Lors
de discussions concernant l’ABEILLE 26
et le TONGHAI, j’avais évoqué des photos
concernant
l’ABEILLE 25 qui vint au secours, entre
autres, du FLYING ENTERPRISE. Voici donc quelques illustrations
— sorties de l'album familial — présentant ce
vaillant remorqueur qui assura, de 1947 à 1953, une veille permanente
pour l’assistance aux navires en détresse.

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L'ABEILLE 25
à son poste à quai à Brest, parée
à appareiller en quelques minutes à tout moment.
A droite, carte postale. |

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L'attente à Brest. |
Peinture
plage arrière. La guerre n’est terminée
que depuis cinq années et, en arrière plan, la
reconstruction du port bat son plein.
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Il
est resté plusieurs jours au côté du FLYING ENTERPRISE,
désemparé à l'ouvert de la Manche fin décembre
1951, proposant ses services, mais l’anglais TURMOIL (Overseas
Towage and Salvage), éternel rival, était déjà
sur place. Bien qu’ils furent en quelque sorte adversaires farouches,
j’ai toujours entendu mon oncle parler avec beaucoup de respect
de ce remorqueur anglais et de son équipage, ainsi que d’un
hollandais dont j’ai oublié le nom.
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TURMOIL,
l’éternel adversaire, en stand-by dans la Baie
de Falmouth, photographié depuis l’ABEILLE 25
le 9 janvier 1951.
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A
l’époque l’affaire du FLYING ENTERPRISE avait fait
grand bruit. Quelle était donc la raison de l’acharnement
de son commandant, le capitaine Carlsen, à rester seul à
bord au péril de sa vie alors que le navire était moribond
? Quelle était donc cette cargaison embarquée en Allemagne
à destination des USA ? Armes secrètes et autres œuvres
d’art vont alimenter les journaux.
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Le
5 janvier 1952, au cours d’une accalmie, le TURMOIL passe
une remorque au FLYING ENTERPRISE. Son second va rejoindre sur
le cargo le Commandant Carlsen.
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Le
FLYING ENTERPRISE sombre. Nous sommes le 10 janvier 1952. De
nombreux débris et caisses flottent autour du navire.
Les deux remorqueurs sont des anglais, le DEXTORIOUS et l’ENGLISHMAN.
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Mais
je ne reviens pas sur les détails car de nombreux sites racontent
l'histoire de ce cargo (utiliser un moteur de recherche).
A
suivre... pour d’autres
sauvetages et remorquages de l’ABEILLE 25.
Quelques informations complémentaires par Jean-Luc Déan
Ayant
eu l'occasion de consulter de nombreux documents sur les Abeilles,
je peux apporter quelques éléments supplémentaires
sur le naufrage du Flying Enterprise et le
rôle de l'Abeille 25 dont le Commandant
était alors André Huido qui prit ensuite le commandement
de l'Abeille 26 (en avril 52).
Concernant le rôle de l'Abeille 25 lors du naufrage, et
principalement les polémiques qui figurèrent dans
la Presse de l'époque, présentant les deux remorqueurs
comme deux rivaux se disputant l'épave et soulignant
le manque de fair-play et la cupidité du capitaine du
Turmoil, qui aurait refusé l'aide du français,
j'ai l'intime conviction qu'elles sont fausses.
L'arrivée de l'Abeille 25 résulte très
certainement d'un accord d'entraide entre les Abeilles et Overseas
(l'armateur du Turmoil). Sur quoi se base mon propos, même
si je n'ai pas trouvé de document le confirmant formellement
:
— les relevés TSF échangés entre
l'Abeille 25 et le Turmoil sont courtois. Le Cdt Huido se place
aux ordres de Dan Parker (capitaine du Turmoil) conformément
aux ordres communs de leurs compagnies ;
— la coopération entre Overseas et les Abeilles
était très forte et sur de nombreux sujets, si
j'en juge par le nombre important de courriers échangés
entre les frères Legrand (patrons des Abeilles et M.
Andrews, le patron de Overseas) :
- demande
des Abeilles à Overseas de trouver un acquéreur
pour l'Abeille 25 (qui était en vente) hors France,
- étude
technique sur l'intérêt d'un treuil de remorque
sur l'Abeille 26 en construction (étude faite pour
les Abeilles par Dan Parker, le capitaine du Turmoil),
- comparatif
financier entre les charges financières de personnel
sur les remorqueurs français et anglais,
- invitation
de Mr Andrews au baptême de l'Abeille 26, etc.
Bref les relations étaient cordiales et franches et bien
loin d'une rivalité féroce comme c'était
le cas avec la compagnie hollandaise Smit, même si l'Abeille 25
et le Turmoil se comportaient aussi en rivaux lors de réception
de SOS.
En revanche, l'équipage de l'Abeille 25 n'était
pas au courant de cet accord entre les compagnies (sauf probablement
le capitaine) comme me le confirmèrent les anciens de
l'Abeille 25 que j'ai pu rencontrer. Mais tous gardent en mémoire
le souvenir de cet événement de mer tragique et
Guillaume Hervé, cuisinier du remorqueur (93 ans et une
mémoire étonnante), m'a dit avoir toujours la
vision de Ken Dancy et de Carlsen courant sur la cheminée
du Flying avant de se jeter à l'eau. Cinquante quatre
ans après, l'affaire du Flying Enterprise passionne toujours.
Ci-après deux photos sur l'Abeille 25 : l'une est le
tableau de départ en retraite de mon grand-père
pour qui ce remorqueur fut le navire préféré
de toute sa carrière. La deuxième est une coupure
du Télégramme (prise après le naufrage
du Flying) présentant, autour du Second Capitaine Tétard,
une partie de l'équipage de l'Abeille 25... dont
peut-être l'oncle d'Yvon Perchoc ?
Yvon Perchoc
: en effet, mon oncle (surligné en orange sur la photo
ci-dessus) est à la gauche du Second capitaine.
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Quelques références bibliographiques
(NDLR)
- Les Abeilles. Des navires, des hommes, une histoire,
Théodore Gazengel, Jean-Luc Déan (Marines Editions, 2005)
- Carlsen et le Flying Enterprise, George Mac
(Hachette, 1952)
- Carlsen capitaine courageux, Mogens Kofod
(Editions de Paris, 1952)
- Dossier sur le Flying Enterprise, Jean-Yves
Brouard, Navires et Marine Marchande n° 10. Compléments
de la Rédaction dans le n° 11 de la même revue.
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