Profitant d’un peu de temps libre, je me rends à la station de pilotage afin de participer à une manœuvre si possible. La sortie d’un roulier étant programmée, c’est quelques minutes plus tard que je me rends en compagnie d’un pilote sur le terminal roulier, et après s’être faufilés parmi les innombrables véhicules présents sur les différents parcs, nous montons à bord du roulier TOSCANA, qui représente vraiment un mur vu du quai… Un élève nous accueille et nous conduit jusqu’à la passerelle mais avant il faut traverser un des ponts pour rejoindre l’ascenseur. Les ponts sont remplis de véhicules, qui sont eux-mêmes saisis au sol ; il faut donc être prudent pour ne pas se prendre le pied dans les sangles ou buter dans quelque excroissance. |
Autant dire qu’il ne vaut mieux pas s’y trouver lorsque le navire subit un fort mouvement de roulis… Nous atteignons alors l’ascenseur, qui ne présente que trois arrêts : Salle des Machines, Pont n°5, Passerelle. Les emménagements sur un tel navire se situant tout en haut, cela paraît logique. Enfin, nous parvenons à la passerelle, entièrement couverte et spacieuse. Quelques fiches techniques sont affichées
sur les cloisons de la passerelle, parmi elles, j’ai retenu celle indiquant les secteurs aveugles que génèrent les formes et structure du navire en fonction de son tirant d’eau .
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Le début de la manœuvre commence quelques minutes plus tard. La première partie consiste à se décoller du quai, culer sur quelques mètres et éviter sur 180° au niveau d’un espace circulaire le permettant. La largeur du Grand Canal dans lequel nous nous trouvons est de 400m environ et le TOSCANA a pour longueur environ 200m, ce qui laisse normalement 100m devant et 100m derrière. Connaissant cela, on peut se dire que cela est « facile » mais étant donné la structure du navire qui ressemble plus à un « bloc », la passerelle se situant plutôt sur l’avant et n’étant pas beaucoup surélevée par rapport à l’ensemble du navire, la visibilité sur l’arrière est quasi nulle et celle sur l’avant est diminuée en raison de la présence des aérateurs |
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des ponts garages. |
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Toutefois, les distances Passerelle/Avant du navire (40,87m) et Passerelle/Arrière (159,12m) du navire sont rappelées sur les ailerons de passerelle. Au cours de cette manœuvre, nous aurons besoin d’un remorqueur et ce sera le VB DEAUVILLE qui sera croché à l’arrière. |
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Une fois l’évitage effectué et le navire dans l’axe du Canal, nous lançons la machine en avant lente, passons un couple de bouées du Canal, puis les appontements Sogestrol (produits chimiques) et ensuite nous essayons de nous ranger sur tribord à l’aide du remorqueur et du propulseur d’étrave (de 2 500Cx !) au niveau de la jonction entre le Grand Canal et le Canal de Tancarville en attente de l’ouverture de l’écluse François 1er côté Amont qui laissera sortir 3 navires dont 2 rouliers, les AUTOPRESTIGE et GRANDE CAMEROON et le petit chimiquier EURO CORALLO. |
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Après avoir laissé passer ces trois navires sur notre bâbord, nous relançons la machine en avant et nous dirigeons vers l’écluse. Le vent venant de l’Ouest, nous accosterons à bâbord afin d’avoir le vent décostant pour l’appareillage. Le remorqueur s’ « occupe » de l’arrière, notre propulseur d’étrave fait très bien son travail pour l’avant. Une fois le long du quai, les amarres sont passées autour des bollards à terre, l’écluse se referme et le pompage peut commencer. Il n’y aura pas long à attendre puisqu’à l’heure où nous nous trouvons dans l’écluse, c’est la pleine mer. |
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Sur l’ECDIS, nous pouvons alors observer la route que nous avons suivie en remontant le Grand Canal, l’écart fait pour laisser passer les navires sortant de l’écluse, puis la giration effectuée pour rentrer dans l’écluse. |
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La hauteur à laquelle se trouve notre passerelle me donne l’occasion de surplomber la manœuvre qu’effectuent les remorqueurs crochés au porte-conteneurs qui est amené à prendre sa place dans l’écluse que nous venons de quitter. |
20 minutes plus tard, le niveau de l’écluse est égal à celui de l’Aval, et l’écluse s’ouvre sur la partie « Aval » du port. Un porte conteneur, le MSC ILONA, assisté par deux remorqueurs, attend que nous quittions l’écluse pour se rendre au Terminal de l’Océan. Nous ne traînons donc pas pour appareiller et battre en avant-demi tout en nous décalant sur la droite pour éviter au porte-conteneurs de réaliser une manœuvre supplémentaire. |
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Nous progressons dans le Bassin René Coty et c’est alors que nous donnons l’autorisation au remorqueur de pouvoir larguer sa remorque. Puis, nous longeons le Môle Central et nous apercevons ensuite les digues du port ainsi que les signaux portuaires nous indiquant le libre passage et un trafic en sens unique. |
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Après le franchissement des digues, on distingue la houle mais celle-ci ne se fait presque pas ressentir à bord. Nous entamons alors la remontée du chenal vers sa « sortie ». Le navire doit rallier le port de Southampton, il lui est donc possible de quitter le chenal au niveau du couple de bouées n° 11/12 mais le commandant, ne connaissant peut-être pas suffisamment l’endroit, préfère aller jusqu’au bout. Un autre roulier, le HOEGH TRADER, est déjà engagé dans le chenal et arrive en face, il nous faut donc nous déporter sur notre droite sans toutefois sortir du chenal ou toucher une bouée. |
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Plus loin, vers la sortie du chenal, nous apercevons la pilotine qui nous attend. Le navire va donc manœuvrer pour se mettre au vent et ainsi nous permettre un débarquement plus aisé. |
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Je remercie encore une fois le pilote et le commandant du navire, pour leur accueil, leur sympathie, et leur partage des connaissances. |
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