Le minéralier BERGE ELBRUS en escale à Fos, janvier 2016
(Emmanuel Bonici)

Dimanche 17 janvier, arrivée sur rade du minéralier capesize BERGE ELBRUS . Il a été construit en  1991 en Corée, comme pétrolier pour la compagnie Argos, sous le nom de ARGO PALLAS. Il était géré et exploité par BW qui l'a racheté et rebaptisé NILE en 2000, puis BW NILE en 2006. Il a été racheté en 2009 par Berge Bulk (Bermudes), qui l'a fait transformer en minéralier . Il a repris du service en 2010 sous son nom actuel .  On ne lui connait qu'un sister ship qui a suivi la même carrière, le BERGE DENALI, ex ARGO THETIS.

Caractéristiques principales
  IMO 8902424
  Tonnage brut 155 626 ums
  Port en lourd 289 470 tonnes
  Capacité grain 155 917 m3
  Longueur / largeur 327,50 / 57,20 m
  Creux / Tirant d'eau 30,40 / 20,84 m
  Motorisation B&W 7S80M
  Puissance totale 21 168 kW
  Propulsion une hélice
  Vitesse 15 nds
  Construit en 1991 par Daewoo Shipbuilding, Geoje (Corée)
  Pavillon Panama

Il est arrivé de Tubarao, un des plus grand port du monde pour l'exportation de minerai de fer, avec une cargaison de 230 000 tonnes, pas à pleine charge donc, mais avec 18,20 m de titrant d'eau quand même !. Après quatre jours sur rade, il accoste finalement jeudi 21 à 16h, juste après la sortie du EKATERINI qui le précédait à quai. Pour sa manœuvre d'accostage le Berge Ulbrus est aidé par quatre remorqueurs, le Marseillais 6 en pointe, les VB Camargue et Mistral 10 sur son flanc bâbord et le VB Crau en centre arrière.
Alors qu'il se présente à l'entrée de la darse 1 pour rejoindre le quai vrac d'Arcelor-Mittal, je suis en darse 1 sur un point haut, et donc aux premières loges pour le regarder accoster, un bien beau spectacle, d'autant qu'il fait un temps magnifique. A Fos les gros pétroliers ou vraquiers n'évitent jamais à l'entrée, il accoste donc en direct, tribord à quai, et il termine sa manœuvre vers 16h30.
 
Lundi 25 janvier, Eric Billac responsable d'exploitation de Sosersid, reçoit l'autorisation de l'armateur pour réaliser des photos, en sa compagnie nous montons à bord. Lui doit s'occuper de faire le point sur l'avancement du déchargement tandis que je suis accompagné par un marin du bord pour faire le tour du navire. Nous commençons par la partie haute. Le navire n'est pas tout jeune (1991), mais à la passerelle un nombre important d'équipements ont été actualisés. Le local est spacieux ce qui se comprend quant on voit la taille du château.
Les ailerons sont immenses, tout comme la place disponible à l'arrière du château, lorsqu'on regarde vers la proue. L'immense pont principal laisse apparaitre les sept panneaux de cales et leurs ouvertures béantes. Chaque cale est ici fermée par un seul panneau, alors que sur de nombreux vraquiers, ceux-ci s'ouvrent en deux parties, un panneau glissant sur chaque bord.            Photo de droite ci dessous le "PC Cargaison", qui est plutôt un PC ballastage.

Le pont est immense, du coté opposé aux panneaux. Ceux ci s'ouvrent par glissement sur tribord, et non pas alternativement bâbord/tribord. L'espace est monumental et vide sur plus de 250 mètres, je m'approche d'un carré de panneau pour faire quelques photos et je suis saisi par ce trou béant de prés de trente mètres de profondeur. Les cales ne font pas toute la largeur du navire puisque de chaque coté prennent place les ballasts. Lorsque on lève la tête on s'aperçoit que l'extrémité de la flèche des portiques Krupp n'atteind pas le coté bâbord du navire, il doit manquer une bonne dizaine de mètres.
Un chemin peint en anti-dérapant est repéré par sa couleur verte, bordée de jaune. Il n'y a pas de mains courantes.
Sur le quai vrac, les deux portiques Krupp de 55 tonnes de capacité sont en action, ils utilisent, vu la densité du minerai,
des bennes de "petite" capacité, environ 15 m3, alors que pour le coke les bennes dépasse les 30 m3.
Un schouleur de belle taille est embarqué, celui-ci sert dans un premier temps à faire tomber les murs se formant sur les bords de cale, puis lorsque celle-ci est presque vide, il racle et reconstitue des tas, qui seront pris par la benne du portique. L'ultime finition se fait à la pelle et balai par les équipes de dockers. Ce type de procédure est commune à toutes les cargaisons en vrac.
 
On retrouve ici la même problématique qu'avec le charbon, le minerai de la partie inférieure de la cale est humide, voire presque pâteux et malgré les trémies vibrantes dont disposent les Krupp, le produit a tendance à colmater, ralentissant ainsi le rendement global, sachant que les portiques ne peuvent jeter en pré-stock comme cela se fait chez Carfos de l'autre coté de la darse sur le second quai vrac.
 

L'énorme coupée est mise en service ou rentrée à son poste de mer par un portique équipé d'un treuil à air comprimé.
Le navire n'a pas de gaillard, ce qui n'est obligatoire pour les minéraliers que depuis 2004. Mais la tranche cargaison est protégée par une structure faisant toute la largeur du navire, qui fait à la fois office de brise-lames et de magasins. Cette disposition n'est pas fréquente, sinon rare.
IL faut donc traverser ces locaux pour accéder à la plage de manœuvre qui est plutôt étriquée au vu de la place disponible. Autre particulrité pas très courante, les deux ancres, de 21 tonnes chacune, sont maintenues sur un plan incliné et non pas dans un écubier traditionnel. On évite ainsi tout problème de mise à poste de mer, comme il arrive de temps en temps avec les écubiers.

Descente de plusieurs niveaux pour se rendre à la machine, et après avoir salué le chef mécanicien au PC. Nous descendons encore de plusieurs niveaux, le 7 cylindres Man BW de 23 740 kw me semble bien petit pour un tel géant. Mais ici, la vitesse maximum de 15 noeuds, est loin de celle des PC, inutile donc de disposer de 70 ou 80 000 kw.
Le volume disponible est impressionnant, on se croirait dans une cathédrale tant l'espace au dessus du moteur est important, la machine est propre et plusieurs marins effectuent des tâches de maintenance. Il faut dire que l'escale va durer ici environ une semaine, de quoi effectuer des travaux importants. Les groupes électrogènes sont relativement petits, là aussi j'ai tendance à comparer avec les véritables centrales électriques des porte-conteneurs qui doivent alimenter parfois plusieurs centaines de reefers.


La visite touche à sa fin, retour vers la coupée avec la totalité du navire devant moi, une belle visite, même une première pour moi pour un tel navire.
Remerciements à l'armateur pour son autorisation, et à tout l'équipage pour sa disponibilité et gentillesse, ainsi qu'à toute l'équipe Sosersid qui à permis ce reportage.

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