Bientôt 30 ans !
Philippe Lauga
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La nuit du 1er au 2 Décembre 1976 restera à jamais gravée dans la mémoire des Landais ! Une nuit d’enfer. Des vents d’apocalypse. Les pins de la forêt landaise couchés comme les pièces d’un Mikado géant. En mer, la tempête est terrible et trois navires marchands vont en faire les frais. Le premier à se retrouver drossé à la côte, est le cargo à vapeur Virgo de 109,25 mètres battant pavillon grec.

 
Construit en 1954 par Orenstein-Koppel à Lübeck en Allemagne, le Virgo a quitté Bayonne direction le Portugal. Au large de Bilbao, dans l’impossibilité de naviguer à l’ouest, son commandant fait mettre cap au Nord pour tenter de fuir l’ouragan mais son navire part à la dérive et s’échoue à 5 km au sud de Mimizan à 3 heures du matin dans des creux de 14 mètres.
Un observateur attentif pourrait s'étonner de la différence de cap du navire sur les deux photos ci dessus : Lorsqu'il s'est échoué pendant la terrible nuit du 1 au 2 décembre 76, le Virgo a été drossé à la côte flanc bâbord vers le large. Mais rapidement, dans les jours qui ont suivi, il a été repris par la mer comme une simple souche de bois. Oh, il n'est pas allé bien loin. Pivotant sur lui même il a été de nouveau repoussé à la côte présentant cette fois son flanc tribord vers le large.

dessin Philippe Lauga
Au même moment, plus au nord, le cargo à moteur panaméen Ruben, lancé en 1951 par les chantiers Unterweser à Brème et le pétrolier grec Apollonian Wave construit au Japon à Innoshima en 1958 sont en perdition dans le golfe de Gascogne, machines en panne. L’équipage du pétrolier qui accomplit là son dernier voyage, direction les chantiers de démolition espagnols, est évacué dans la journée du 2 décembre par hélicoptère. Le vieux navire de 207 mètres vient lui aussi s’échouer à Mimizan, à 700 mètres du Virgo. A bord du Ruben, les moteurs redémarrent, l’espoir renaît. Hélas, quelques heures plus tard, c’est de nouveau la panne. Le navire s’échoue à Seignosse, 60 kilomètres plus au sud ! Sans cela, il se serait lui aussi retrouvé sur la plage de Mimizan…
Pour le Virgo, le destin est rapidement scellé. Il est démoli sur place. On tente bien de sortir l’Apollonian Wave des brisants de la plage avec l’aide du remorqueur Pacific mais les moyens sont insuffisants et le pétrolier finit par se briser en deux. Il sera tristement démoli in situ.

Le Ruben est en bon état. Il est décidé de le sauver. Après de multiples tentatives, il est enfin renfloué début août 1977 et gagne Bayonne d’où il était parti 8 mois plus tôt. Il y restera 1 an. Mais le coût du renflouement et les frais de remise en état trop importants obligent son propriétaire à le vendre à la casse. Il sera démoli en 1978 à Zuyama en Espagne.

     
Yvon Perchoc : Dieu merci il n'y eut pas mort d'homme. Cela est probablement dû à la nature de la côte sableuse. De tels échouements sur la côte bretonne avec un temps similaire auraient conduit au démantèlement des navires en quelques heures. On se rappellera du vraquier HYDO drossé près des Tas de Pois, et réduit en miettes en deux jours.
La proximité des sites d'échouement est étonnante. A l'époque cela n'avait pas fait grand bruit. On imagine les quelques nuits blanches qu'engendrerait aujourd'hui au préfet maritime une situation identique !!
Lors des tentatives de remise à flot de l'APOLLONIAN WAVE par le PACIFIC, il s'était dit, à tort ou à raison, que ce remorqueur avait volontairement fait traîner les choses et que certaines ruptures de remorques étaient suspectes. Ces allégations furent ressorties en mars 1978 lorsqu'il échoua à l'assistance de l'AMOCO CADIZ.

Crédits : La photo du Virgo et celle de l’Apollonian Wave prise d’hélicoptère sont propriété de Claude Juglin. Les autres photos sont issues de ma collection personnelle, et de la collection d'Yvon Perchoc . J’avais 12 ans lorsque j’ai pris les photos du Ruben sur la plage de Seignosse en février 1977.

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