Dans le vocabulaire de la marine marchande, le mot Pontée désigne la cargaison chargée sur le pont.
Lorsqu'il embarque sur l'un des plus grands porte-conteneurs du monde, en 2016 à Ningbo-Zhoushan, en Chine, Jean-Paul Honoré entame une sorte de carnet de voyage. Il y conjugue écriture poétique et écriture documentaire pour rendre l'atmosphère de ce lieu hors normes, l'univers très particulier, itinérant, à la fois industriel et naturel, où l'être humain occupe une place certes centrale, mais infime.
Au cours d'un voyage de trente-huit jours, le canal de Suez, Gibraltar, Southampton, les grands ports de l'Europe du Nord s'offrent à l'unique passager de cette traversée, destination Le Havre. Le texte prend la mer, lentement, comme un cargo, il n'adopte pas la forme d'une relation linéaire, ou chronologique, mais celle d'une juxtaposition de moments qui s'enchaînent selon des affinités plus discrètes, comme se superposent les conteneurs sur le pont du gigantesque navire.
«Le porte-conteneurs, mastodonte anguleux, ne se caractérise pas par la légèreté de ses lignes. Mais sa cargaison l'embellit d'un patchwork polychrome. Sous le long bicorne de sa passerelle, c'est un Arlequin corpulent »
En observateur décalé dans cet univers «où un terrien n'a rien à faire», Jean-Paul Honoré nous conte ce qu'il voit à bord, mais aussi à quai. Humour, rêverie poétique, conversation, font surgir le moteur du navire ou les portiques de transbordement, autant que les équipements plus modestes que sont la couchette, la coupée, la machine à laver du bord. Et la mer, dans tous ses états, tel un unique continent. Pontée, en mêlant émerveillement, fascination, empathie et inquiétude, s'impose comme une singulière invitation au voyage.
L'AUTEUR 
Jean-Paul Honoré est né en 1951. Universitaire, linguiste, poète, maître de conférences (jusqu'en 2013) dans une université de la région parisienne, il a enseigné aussi dans des universités étrangères, notamment à l'université de Kyoto, au Japon, pays où il a longtemps résidé. Auteur de trois recueils de poèmes, il participe avec Jacques Jouet et Cécile Riou au « projet poétique planétaire » qui consiste à écrire un poème par jour, adressé à un inconnu, dans le monde entier.