude technique sur l'intérêt d'un treuil de remorque sur l'Abeille 26 en construction (étude faite pour les Abeilles par Dan Parker, le capitaine du Turmoil),
         - comparatif financier entre les charges financières de personnel sur les remorqueurs français et anglais,
         - invitation de Mr Andrews au baptême de l'Abeille 26, etc.
Bref les relations étaient cordiales et franches et bien loin d'une rivalité féroce comme c'était le cas avec la compagnie hollandaise Smit, même si l'Abeille 25 et le Turmoil se comportaient aussi en rivaux lors de réception de SOS.
En revanche, l'équipage de l'Abeille 25 n'était pas au courant de cet accord entre les compagnies (sauf probablement le capitaine) comme me le confirmèrent les anciens de l'Abeille 25 que j'ai pu rencontrer. Mais tous gardent en mémoire le souvenir de cet événement de mer tragique et Guillaume Hervé, cuisinier du remorqueur (93 ans et une
mémoire étonnante), m'a dit avoir toujours la vision de Ken Dancy et de Carlsen courant sur la cheminée du Flying avant de se jeter à l'eau. Cinquante quatre ans après, l'affaire du Flying Enterprise passionne toujours.

Ci-après deux photos sur l'Abeille 25 : l'une est le tableau de départ en retraite de mon grand-père pour qui ce remorqueur fut le navire préféré de toute sa carrière. La deuxième est une coupure du Télégramme (prise après le naufrage du Flying) présentant, autour du Second Capitaine Tétard, une partie de l'équipage de l'Abeille 25... dont peut-être l'oncle d'Yvon Perchoc ?

Yvon Perchoc : en effet, mon oncle (surligné en orange sur la photo ci-dessus) est à la gauche du Second capitaine.


Quelques références bibliographiques (NDLR)

  • Les Abeilles. Des navires, des hommes, une histoire, Théodore Gazengel, Jean-Luc Déan (Marines Editions, 2005)
  • Carlsen et le Flying Enterprise, George Mac (Hachette, 1952)
  • Carlsen capitaine courageux, Mogens Kofod (Editions de Paris, 1952)
  • Dossier sur le Flying Enterprise, Jean-Yves Brouard, Navires et Marine Marchande n° 10. Compléments de la Rédaction dans le n° 11 de la même revue.
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