RATTANA MANII, un navire mongol en escale à Tahiti
Louis Laplane


 

Le 13 novembre 2004

« Pierres précieuses » de Mongolie

Rattana signifiant « pierres précieuses », immatriculé en Mongolie, est un cargo de 131.80 m, construit en 1976 au Japon, Armé par un équipage de 23 marins thaïlandais sous les ordres du contre-amiral Suting, en retraite.
Déjà venu une première fois sous le nom de GRACE, en avril-mai 2004, il avait été maintenu à quai, à Papeete, à la suite d’une visite des inspecteurs des Affaires maritimes, dans le cadre d’un Contrôle de l’Etat du Port, qui avait relevé 20 anomalies, dont certaines ont du être corrigées avant l’appareillage. Le navire a ensuite subi un carénage étoffé à Bangkok.
Le GRACE était auparavant CHAHAYA STAR, pavillon Bélize


Angelo Camillos explique : « En sus du PRINCESS MANII, nous avons affrété le RATTANA MANII pour assurer six à sept rotations régulières à partir de Bangkok, avec escale unique à Singapour, et retour par les Salomon. Chaque rotation complète prend entre 90 et 100 jours. » Les navires chargent à Bangkok et Singapour deux qualités de ciment distinctes, ainsi que du bitume, du bois et du divers. L’affréteur local a joué de malchance : le TOPAZ, un autre cargo qu’il avait affrété avait été arrêté en 2001 pour 43 anomalies dans le cadre du contrôle de l’Etat du port. Le Princess Manii a fait aussi l’objet d’observations, mais son appareillage n’avait pas été retardé.
Depuis Princess Manii et Rattana Manii font régulièrement leurs rotations (avril 2008)


IMO 7608370 - 131,8x19,02x10,83 m - TE 8,313 m - JB 7212 - JN 4678 - PL 11381 t - Constr. 1972 par Kurushima - Mot MAN 4 413 kW - V 13,8 nds - Gérant Navee Associates (Thailande) - Pav. Mongolie
ex GRACE, ex CHAHAYA, ex SAFINA-E-NAJAM, ex ASUNARO

NDLR : Ce navire cumule les originalités. Le pavillon de Mongolie n'est pas si fréquent, environ 170 navires immatriculés. Un amiral en retraite comme commandant ça doit être rare aussi. On ne voit plus beaucoup ce genre de cales fermées par des galiotes en acier et panneaux en bois, qui de plus sont énormes. Le mât de charge central est lui aussi original, le navire semble conçu pour décharger systématiquement sur tribord.
 

Commentaires et explications de membres du groupe de discussion :
Jean Claude Lanéry :
En fait, avec ce genre de panneaux en töle, que l'on appelait pontons aux CMCR, il n'y avait pas de galiotes. Ces pontons équipaient les "T" (Tidra entre autres), certains "B" (les derniers si j'ai bonne mémoire, comme le Louga ) et pouvaient permettre des charges de 1 ou 2 tonnes au m², alors que sur les panneaux bois, je crois me souvenir de 500 kg au m². Ils étaient encombrants, lourds et difficiles à utiliser au mouillage. Pour la mer il fallait les couvrir de prélarts comme les panneaux classiques en bois/galiotes et dans certains ports on les mettait sur le quai pour le temps de l'escale et gagner de la place sur les abords des cales. Pour la nuit ou en cas de pluie, il fallait mettre les tauds, tentes pyramidales, qui étaient assez lourdes avec des garcettes à amarrer sur une filière en fil d'acier qui faisait le tour de la cale.
Jean François De Bie :
Le Rattana Manii  est typique de ce type de navire de facture japonaise construit en grand nombre avec 4 cales, de forts  mâts de charge uniques travaillant à brasser sur toute les cales (avec des treuils de brassage) , les protections autour des treuils (en général hydrauliques) etc..  et des montants de pontée (visibles sur les photos).
 
Ce qui différencie le Rattana Manii d'un grumier standard c'est l'installation d'une forte bigue pour colis lourds (probablement 80 ou 100 tonnes de capacité). Le "design" de cet équipement (pas trés élégant) qui permet de ne décharger que sur tribord est lui aussi typiquement japonais.
 
Notez aussi que ces pontons sont trés similaires dans leur principe à ceux que l'on trouve sur de nombreux caboteurs ou navires spéciaux modernes à pont ouverts avec cependant la différence d'avoir des moyens de manutention mécaniques propres pour les empiler les uns sur les autres, soit un petit portique léger roulant le long des hiloires (cas de nombreux caboteurs modernes voir nombreuses photos en particulier Artémis) soit en utilisant les portiques sur les gros navires à pont ouvert type Star, Gearbulk ou Friendship HT. Notez que dans ce dernier cas les panneaux sont très lourds et peuvent excéder la charge maximum de levage des portiques et que l'on utilise pour leurs manoeuvre un dispositif de vérins hydrauliques qui sont fixés sur les montants des portiques (par exemple sur les Friendship HT de 22.000 tpl il y a cinq cales fermées par huit panneaux qui pésent environ 60 tonnes chaque alors que la charge maximum des deux portiques est de 42 mT).
 
Ces pontons modernes sont aussi équipés de joints le long des hiloires et transversalement entre panneaux et ne nécessite pas l'usage de prélards.

Hervé Cozanet 11/05/08

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