Carnet de bord d'un cap-hornier, 1903
Georges Cayron

sommaire

- Jeudi 1er octobre – Le vent hâle SO et OSO. Le ciel se découvre, enfin nous allons avoir du beau temps.
    L= 13° 38’ S.   G= 87° 12’ O.   B= 776   m= 170   T= 15°
    Déjeuner – Soupe grasse – Poisson frit – Lard frais
    Dîner – Soupe – Haricots – Macaronis.

- Vendredi 2 octobre - Mer presque calme, temps splendide. Dans la nuit, les matelots recommencent à dormir sur le pont  pendant leur quart.. Vers 11 h, aperçu un 3 mâts se dirigeant vers les côtes du Chili.
    L= 32° O7 S.   G=  88° 46’ O.    B= 777.   T= 15°   m= 120
    Déjeuner – Soupe – Bœuf séché – Salé frais
    Dîner – Soupe – Petits pois – Harengs saurs

- Samedi 3 octobre – Rien de remarquable – Les alizés SE commencent à donner ?
    L= 30° 28’ S.   G= 90° 40’ O.   B= 780.   T= 18°   m= 145
    Dans la soirée, temps splendide, aussi fallait-il voir l’activité qui régnait à bord. Ceux qui n’étaient pas de quart, faisaient prendre l’air à leurs effets, et nettoyaient le poste. Les autres travaillaient comme des enragés à la toilette du navire. On eut dit que nous étions sur le point de voir Frisco. Pour ma part, j’avais à enlever les saisines des embarcations qui servent  aux renforts des amarrages pendant la mauvaise saison. En une heure, tout était fixé.
    Déjeuner – Soupe, Saumon à la vinaigrette – Pieds de porc à la vinaigrette.
    Dîner -  Soupe – Haricots – Saucisses.

- Dimanche 4 octobre – Belle nuit des tropiques, aussi la tentation est trop forte, et comme les matelots de ma bordée, je me roule dans une couverture et dort sur la dunette, laissant au lieutenant le soin de la garde.
    Aujourd’hui, nettoyage personnel. Quelques uns n’ont pas lavé leur linge depuis plus de deux mois. Aussi, toute la matinée, le navire est changé en lavoir, et en salon de coiffure. Même les vieux Mathurins qui portent la barbe en Europe, se la font couper pour paraître plus américains. Le Capitaine lui-même daigne se relâcher et, Ô miracle, nous fait servir deux plats de supplément, mais en revanche, l’apéritif est détestable. La brise aussi se met de la partie. C’est à souhaiter qu’elle se maintienne.
    L= 28° 20’ S.   G= 92° 35’ O .   B= 779.   T= 18°   m= 165.
    Déjeuner – Julienne – Mortadelle – Tripes à la purée de lentilles – Rata – Pêches de Californie – Cassis.
    Dîner – Soupe – Petits pois – Anchois – Poires -
 

- Lundi 5 octobre – A partir d’aujourd’hui, tout le monde reprend le travail de midi à 5h. Nous passons la soirée à déverguer les basses voiles qui ont servi pendant la mauvaise saison, et à les remplacer par celles de beau temps. En hissant le petit hunier fixe, j’ai eu la main droite prise dans la poulie du cartahu. Heureusement, j’ai crié assez tôt, et le second a pu retenir la drisse. Sans cela, j’aurais eu tous les doigts en compote. J’en suis quitte pour l’index à moitié écrasé à la jointure de la première phalange, ce qui me fait souffrir. Ainsi, pendant plusieurs jours, je ne vais pas pouvoir transcrire mon journal, et mon brouillon que je n’abandonne pas. C’est illisible.
    L= 26° 37’ S.   G= 94° 34’ O .   m= 125.   B= 775.   T= 19°.
    Déjeuner – Soupe – Pieds et fraise à la vinaigrette _ Saucisses aux oignons –
    Dîner – Potage – Haricots – Harengs

- Mardi 6 octobre -  De 4h. du matin, à 8 h. du soir, tout le monde est à nettoyer à la potasse les panneaux et roufles. Comme je ne peux le faire à cause de ma main, je racle avec des débris de verre, les boiseries de la claire-voie du salon, et je fourbis les cuivres. Pour nous réconforter, au déjeuner, nous avons du rata de bœuf, du lard gâté, avec une bouillie de riz, sorte de colle de farine. Voila de quoi nous rassasier !
    L= 25° 06’ S.   G=  95° 45 O.    m= 100   B= 772.   T= 21°
    Déjeuner – Rata – Lard gâté au riz
    Dîner – Soupe – Petits pois – Sardines

- Mercredi 7 octobre -  Je crois bien que nous sommes condamnés à faire une longue traversée avant d’arriver, car après le mauvais temps : le calme, voila deux jours que la brise ne donne pas, bien que nous soyons dans les alizés de SE. Heureusement que le courant porte au NE.
    Pendant le quart de 8 h. à minuit, les matelots de ma bordée ont refusé de manœuvrer. Le lieutenant qui est chargé de surveiller le quart à la place du second pendant les beaux temps, commande une manœuvre qui n’avait pas top raison d’être. Aussitôt exécutée, voila la brise qui se met à donner de l’avant et masque le navire. Il s’en est fallu de peu que la grand-voile soit mise en morceaux. Aussitôt, l’officier perd la tête et commande une manœuvre d’une bêtise encore plus grosse.. C’était de hâler bas quelques voiles qui seules nous soutenaient encore. Alors tous les hommes ont refusé de lui obéir, et même un vieux l’a envoyé promener. Puis sans faire attention à lui, nous nous sommes occupés à de re-brasser les vergues pour les ramener au vent. Vous parlez de quelqu’un en colère, mais il ne peut pas se plaindre et a même tout intérêt à ne rien dire, car si l’on sait son histoire, le Capitaine pourrait le casser. Depuis 8 jours à peine qu’il commande le quart, c’est la deuxième boulette qu’il fait.
    Vers 10 h. la brise reprend ESE, et enfin toute la soirée, nous avons un temps assez beau. Ce n’est pas de trop, car voila déjà deux mois que le soleil ne s’est pas montré plus de trois heures sur vingt quatre.
    A midi, nous entrons dans les tropiques, cette fois c’est pendant la saison des pluies, mais avec la chaleur que nous désirons.
    L= 23° 30’ S.   G= 97° 04’ O   m= 115.   T= 21   B= 770
    Déjeuner – Soupe aux haricots – Cervelas
    Dîner – Soupe – Haricots – Jambon frit

- Jeudi 8 octobre – Depuis hier 10 h. du soir, nous recevons des ondées formidables. Celles qu’on pourrait ramasser en une demi-heure, seraient une provision d’eau pour plus de 6 mois, si elle n’était pas aussi acide.
    Dans la journée, continuation du nettoyage général, par le grattage des râteliers de manœuvre, et des hauts mâts. Nous n’avons plus de moments libres maintenant. Aussi, pendant que l’officier de quart ne me voit pas, je m’esquive pour écrire ces quelques lignes, laissant à Levrier le soin de gratter le râtelier d’artimon. Mais aussitôt que le soleil parait, le second m’appelle pour faire de la photo. Pour lui, c’est un travail beaucoup plus utile, car il veut absolument à l’arrivée une collection de photos, pour envoyer à sa femme. Malheureusement,  le peu de papier que j’ai m’oblige à en faire le moins possible pour chacun, afin de pouvoir vous faire un petit album.
    L= 21° 10’ S.   G= 98° 27’ O.    B= 770    T= 20°    m= 155
    Déjeuner – Bitter – Potage – Fraises avec haricots – Rata – Cassis.
    Dîner – Soupe – Petits pois – Macaronis – Confiture

- Vendredi 9 octobre -  Rien de nouveau, même temps.
    L= 18° 58’ S.   G= 99° 39’ O.    B= 770    T= 22°    m= 150
    Déjeuner – Julienne – Thon à la vinaigrette – Lard gâté.
    Dîner – Soupe – Haricots – Anchois ! – Confiture.

- Samedi 10 octobre – Journée presque calme.
    L= 17° 11’ S.   G= 100° 31’ O.   B= 765   T= 22°   m= 120
    Déjeuner – Soupe – Maquereaux aux oignons – Hachis de tripes avec purée de lentilles !
    Dîner – Soupe – Petits pois – Jambon frit.

- Dimanche 11 octobre – Dans la nuit, la brise reprend de SE. Très beau temps, chacun en profite pour mettre ses effets à l’air. Le pont ressemble à un immense bazar et de tous les cordages, pendent des habits, chemises, tricots, etc… multicolores.
    L= 15+ 15’ S.    G= 101° 52’ O.   B= 768.   T= 25°   m= 125
    Déjeuner – Bitter Julienne – Saucisson – Rata – Petits beurres – Cassis – Vin blanc.
    Dîner – Soupe – Haricots – Saumon à la vinaigrette – Fromage – Pommes au vin
.

- Lundi 12 octobre – Nous avons fini le nettoyage du navire, et maintenant tous les matelots sont en peinture, quant à Messieurs les Pilotins (Je parle de Levrier et moi) nous nous ennuyons ferme, d’autant plus que la brise est complètement tombée, et surtout que nous sommes possédés par une flemme insensée, qui nous interdit tout travail intellectuel. Aussi, nous nous mettons à l’ombre sur la dunette, et passons notre temps à faire nos essais de chiquer, mais cela ne me dit rien qui vaille, ce qui fait dire à un vieux loup, que je ne serai jamais un marin, car pour l’être, il faut chiquer, fumer, boire le tafia, être crassou, et lâcher beaucoup de gaz (Plus vulgairement péter), indice que l’on mange des fayots !
    L= 13° 12’ S.   G= 103° 04’ O.    B= 763   T= 26°   m= 130.
    Déjeuner – Soupe – Lard – Rata au riz – Fromage.
    Dîner – Soupe – Petits pois – Sardines.

- Mardi 13 octobre – Très beau temps, belle brise de SSE, nous filons grand largue vers la ligne.
    Dans la journée, il m’arrive un très grand malheur, je casse le tuyau de la pipe en écume que m’avait donné mon papa, mais mon matelot se charge de l’arranger. Ce n’est pas de veine, c’était la seconde fois que je la fumais ! Nous passons notre journée à faire les forgerons. Les pilotins, novices, et matelots légers ont pour ouvrage de dérouiller les barres de fer qui ferment les panneaux. De midi à 5 h., nous tapons dessus comme des forcenés. J’avais pris deux marteaux pour faire plus de bruit, les autres étaient obligés de se boucher les oreilles. Le lieutenant voulait nous faire taire, mais le second lui a dit : « Laissez les enfants s’amuser ! »
    L= 10° 52’ S.   G= 104° 13’ O.    B= 763.   T= 25°   m= 150
    Déjeuner – Julienne – Tripes avec purée de lentilles.
    Dîner – Soupe – Haricots – Jambon frit.

- Mercredi 14 octobre – Aujourd’hui, le soleil atteint sa plus grande hauteur. Pour nous, il passe à notre zénith, et nous n’avons que 24° de chaleur. Quelle différence avec l’Atlantique où le thermomètre monte à 32 & 35°.
    Dans la matinée, je change encore de métier. Hier, c’était forgeron, aujourd’hui apprenti mécanicien. Avec le second et le mécanicien Chef du bord (Il est seul). J’arrange le guindeau de l’avant. (Appareil servant à la manœuvre des amarres dans un port)
    L= 8° 25’ S.    G= 105° 29’ O.   B= 765    T= 24°    m= 155
    Déjeuner – Pieds et fraises à la vinaigrette – Cervelas –
    Dîner – Soupe – Petits pois – Homard à la vinaigrette.

- Jeudi 15 octobre – Vers 5 h. du matin, nous apercevons un 3 mâts barque courant grand largue comme nous. Il laisse porter pour s’approcher, mais dans la journée, nous le laissons un peu derrière. Nous sommes si attentifs à ses évolutions, que nous ne voyons pas une dorade qui se prend à nos lignes. Lorsque nous avons voulu la déhaler, elle paraissait si lourde qu’elle laisse sur les crocs tout son palais. Adieu le bon déjeuner ! C’était une jolie bête qui avait plus d’une brasse de long et devait bien peser 35 à 40 kilos. Moi qui comptais me régaler pour fêter la Sainte Thérèse ! Toute la journée, nous avons été en lutte avec l’autre voilier, mais nous sommes restés à la même distance.
    L= 6° 15’ S.   G= 107 O.   B= 762   T= 24°   m= 155
    Déjeuner – Apéritif – Soupe – Thon à la vinaigrette – Rata.
    Dîner – Soupe – Haricots – Macaronis

- Vendredi 16 octobre – Le calme s’est déclaré dans la nuit. Au matin, le trois mâts s’est rapproché de nous et n’était qu’à 3 ½ milles. Nous signalons. C’est le « Cornil Bart » de Dunkerque que nous avions vu à Cardiff, et nous connaissons le Capitaine et son frère est le lieutenant. Nous passons la journée à signaler avec lui. Nous nous communiquons nos calculs. Il est parti 13 jours après nous, en avait 7 d’avance au Cap et en a rattrapé 6 après. Ce sont les jours que nous sommes restés en cape avec le mauvais temps.
    Au soir, toujours calme et même distance qui nous sépare. Peut-être allons nous rester plusieurs jours ainsi. S’il était plus près, nous irions lui demander des pommes de terre dont nous sommes privés depuis 70 jours.
    Dans la journée, les matelots attrapent plusieurs bonites de 10 à 15 kilos. Le cuisinier est si encombré, qu’il en met des morceaux partout, même dans le thé ! On dirait de l’huile de foie de morue ! Très désagréable pour les personnes difficiles !
    L= 4° 38’ S.    G= 108° 08’ O.   B= 762.   T= 25°   m= 130
    Déjeuner – Soupe – Bonite frite – Rata de bœuf avec riz –
    Dîner – Soupe au poisson – Petits pois – Jambon frit

- Samedi 17 octobre – Dans la nuit, le « Cornil Bart » a gagné sur nous, mais sa route étant plus ouest, il est à bâbord. Vers 6 h. nous nous souhaitons le bonjour et saluons. Les officiers se font des signaux à bras. A midi, quoique nous soyons presque en calme, il nous a dépassé de plus d’un mille. Nous distinguons à peine ses signaux de longitude. Nous lui demandons par plaisanterie, s’il veut nous prendre en remorque. Il nous répond de venir la chercher. Au soir, il disparaît avec bonne brise et nous, avec calme plat ! A remarquer dans le journal, un excellent déjeuner. J’ai mangé en tout un maquereau gros comme une sardine !
    L= 3° 05’ S.    G= 109° 05’ O.   B= 760    T= 26°    m= 105
    Déjeuner – Lard gâté – Maquereaux à l’huile.
    Dîner – Soupe – Haricots – Cervelas

- Dimanche 18 octobre – Toujours calme, beau temps. Nous sommes environnés de gros thons rouges et de dorades. Les harponneurs sont à leur poste pour les pêcher. Au déjeuner, nous prenons une coupe de champagne en l’honneur de la ligne que nous couperons probablement demain pour la deuxième fois.
    L= 1° 40’ S.   G= 109° 50’ O.   B= 764   T= 26°   m= 95
    Déjeuner – Apéritif – Julienne – Tripes aux lentilles – Rata – Petits beurre – Champagne
    Dîner – Soupe – Haricots – Jambon frit

- Lundi 19 octobre – Toujours calme.
    L= 0° 47’ S.   G= 110° 27’ O.   B= 763   T= 28°   m= 55
    Déjeuner – Lard pourri à la colle de riz
    Dîner – Soupe – Haricots – Jambon

- Mardi 20 octobre – En 24h, nous n’avons pas avancé d’un pouce., le courant nous emporte un peu, et c’est tout. Quel amusement, lorsque nous sommes si près de Frisco ! Le Capitaine ne décolère pas. Le second fait passer sa mauvaise humeur, en jouant de l’accordéon dix huit heures sur vingt quatre. Les matelots sont enchantés car ils auront davantage à toucher en rentrant. Quant à moi, si je le pouvais, je soufflerais dans nos voiles pour nous faire avancer. En attendant, j’erre de l’avant à l’arrière, de ma chambre chez Levrier, comme une âme en peine.
    L= 0° 31’ S.    G= 110° 45’ O.    B= 769    T= 28°   m= 18
    Déjeuner – Julienne – Petits pois de conserves avec jambon – Côtelettes de cochon en conserve.
    Dîner – Soupe – Petits pois – Saumon à la vinaigrette.

- Mercredi 21 octobre -  Enfin, une petite brise à donné du SSE pendant le quart de 8 h. à minuit. Nous filons vent arrière, et selon l’estime, nous avons repassé la ligne vers 3 h. du matin. Cette nuit, j’ai été nommé officier de quart, le lieutenant étant tombé malade, effet de la bonne nourriture que nous avons, et pourtant, c’est lui qui engraisse le plus : fayots-cochon… cochon-fayots ! Quelques conserves à la vinaigrette, et c’est tout. Ah ! quand je serai à Frisco,  quelle hécatombe de fruits et de légumes frais ! Du reste, c’est le pays.
    L =  0° 48 N.   G= 111° 37’ O.    B= 761    T= 26°    m= 80
    Déjeuner – Julienne – Lard pourri – Thon à la vinaigrette –
    Dîner – Soupe – Petits pois – Langue de mouton sauce piquante.


- Jeudi 22 octobre – Le courant nous a donné une bonne poussée pendant ces dernières 24 heures. Il nous a fait faire 60 milles de plus que l’estime, ce n’est pas de trop ! Lorsqu’en passant la ligne, nous sommes tombés de printemps en automne. Nous ne nous en apercevons pas. La chaleur est très forte, mais ces jours-ci, nous allons être dans le pot au noir.
    L= 3° 20’ N.    G= 113° 20’ O.   B= 760   T= 27°   m= 180
    Déjeuner – Vermouth – Anchois – Tripes – Rata
    Dîner – Soupe Haricots – Sardines

- Vendredi 23 octobre -
    L= 6° 03 N.    G= 114° 20’ O.   B= 761    T= 25°    m= 150
    Déjeuner – Julienne – Pieds de porc à la vinaigrette – Bœuf séché
    Dîner – Soupe – Haricots – Macaronis

    N’ayant rien de remarquable à noter aujourd’hui, j’en profite pour médire un peu plus de mon prochain, qui se compose ici de mes supérieurs et inférieurs.
    Capitaine : M. Legoff – 47 ans – 30 ans de navigation, fait son dernier voyage. A débuté comme mousse au cabotage. Reçu Capitaine, a commandé à 26 ans (1884) le 3 mâts « France », voyage d’acajou du Nicaragua. Puis en 1898, voyage de morues à Saint Pierre. A bouché en Mars 1898 l’entrée du vieux port de Marseille, en faisant naufrage dans un coup de mistral. Bon bonhomme sans volonté, peu débrouillard, ce qui est rare pour un malouin. Il ne s’occupe de rien à bord, au point qu’il laisserait mourir l’équipage sans le soigner. D’une avarice sordide, tous les officiers qu’il a eu s’en sont plaints. Il fait économie de conserves, ce qui ne lui sert à rien, car il y en a 1 200 k. chez lui, paraît-il. C’est de même sa femme qui le presse d’embarquer pour pouvoir vivre à son aise.
    Second : M. Humbert (Pas Hubert-Crawford) capitaine de 28 ans. Paimpolais, fils d’un Maréchal des logis de la Garde Républicaine. A gagné tous ses grades depuis mousse dans la compagnie Bordes de Dunkerque. (Voyage du Chili). Très recherché des armateurs dunkerquois pour sa connaissance du métier et des parages du Cap Horn. Malheureusement, il a peu de connaissances en langue française. Caractère vif, emporté mais juste, me traite en ami. Véritable maître à bord. Signes particuliers : très aimé de l’équipage,. Ne laisse pas les conserves se gâter. Grand amateur de photographie, chant et musique.
    Lieutenant-cambusier : 22 ans, élève de la marine. Natif de la côte des pilleurs d’épaves dans le Morbihan, ayant tout le caractère de ses ancêtres. Ancien matelot au cabotage sur la côte d’Espagne et du Maroc. Ne cherche que son intérêt, ce qui lui a valu de se faire envoyer promener par Levrier et moi.  Mauvais envers l’équipage à qui il ne donne jamais la ration complète. Vindicatif,  désordre, noceur au point d’en avoir attrapé une maladie chez les Maures. Signe particulier : aura souvent des révoltes à son bord.
    Pilotin Cayron : 19 ans Capitaine théorique avec brevet supérieur. Remarquable par son amour du métier, voudrait toujours être en tempête, mais à condition d’avoir un bon déjeuner à la clef. Grand ami de tout l’équipage. Médecin, chirurgien, dentiste, pharmacien, photographe du bord, n’aime pas se disputer avec quelqu’un. Regrette une chose  être privé de sa famille pendant un an.
    Pilotin Levrier : 20 ans, Capitaine théorique. Grand ami du précédent. Travailleur et dur à la fatigue. D’aspect froid au premier abord. N’a que trois défauts : trop de bagout - fume trop - n’a peur de personne, au point qu’il irait flanquer son pied au derrière du Capitaine, s’il y avait lieu ! Ne se gêne pas pour dire ses vérités au lieutenant.
    Bossman ou Maître d’équipage : 35 à 38 ans. Tête d’anarchiste au physique, mais tout le contraire au moral, même trop bon.  Respectueux au point de me dire : « Monsieur Georges, voudriez-vous faire ceci…  auriez-vous le temps de faire cela… etc… » A fait deux fois naufrage. Dans l’un, il a été seul à se sauver.
    Pilotin du petit roufle (Pilotin non officier) 18 ans, triste sire. A du être embarqué de force. Soi-disant fils de Commandant d’Artillerie roulant sur l’or. A été 6 mois à l’école de commerce de Marseille, parce qu’il y avait 80 places, et 70 candidats seulement. Nullité complète. Parle de tout et veut tout connaître. Education à la J.J. Rousseau. A pour idéal Voltaire et Napoléon. Bête noire de l’équipage, a failli être jeté par-dessus bord plus d’une fois, et n’en est pas encore à sa fin. On pourrait faire tout un volume sur lui.
    Pilotin matelot : 20 ans, garçon très sérieux, ancien candidat au Borda, s’est embarqué à brûle pourpoint, et le regrette maintenant.
    Mousse de chambre : Ami du Capitaine. Aspirant mécanicien de la flotte, il est maître d’hôtel, domestique du carré, laveur de vaisselle. Très aimable, mais sale comme un véritable Breton.
    Cuisinier : Véritable clown. Le moins à plaindre du bord, connaît très peu son métier, et arrange les plats à la « va te faire foutre ! »
    Mécanicien : Ex quartier maître torpilleur passé en conseil de guerre. Payé 100 f. par mois pour chauffer la machine cinq à six fois dans le voyage. Ne connaît rien du métier. Ivrogne complet, n’a que de l’alcool dans les veines .Un jour, il prendra feu en allumant sa chaudière ! A 3 pantalons et 2 chemises pour tout le voyage !
    Charpentier : Brave garçon. 18 ans. Paimpolais, s’entend très bien à charcuter le bois.
    Le reste des hommes formant l’équipage proprement dit, divisé en bordées bâbord et tribord.
    Second-Maître :  26 ans, garçon très intelligent mais fier, ce qui le fait détester de l’équipage.
    Matelot voilier : 40 ans, A roulé sa bosse dans tous les pays. Forte tête, a déserté 2 ou 3 fois.
    2 matelots légers : L’un de 17 et l’autre 19 ans. Ce sont les domestiques de leur bordée.
    Lampiste : Mon matelot. Le doyen du bord, 48 ans. Affligé d’une famille de 10 enfants, et ce n’est pas encore fini… a t-il dit.
    1 gabier beaupré et 1 gabier grand-mât – 27 ans, crème des matelots, ont navigué sur transatlantiques.
    1 gabier misaine : 25 ans, voyou de Nantes, forte tête, déserteur à 16 ans en Amérique. A fait toutes les îles du Pacifique et les Indes. Rentré en France à l’armistice de 1899, a passé 42 mois en prison sur 48 de service.
    Bordée tribord :  2 voiliers dont l’un ayant assez d’instruction, comptait passer second sans la loi de 1902.
    2 gabiers de mât. L’un prépare le Capitaine au Cabotage, l’autre Constructeur de bateaux… en bouteilles !       1 gabier de misaine : Bon garçon, mais très fier de sa personne. 1 gabier de beaupré : Presque enfant… bien qu’ayant 40 ans seulement. A attrapé les fièvres à faire seulement pendant 5 ans, le cabotage aux Indes. 1 matelot léger : 19 ans. A navigué jusqu'à ici, avec les Danois. & 1 Novice : 15 ans, prépare Capitaine au long cours.
    Le matelot appelé « Jean Legouin », est le type le plus à plaindre sur terre ! Travaillant comme un forcené les ¾ du voyage, logé dans un cadre ; véritable caisse, nourri continuellement de lard pourri et de fayots, avec pour toute paye 70 f. La généralité est sans éducation,, et pourtant, on en rencontre d’assez instruits, et de très intelligents, mais chiqueurs, fumeurs, buveurs, et noceurs une fois à terre. En revanche, Jean Legouin est universel, et fait de tout, à part les métiers du bord, il est coiffeur, tailleur, forgeron, horloger, musicien chanteur. Beaucoup sont habiles dans le dessin, et à tribord, nous avons deux artistes. D’autres construisent des petits navires, véritables bijoux qui leur rapportent plus de 30 f. pièce.
    En général, à part la majorité des Bretons, les matelots sont de fortes têtes, et les déserteurs sont nombreux. C’est pourquoi la plupart des équipages ont un a six étrangers. Le nôtre fait exception ; tous Bretons et bons garçons !

- Samedi 24 octobre – Nous sommes en plein pot au noir, mais le beau temps y remplace la pluie en ce moment, et une bonne brise du S. le calme. Le seul désagrément, est un courant O. Si cela continue ainsi, dans une semaine, nous serons à Frisco.
    L= 8° 08’ N    G= 115° O.    B= 763    T= 26°   m= 140
    Déjeuner – Asperges de conserve (3 Chacun) – Rata au riz –
    Dîner – Soupe – Haricots – Saumon à la vinaigrette.
 

- Dimanche 25 octobre – La pluie est intervenue hier au soir, et depuis 8 h, elle tombe sans discontinuer, mais ce ne sont pas des grains équatoriaux. Malgré tout, nous avons rempli en 8 heures, une caisse à eau de 10m3, 2 caisses d’armement de 600 litres chacune, et 6 barriques. Dans la journée, impossible de faire le point.
    L= 10° 12’ N.    G= 116° 06’ O.   B= 761.   T= 27°     m= 140.
    Déjeuner – Apéritif – Mortadelle – Super rata – Petits beurre –Vin blanc.
    Dîner – Soupe – Haricots – Poire au vin.

- Lundi 26 octobre – La brise reprend du SSE, mais très faible. Presque calme. Encore impossible de faire le point.
    L= 11+ 35’ N.   G= 116 O.    B= 760.   T= 28°   m= 100.
    Déjeuner – Julienne – Thon à la vinaigrette – Riz –
    Dîner - Soupe – Petits pois – Cervelas.

- Mardi 27 octobre – Toujours calme. La pluie est revenue, nous marchons à l’estime. Le temps se lève un peu. Pour nous occuper, nous chauffons la chaudière, et manœuvrons le treuil et le guindeau, puis faisons la visite de 160 mètres de chaînes d’ancres.
    L= 12° 58’ N.   G= 116° O1’ O.   B= 760   T= 30°   m= 60.
    Déjeuner – Julienne – Saucisses – Fraise à la vinaigrette.
    Dîner – Soupe – haricots – Maquereaux au vin blanc.

- Mercredi 28 octobre – Vers 1 h, nous avons quitté le pot au noir, et sommes entrés dans la région des alizés du NE. Quoique nous soyons à l’allure du plus près, la vitesse est excellente, la brise atteint parfois le grand frais, la bande du navire est très prononcée. A midi, nous marquons 180 milles.
    Dans la nuit, deux hirondelles équatoriales, l’une noire, l’autre grise et blanche avec la queue couverte de piquants, sont venues s’abattre sur le navire. Nous les avons gardées jusqu’au soir, puis la première est morte, la seconde s’est noyée.
    L= 15° 33’ N    G= 117° 40’ O.    B= 761    T= 31°    m= 180.
    Déjeuner – Julienne – Côtelettes de porc en conserve – Riz en bouillie –
    Dîner –Soupe – Haricots – Maquereaux au vin blanc.

- Jeudi 29 octobre – Journée monotone, mais l’on ne s’ennuie plus guère, Frisco n’est pas loin. Dans la matinée, nous prenons un fou qui s’était posé sur la vergue de cacatois. Deux autres se sont échappés. Ces oiseaux ont un petit corps, une tête de renard, et une grande envergure. Ils portent à la queue deux longues plumes, ce qui les fait surnommer par Jean Legouin « Paille en cul »
    L= 17° 34’ N.    G= 118° 46’ O.    B= 761    T= 31°   m= 135.
    Déjeuner – Vermouth – Julienne – Tripes aux lentilles – Rata – Anisette
    Dîner – Soupe – Haricots – Saumon à la vinaigrette

- Vendredi 30 octobre – Rien de neuf, journée accablante par la chaleur, comme les précédentes. Sur le soir, on aperçoit la voilure d’un trois mâts qui descend de Frisco
    L= 18° 44’ N.    19° 45’ O.    B= 763   T= 31°   m= 90.
   
- Samedi 31 octobre – Le calme qui est survenu jeudi matin, continue toujours avec la chaleur.
    L= 19° 40’ N.    G= 120° 48’ O.    B= 763    T= 27   m= 80.


- Dimanche 1er novembre – En l’honneur de la Toussaint, nous buvons une bouteille de champagne. La générosité du Capitaine nous étonne ! Le beau temps qu’il fait, nous change un peu, car jusqu’ici, les dimanches n’avaient pas été très agréables. Hélas il y a toujours un point noir : le calme.
    L= 20° 25’ N.    G= 122° O.    B= 764    T= 25    m= 75.
    Déjeuner – Vermouth – Tripes aux lentilles – Asperges – Rata – Petits beurre – Champagne – Citronnelle
    Dîner – Soupe – Petits pois – Saumon à la vinaigrette – Ananas

- Lundi 2 novembre

    L= 20° 46’ N.    G= 123° 08’ O.   B= 765    T= 26°    m= 60
    Déjeuner – Oreilles de porc – Riz    
    Dîner – Soupe – Haricots - Sardines

Je profite de ce que je n’ai rien à noter aujourd’hui, pour faire la description du carré, c'est-à-dire du grand rouffle :

 


 

A= Salon ou grand carré. Les parties hachurées représentent les bancs de velours. Contre la cloison du milieu, il y a la cheminée, et deux placards à argenterie. T= Table.
B= Coffres aux conserves dont il y a  avec les conserves françaises, 500 boites d’anglaises et 500 américaines. (Voir la liste à la fin).
C= Coffres à médicaments.
D= Chambres de réserve, avec cartons des liqueurs.
E= Chambre de Levrier.
F= Ma chambre.          
G=
Salle de bain.                
H= Fourre tout du Capitaine, et chambre des chronomètres.
 I= Chambre et bureau du Capitaine.
K= Chambre du Lieutenant
L= Chambre du Second
M= Office.                            
N= Petit carré, salle à manger de mer, avec table à roulis.
O= Cambuse.    
V= Voilerie.           
P=
Escalier de la chambre de veille.
YY= Couloirs donnant de plain pied sur le pont.

    Dans le rouffle, se trouvent la soute à voiles, et la cale de cambuse. Au-dessus, la dunette avec la chambre de veille, la claire voie du salon, et la barre.
    Les coffres à conserves contiennent : Lait concentré – tomates – asperges – julienne – Homards – Maquereaux au vin blanc – Saumon – Bœuf bouilli –Côtelettes de porc – Petits pois – Mortadelle – Beurre – Saucisse – Haricots verts – Moutarde – Oseille – Margarine – Langues de mouton et de bœuf - Bœuf séché – Porc séché - Thon mariné – Anchois – Curry powder – Piccalilli – Tripes à la mode de Caen – Cervelas - Pickles –
    Pommes et prunes confites – Ananas – Abricots – Pêches – Confitures
    En plus, les liqueurs énumérées au début.
    Ne pas confondre les petits pois en conserve et les tripes à la mode de Caen, avec le petits pois secs, et les tripes salées que nous mangeons.
    La cambuse contient : 20 barriques de vin rouge – 1 de vin blanc – 12 barriques de lard salé (gâté) – 300 boites de bœuf bouilli – 60 livres de beurre, sans compter le saindoux et la margarine. – 5 barriques de tripes, fraises, pieds et oreilles de porc salé – 2 000 kilos de pommes de terre pourries (finies le 17 Août) – 2 000 kilos de biscuits - 800 kilos de farine – 10 tonneaux de haricots et petits pois - 2 tonneaux de riz et 1 de lentilles cassées – 6 barriques de tafia – etc… + 50 poules (finies au Cap) et 3 cochons (2 de tués).

    Vous pouvez juger qu’avec un bon Capitaine, nous serions admirablement bien !


- Mardi 3 novembre – Toujours le calme.
    L= 21° 45’   G= 124° O.    B= 765   T= 25   m= 80
    Déjeuner – Julienne – Fraises à la vinaigrette – Saucisses –
    Dîner – Soupe – Petits pois – Porc séché

- Mercredi 4 novembre – La brise recommence à donner du NNE. Vers neuf heures, nous apercevons la mâture d’un 3 mâts qui descend. De Frisco. Il est à plus de 10 milles de nous. En même temps, nous attrapons une superbe dorade (Coryphène), sorte de poisson comme un turbot, mais beaucoup plus gros, vert et jaune, au soleil il reflète les couleurs de l’arc en ciel. Dorade est le nom donné par les matelots, c’est un dérivé du dauphin. (! ?) Sur le soir, nous en attrapons un autre.
    L= 25° 04’ N.    G= 125° 12’ O.    B= 765   T= 24°    m= 110.
    Déjeuner – Julienne – Dorade frite – Oreilles de porc –
    Dîner – Soupe au poisson et à l’oseille – Haricots – Dorade frite

- Jeudi 5 novembre -  La brise revient de plus en plus forte, et la mer grossit. La houle occasionne un fort tangage. Malgré tout nous avons fait plus de 150 milles en 24 heures. Dans la journée, nous prenons 3 autres dorades.  
    L= 24° 50’ N.   G= 127° 32 O.    B= 765    T= 24°    m= 165
    Déjeuner – Vermouth – Julienne – Dorades frites – Tripes aux lentilles
    Dîner – Soupe au poisson et à l’oseille – Petits pois – Dorade au gratin

- Vendredi 6 novembre – Tout l’équipage est en peinture, et je ne peux pas sortir de ma chambre sans en attraper sur mes habits. Aussi, je passe ma soirée à construire des petits navires en bois, et à vous faire la description de ma cabane.

A= Porte donnant sur le salon.
B= table à toilette servant de table de travail et de table de nuit.
C= Canapé avec dossier et coussin recouvert de cuir rouge.
E=
Armoire.
F= Lampe avec suspension à la cardan.
H=
Hublot au dessus du canapé.
L= Mon cadre, ou plus simplement mon pieu.
PP= Portes manteaux.

Sous mon cadre, il y a un placard fourre tout, et deux grands tiroirs à linge. A côté, je me suis fait un établi avec deux étagères. L’une pour mes bibelots, l’autre pour mes livres. Deux grands coffres à chaussures sont sous le canapé. Ma malle se trouve en O. Au-dessus du canapé, en S, j’ai suspendu mon porte photographies avec plus de 30 photos. Ma vierge de Lourdes est placée sur ma glace. Des médailles, gravures, calendriers, dessins, thermomètre, râtelier à pipes, encombrent les parois. Les rideaux de mon lit sont en velours rouge à 4 sous le mètre. La literie se compose d’une paillasse, un matelas et deux couvertures, mais je dors aussi bien sur un paquet de cordages où dans une voile.Les locaux sont en pitchpin. Une toile de linoléum recouvre le plancher, et les parois sont laquées en blanc. Un crachoir, un broc, un pliant, un grand miroir, une cloche de lampe, complètent l’ameublement. Sur ce point, je ne suis pas du tout à plaindre.

    L= 26° 22’ N.   G= 129° 18’ O.    B= 767   T= 23°   m= 140.
    Déjeuner – Julienne Rata – Dorade –
    Dîner – Soupe – Haricots – Cervelas



- Samedi 7 novembre – Le calme recommence à revenir, et c’est du calme tout ce qu’il y a de plus plat. Nous nous croirions sur un vaste étang. Pour nous récompenser, Neptune nous envoie une jolie dorade, mais je préférerais être à Frisco, car voila 136 jours de mer !
    L= 26° 49’ N    G= 130° 09’ O. B= 768   T= 23°   m= 60.
    Déjeuner – Julienne – Dorade au gratin –Langue de mouton sauce piquante.
    Dîner Soupe – Petits pois – Dorade

- Dimanche 8 novembre - Dans la nuit, la mer est devenue mauvaise. Au matin, elle donnait en tempête. Heureusement que nous sommes dans des parages où nous n’avons pas à craindre les coups de vent. Malgré tout, le violent tangage qu’il fait, nous change des journées de calme que nous avons eu précédemment. Les dorades continuent à abonder, et la pêche est fructueuse.
    L= 28° 24’ N.    G= 136° 27’ O.   B= 770   T= 19°    m= 125.
    Déjeuner – Vermouth – Julienne – Vin blanc – Mortadelle – Dorade – Pieds de porc – Anisette
    Dîner – Soupe au poisson – Haricots – Dorade – Poires confites
.

- Lundi 9 novembre – La mer est toujours mauvaise, mais nous filons une moyenne de 6 nœuds ½ vers le NO. Nous sommes à 7 degrés Ouest de Frisco. Environ 200 heures marines ou 1111 Km. Dans une dizaine de jours nous y serons si le calme ne survient pas.
   L= 30° 33’ N.    G= 133 O.   B= 776.   T= 19°    m= 155
   Déjeuner – Julienne – Dorade – Bœuf séché –
   Dîner – Soupe – Petits pois – Côtelettes de porc

- Mardi 10 novembre – Beau temps, mais vents contraires qui nous poussent trop ouest. On aperçoit un voilier derrière nous.
    L= 31° 25’ N.    G= 134° 13’ O.    B= 775   T= 20°   m= 110.
    Déjeuner – Julienne – Tripes aux lentilles – Petits pois –
    Dîner soupe – Haricots - Cèpes frits

- Mercredi 11 novembre – Le calme s’est déclaré dans la nuit, après que nous ayons viré de bord avec brise de NO. Au matin, on signale avec le voilier d’hier. C’est le « Bossuet » 3 mâts de Nantes, Compagnie Guillou-Fleury. Il a du partir avant nous. Vers 2 h, l’homme de barre aperçoit à tribord la mâture d’un autre navire. C’est un quatre mâts goélette américain allant de Frisco à Honolulu.
    
L= 31° 46’ N.    G= 135° 08’ O    B= 774    T= 20°    m= 60.
    Déjeuner – Pieds de porc – Haricots verts
    Dîner – Soupe – Petits pois – Rata au riz.

- Jeudi 12 novembre – Nous profitons d’une petite brise NO pour filer tranquillement vers Frisco, laissant derrière nous le « Bossuet », mais j’ai bien peur que le calme vienne à nouveau, car le « Mac Mahon » est un navire de malheur, et nous sommes trop près du but.
    L= 33° N    G= 134° O.    B= 771    T= 18°   m= 105.
    Déjeuner – Vermouth – Pieds de porc – Riz –
    Dîner – Soupe – Haricots – Dorade en matelote

- Vendredi 13 novembre – Un 13 et un vendredi !  Il était dit que ce jour ne passerait pas inaperçu. La mer et le vent se sont ligués, et depuis ce matin quatre heures, la danse a commencé. Mais ô bonheur ! je crois qu’ils se sont trompés, car au lieu de se mettre contre nous,  ils nous poussent vers Frisco. Nous sommes en pleine fuite, la mer se déchaîne de plus en plus, mais nous filons 24, 28, 32, 36, puis 40 milles par quart ! Demain, nous aurons dépassé la latitude de Frisco, et il ne nous restera plus qu’à prendre le cap à l’Est. Nous pouvons y être le lundi 16. Ce même jour l’année dernière, le Capitaine en partait sur le « Amiral Halgan ».
    A midi, les paquets embarquent de tous côtés, nous pourrions nous croire revenus au Cap Horn. J’ai oublié de fermer le hublot de ma chambre, aussi je la trouve toute inondée, ma malle nageant dans l’eau.
    L= 35°20’ N.    G= 132° 34’ O.    B= 765    T= 18    m= 165.
    Déjeuner – Julienne – Saumon à la vinaigrette – Lard gâté –
    Dîner – Soupe – Petits pois – Cervelas

- Samedi 14 novembre – Nous sommes toujours en fuite avec une grande vitesse. Demain, nous verrons probablement les feux. Nous avons le plus de toile possible dessus, aussi faut-il voir la bande du navire. Le pont est constamment couvert d’eau.
    Le Mac Mahon est comme les vieux chevaux, il sent l’écurie et emballe, mais il nous fait payer cher son emballement : deux hommes blessés par un paquet de mer, la grand voile déchirée d’un bout à l’autre, ainsi que le clin foc, le petit cacatois, et le flèche de cul. L’écoute bâbord du petit hunier volant a cassé, et ce n’est pas fini, car il y a une fameuse barre à passer pour entrer dans la rade du Rio Sacramento.
    L= 38° 11’ N.    G= 129° 42’ O.    B= 762    T= 15°    m= 235.
    Déjeuner – Julienne – Petits pois de conserve – Pieds de porc
    Dîner – Soupe – Haricots – Saucisses

- Dimanche 15 novembre – Le calme a commencé à se déclarer dans la nuit, juste au moment où nous aurions pu voir les feux des ports Californiens. Ce sera pour demain. Le Capitaine est si content d’arriver que le vin blanc coule à flots au déjeuner.

Le temps est splendide, chacun tient à l’honneur de crier le premier : « Terre ! ». Ce fut le pilotin marseillais juché sur le grand cacatois qui à 1 h ½ (temps vrai du lieu) – 9 h.55 du soir à Châteauroux – annonce une chaîne de montagnes. Vers 2 h ½, on aperçoit quelques sommets de la dunette. Dans la nuit, nous serons sans doute sous les feux de la pointe Reyes qui protège l’entrée de Frisco surnommé « Golden Gate », ou « détroit de l’or ». Le nom donné à la passe est à double sens. En effet, comme elle est  très étroite (1mille de large), il est impossible d’attaquer par mer, les villes bâties sur la baie de Frisco, large de 3 milles, et longue de 70 suivant la côte. D’un autre côté, elle sert de débouché à un commerce énorme de fruits, blé, et d’or. La Californie est la terre la plus fertile qui existe, et la plus productive de ces trois matières. De plus, San Francisco est le 1er port du Pacifique, le 3ème de l’Amérique, le 6ème du monde entier, sans compter le trafic des villes bâties sur la baie.

    L= 38° 06’ N.    G= 26° 32’ O.    B= 771    T= 14    m= 165.

6 h ½ on aperçoit le premier feu de la Pointe Reyes. A 8 h. Je signale celui des Farallonnes. A quatre heures du matin, les forts qui bordent la côte, nous éclairent de leurs projecteurs. Les casinos des plages environnantes nous envoient les derniers échos de leurs fêtes. On aperçoit l’entrée. Le Pilote est arrivé à 8h. Avec les journaux, mais point de nouvelles de France. Comme il ne parle pas français,  je tiens conversation avec lui, pour m’habituer à terre. A 10 h, un remorqueur arrive et nous demande 200 dollars. (1 000 F). Le Capitaine refuse. Un second demande 150. Nouveau refus. Il demande 80, mais l’américain l’envoie promener. Que c’est désolant, il faut rester à louvoyer en rade toute la journée. La terre est à peine à  1 mille. Oh le juif de Capitaine que nous avons ! Les vents contraires nous empêchent de rentrer. Un voilier anglais qui arrive après nous prend la remorque et file devant.
- Lundi soir – Toute la journée, nous avons manœuvré comme des dératés. 11 fois viré de bord, et à 5 heures, le pilote ne voulant pas louvoyer de nuit, fait jeter l’ancre. Voila une journée de perdue ! A 4 h, un autre remorqueur était venu demander 125 dollars. Cette fois ce n’était pas cher, mais notre ours de Capitaine a refusé. Le pilote veut m’acheter mes jumelles. Mais comme je sais que les américains vendent tout excessivement cher à Frisco, je lui demande 16 dollars (80 F) alors qu’elles n’en valent que 12 (60 F), mais il ne les prend pas.
- Mardi  17 novembre – Toute la nuit, je veille pour sonder et examiner la chaîne de l’ancre. Au matin à 7 h, les remorqueurs se disputent pour arriver à nous. Ils ont baissé leur prix. Le Pilote, de celui qui était venu le 3ème hier, demande 100 dollars (500 F). Le Capitaine hésite, mais voyant la tête que nous lui faisons, il accepte.
    All right ! Quelle joie, dans quelques instants, j’aurai des nouvelles de France et de Corse.
    8 h. on vire les 120 mètres de chaîne d’ancre que nous avions filé, le remorqueur nous prend.

    10 h, on passe le « Golden Gate ». Que de navires en rade, des 3, 4 et 5 mâts. Dans un coin, plus de 200 qui sont désarmés, en rade du milieu,15 qui attendent leur tour dont 4 français, et le « Bossuet »  arrivé hier. Tous nous saluent du pavillon aux cris de « Vive la France ! ».
   
 

11 h, enfin on est à poste. Des médecins tout chamarrés d’or, viennent nous visiter. Des douaniers mettent leurs scellés à bord, et un petit vapeur nous apporte des vivres frais, et un paquet de lettres. Ce sont celles adressées chez le consignataire. Je ne m’attendais pas à en recevoir, et pourtant, j’en ai une de Châteauroux. Quelle joie ! Je m’enfuis chez moi pour la lire, mais à peine ouverte, je me mets à pleurer comme un enfant, j’ai reconnu l’écriture de ma chère maman, la lettre la plus attendue avec celle de papa. Je la lis, la relis, la couvre de baisers. Après cinq mois de voyage, n’ayant vécu qu’avec des personnages qui vous sont indifférents, que l’on est content de vivre quelques instants auprès des siens ! Je me crois à Châteauroux.


    Malheureusement, cela ne dure pas longtemps, le mousse m’appelle pour manger un excellent bifteck et des choux verts.
    A 1 h, il faut déverguer toutes les voiles. Je passe une soirée accablante dans la mâture, enfin je ne suis libre qu’à cinq heures.
    Je ne parle pas de Frisco, ce sera pour « Mes impressions sur la Californie ». Disons quand même que ce que je vois de loin de cette ville, me parait grandiose, quoique un peu enfumé. Des forts de tous les côtés, des villas superbes au bord de l’eau, des milliers de ferry-boats (Vastes navires très hauts et à roue) parcourant les eaux du golfe, et des chemins de fer, autant que je peux juger – étant à 1 mille de terre - qui passent avec une vitesse effroyable sur des wharfs, et de là, sur des navires qui les transportent pour un autre point, où ils reprennent leur course folle.

- Mercredi – Minuit et demi – Je termine rapidement mon journal, la fin va être échevelée, mal écrite, pleine de fautes, mais nous partons Jeudi pour le port militaire Valejo, et demain matin, je descends à terre avec le Capitaine, pour porter mes lettres, et je veux tout faire poster. A 10 h. du soir, je reçois les lettres d’Ajaccio, Angers, et de ma cousine Marie. J’en ai jusqu’à minuit. Je vais passer le reste de la nuit à faire un mot pour chacun. Depuis Samedi 8h, je ne me suis pas couché, cela ne fait rien, je suis arrivé, et j’ai de bonnes nouvelles !

Explication des divers termes marins.

Alizés – Moussons : Vents périodiques. Les Alizés sont de bonnes brises NE dans le nord, SE dans le sud. Ma carte donne leurs limites. Les Moussons sont très fortes, et soufflent 6 mois d’une direction,  6 mois de l’autre, dans les parties tropicales aux environs des terres.
Allures : Différentes manières d’aller en route d’après le vent. 
    – Le plus près : Avoir ses vergues les plus brassées possibles, et recevoir le vent à 6 quarts (Quart = 11°) ou 66
       degrés de devant. (fig.1). – Le largue : (2). – Le grand largue : (3) – Vent arrière ou brassé carré : (4)

Arriver -Lofer : On dit qu’un navire lofe, lorsqu’il tend à se rapprocher du lit du vent et arriver lorsqu’il tend à s’en éloigner. La brigantine et les voiles d’étai derrière le grand mât le font lofer. Celles de devant et les focs le font arriver. Un navire qui lofe, est un navire ardent. C’est le cas des grands voiliers.
Amures – Ecoutes : L’amure tient le point du bas de la grand voile, et de la misaine, du côté du vent. Ce côté (bord) de la voile ou ralingue, est tendu droit. L’écoute tient sous le vent de façon à former une poche. Toutes les voiles ont des écoutes.
Bras – Brasser : Les bras sont les manœuvres qui servent à disposer les vergues et les faire tourner autour du mât. Les manœuvres sont composées de plus ou moins de palans, selon que les vergues sont plus ou moins grosses. Brasser, c’est la manœuvre des bras. Brasser tribord consiste à amener la droite de la vergue vers soi. Brasser bâbord est l’inverse. Pour le plus près, les vergues sont brassées le plus possible complètement collées sur les haubans. Elles forment un angle de 120° avec l’avant du mât à tribord, si c’est brassé tribord.
Bossoirs : Ce sont deux grosses pièces à palans triples qui font saillie sur l’avant du navire, et servent à hisser les ancres sur le gaillard. Comme l’homme de vigie se tient sur le gaillard, on dit qu’il fait le bossoir.
Cape – Fuite : Termes de mauvais temps. La cape  est l’allure du plus près pendant les tempêtes et ouragans, de même lorsque le vent est contraire. Il y a la cape courante  avec deux huniers et la misaine, la cape avec un hunier, et la cape sèche lorsqu’il n’y a plus de voiles, et que les vergues sont descendues… C’est alors qu’on peut faire son acte de contrition. La fuite est le contraire de la cape. On l’emploie par vent arrière. Il y a la fuite avec un hunier, et la fuite sèche. On obtient sous cette allure, des vitesses insensées, mais on risque d’être engloutis par les lames qui viennent de l’arrière.
    En 1901 aux Canaries, le Mac Mahon a eu sa dunette complètement rasée, la barre et ses deux hommes emportés, tandis qu’en cape, les lames embarquent par le côté. Le roulis est très fort, un navire mal équilibré chavire. Parfois la mer est si mauvaise, qu’on ne peut se tenir en cape, et qu’il faut mettre en fuite. C’est ce qui arrive souvent à l’aller au Cap Horn. A la cape, la vitesse est nulle, et la dérive peut atteindre 90°.
Cargues – Serrer : Cargues : manœuvres qui servent à carguer les voiles. Il y a plus ou moins de cargues, selon la grandeur des voiles. Cargues points qui servent à relever les pointes des voiles, Cargues boulines qui relèvent les milieu des côtés d’une voile sous la vergue, cargues fonds  qui ramènent toute la voile sous la vergue.
Serrer la voile : C’est après l’avoir carguée, l’entourer de jambières et rabans, pour mieux la retenir à la vergue.
Coups de vents – Pamperos – Ouragans – Cyclones- Tempête : Les coups de vents  n’arrivent qu’au Cap Horn,  dans les golfes du Mexique et du Bengale et les parages de la Réunion. Dans un gros temps, le vent saute brusquement par exemple du SE au SO, c’est ce qui nous est arrivé à La Plata, et a occasionné un ouragan appelé : pampero.  Ils sont très dangereux, car lorsqu’un navire porte toute sa voilure, dans cette occasion, il y a risque de chavirer, ou de voir ses mâts à bas. Un coup de vent précède toujours un ouragan ou un cyclone. Les navires qui se sauvent d’un cyclone sont excessivement rares, à peine 1 sur 30. les cyclones arrivent souvent dans les mers de chine, près de Madagascar, parfois sur tout le Pacifique, particulièrement au Cap Horn. A cet endroit, il est moins dangereux, car la trombe d’eau se change en neige. Par exemple, celui que nous avons reçu aux Malouines, le dimanche 30 août, le danger était dans l’impossibilité de se diriger. La tempête se rencontre partout. Elle est continuelle au Cap Horn et au Cap Bonne Espérance. 350 jours sur 360. La tempête de l’équinoxe de mars dans l’hémisphère nord, et septembre dans l’hémisphère sud, sont terribles, mais grandioses, et durent du lever au coucher du soleil. Elles occasionnent le tiers des accidents annuels. Nous l’avons reçue le 24 Septembre étant en fuite. Rien n’est plus beau !
Drisses – Hale-bas : La drisse sert à établir les voiles d’étais. Une par voile. Le hale-bas sert à les carguer. Les vergues des huniers et perroquets volants de cacatois, ont des drisses.
Drôme : Immense pièce de bois très longue dans laquelle on peut tailler un mât en cas d’avarie.
Filières de roulis : Cordages disposés sur le pont pour se tenir dans les mauvais temps.
Grains : Un grain se compose ordinairement de pluie et de vent. Le vent fraîchit (devient plus fort) dans un grain. Il y a plusieurs sortes de grains, depuis le grain sec qui est un tout petit nuage, jusqu’aux gros grains amenant les tempêtes.
Goélettes : Navires qui n’ont pas de vergues. A chaque mât, il y a une brigantine et des voiles d’étai.
Haubans – Ridoirs – Enfléchures - Galhaubans : Les haubans sont des cordages en fils de fer qui soutiennent les mâts. Ils sont de plusieurs sortes, suivant les parties auxquelles ils sont fixés. On les raidit avec des ridoirs. Les enfléchures sont les petits filins (cordages) qui forment les barreaux sur les haubans pour servir d’échelle. Il y a cinq haubans pour cet usage. Les autres portent le nom de galhaubans.
Louvoyer : C’est naviguer avec des vents contraires, pour pouvoir entrer dans un détroit, un port etc….
Masquer : On dit que le navire masque lorsque soit dans un coup de vent, soit en collant trop près du vent, celui-ci vient à donner sur le dessus des voiles, et les colle sur les mâts. Alors, le navire cule, ou bien les mâts peuvent être brisés.
Montre d’habitacle : C’est la montre qui se trouve dans la chambre de veille. Elle indique l’heure vraie du lieu où on se trouve. Elle est réglée au moyen des astres, du lever et du coucher du soleil, à midi, où à terre.
Nœud : 120ème partie du mille marin (1852,2m) = 15,43 m. On dit que le navire file 10 nœuds en 30 secondes, c'est-à-dire 10 milles par heure, car 30 secondes forment la 120ème partie de l’heure. Ce mot s’emploie lorsqu’on jette le loch. La plupart des navires sont maintenant munis de loch à hélice à traîner, ou sillomètres. Ils sont suspendus à l’arrière du navire, et les tours d’hélice se communiquent à un cadran qui donne les milles.
Panneaux : Ouvertures pratiquées sur le pont pour pouvoir communiquer avec les cales.
Prendre un ris dans une voile  : Consiste à diminuer la surface de voilure d’une voile. Les gabiers montent sur la vergue, carguent la voile, et crochent des lanières dans une filière pratiquée le long de la voile vers le tiers. Après, ils larguent les cargues. Nous n’avons pris qu’un ris dans la grand voile pendant les deux mois de mauvais temps pour qu’elle soit plus facile à serrer quand le vent permettait de la mettre.
Variation : Différence entre la route du navire, et la direction donnée par le compas. Elle varie à chaque cap du navire car elle provient de la déclinaison de l’aiguille aimantée, et de la direction produite par les fers du bord. On fait 4 ou 5 calculs de variation par jour.
Virer de bord : C’est lorsqu’on est bâbord amures par exemple, passer tribord amures. Les virements de bord sont pénibles dans les mauvais temps où il faut tout manœuvrer. Il y a diverses espèces de virements, suivant l’état de la mer et du vent.


Hervé Cozanet 28/08/08


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