Brest, manœuvre de sortie du LNG BAYELSA vue de l' ABEILLE PIRIAC.
Erwan Guéguéniat


Le 26 avril 2008, après un arrêt technique programmé, aux soins de la Sobrena, le LNG BAYELSA sort de la forme n° 2. Il est aidé par quatre remorqueurs.

Erwan Guéguéniat embarqué pour l'occasion à bord de l'Abeille Piriac, nous raconte la manœuvre :


Nous arrivons vers la forme 2, le remorqueur militaire LE FOUR est arrivé en avance et reste en attente, en s’appuyant sur la bajoyer sud de la forme 2, baptisée forme Yves Kerdreux… La manœuvre nécessite 4 remorqueurs, l’ABEILLE PIRIAC, l’ABEILLE IROISE, le militaire LE FOUR et le SCORFF, venu spécialement de Lorient et arrivé vers midi… A Brest il n’y a que deux remorqueurs civils, pour les gros navires un remorqueur supplémentaire est affrété suivant les disponibilités… Souvent le SAINT DENIS ou le CROISIC de Saint Nazaire, ou encore le SCORFF de Lorient, ou parfois encore le CHAMBON SIROCCO de Dieppe, mais là ça commence à faire de la route… et donc ça coûte plus cher !

 

Le pilote, à bord du méthanier, décide seul du positionnement des remorqueurs. L’ABEILLE PIRIAC et le SCORFF seront en flèche arrière, LE FOUR à pousser sur tribord avant et l’ABEILLE IROISE à pousser sur bâbord, dès que les amarres aux pointes avant du méthanier, reliées à des crocs roulant le long des bajoyers de la forme, seront larguées. Ces crocs sont reliés à 2 puissants treuils à l’avant de la forme, et permettent de tirer ou de tenir le navire bien dans l’axe lors des entrées ou sorties … En effet la largeur de beaucoup de navires empêche les remorqueurs de rentrer en flèche avant dans les formes…(ou plutôt ils ne pourraient plus sortir !!!). Ces crocs remplacent donc les remorqueurs.

Passage de la flèche arrière bâbord, on allonge environ 60 mètres. L’ABEILLE PIRIAC est de conception assez ancienne (1972), la commande du treuil se fait depuis le pont… Le bosco est à la touline, le second mécanicien aux commandes. Le SCORFF vient passer sa remorque, il va crocher sur l’avant… Puis nous tirerons ensemble.




Nous tirons à pleine puissance, je suis étonné par l’absence de vibrations. L’équipage me confie que quand l’ABEILLE PIRIAC est bien chargée en soutes, donc bien enfoncée, elle ne vibre pratiquement pas. Elle se sent même mieux avec une assiette légèrement négative (sur le nez) . L’ABEILLE IROISE s’approche pour pousser à l’avant bâbord, LE FOUR fait de même sur tribord.

Nous tirons toujours à pleine puissance, le commandant est très concentré, l’équipage à l’abri dans la passerelle… Si la remorque vient à casser il vaut mieux être à l’abri, bien évidemment hors de question également de se promener à l’arrière de la passerelle. On peut constater que ce type de passerelle comporte de nombreux et importants angles morts, ce qui ne facilite pas l’appréciation de la situation.

Début d’évitage… Il fait beau, peu de vent et pas de courant. L’ABEILLE IROISE pousse à pleine puissance. Le LNG BAYELSA, qui était en virage lent depuis plusieurs heures, balance sa machine. Puis nous approchons pour larguer notre remorque.

Note : sur les turbinards, il est nécessaire de réchauffer longtemps à l’avance les turbines, pour éviter leur déformation… Sur une turbine HP, on peut imaginer les dégâts si d’un coup on ouvrait en grand le registre de vapeur : 550° C à 60 bars sans réchauffage préalable de la turbine : celà entraînerait sa casse immédiate et définitive.


Nous venons de larguer, tandis que le SCORFF s’apprête à faire de même. LE FOUR est déjà libéré de manœuvre et rentre à la base navale.
Le LNG BAYELSA continue son évitage avec la barre toute à droite, aidé seulement par l’ABEILLE IROISE… Nous nous tenons prêts à aller l’aider, si le pilote le demandait, mais notre aide ne sera pas nécessaire vu le temps calme et l’efficacité de l’ABEILLE IROISE.

 

L’évitage est terminé, le LNG BAYELSA fait maintenant route tout seul. Nous restons à proximité, car un black-out est toujours possible, particulièrement en sortie d’arrêt technique. Puis nous le longeons sur son bâbord, on se sent tout de même petit, malgré l’impression d’être en sécurité sur un bon vieux remorqueur…
Le SCORFF est également libéré et fait déjà route sur Lorient.

Quelques vues des formes avant du LNG BAYELSA… Une étrave très fine qui enfle rapidement… Sous certains angles on dirait presque que le navire est “cabossé”. A Saint Nazaire j’avais déjà remarqué les formes particulières de ces étraves, sans arriver à les mettre en valeur. Le EVI KNUTSEN est en cale 3 depuis ce matin, le bateau porte n’est pas encore fermé. Puis nous longeons le LNG BAYELSA pour le dépasser par l’avant.


Deux plans pris presque sous l’étrave, le LNG BAYELSA n’a pas le droit de tomber en panne, mais nous non plus…

 

Nous rentrons pendant que le LNG BAYELSA fait route pour mouiller en rade. Et voici, pour terminer, deux vues de l’ABEILLE IROISE, très proche des OLERON et NOIRMOUTIER vus il y a peu.


Arthur Cozanet 12/05/08
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