Vacances d'un shiplover à Istanbul
(Philippe Lauga- juillet 2012)

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Istanbul 2012 restera pour moi comme un grand cru, un très grand cru même, surtout si l'on tient compte de la situation actuelle de la flotte mondiale du commerce et des incessantes ventes de vieilles unités dans les chantiers d'Aliaga, Alang ou Mumbai. J'ai bénéficié d'une météo des plus clémentes, et de très belles surprises, depuis le AMR R (Ex PIONER YAKUTII), dès le premier matin, jusqu'au EL HOSS (1969) la veille du départ. Je suis descendu dans le même hôtel que la dernière fois, sur la rive asiatique, duquel je jouis d'un fantastique point de vue sur l'entrée sud du Bosphore et le centre historique. Pas mal de cargos gréés, parmi lesquels ces innombrables petites unités turques transitant parfois quotidiennement par le Bosphore. J'échangerais bien un ou deux caboteurs turcs contre dix de ces "barquasses" sans âme qui fréquentent le port de Bayonne !

Quelques frustrations aussi, comme le KAREEM R (Ex PIONER KAZAKSTANA) qui est passé 24h trop tôt, le superbe et rétro CAPTAIN JOHNNY, qui a descendu le Bosphore 1h30 trop tôt le 21 juillet (à 5h30 du matin, la lumière était trop faible pour réussir mes photos), et puis encore une fois le HASSAN D qui était passé de nuit lors de mon dernier séjour en octobre dernier et qui, cette fois, était bien là en plein jour, ancré en mer de Marmara, mais que je n'ai vu que fugacement, depuis le ferry rapide me conduisant de Kadiköy sur la rive asiatique jusqu'à Bakirköy, plus très loin de l'aéroport sur la rive européenne le 22 juillet. Il y avait pas mal de navires intéressants à photographier ce matin là, mais depuis un bateau aux vitres teintées où il est interdit de mettre le nez dehors, l'affaire se complique. Je vous propose, parmi les navires que j'ai imprimés sur la pellicule fictive de mon reflex numérique, un florilège d'unités que je vous présente par catégories, photographiées depuis l'hôtel, depuis les différents quais, ou le ferry traversant le Bosphore entre les stations Harem et Sirkeçi.



Commençons par les navires de croisière.

Les navires de croisière arrivent le plus souvent le matin et repartent en fin d'après-midi. Une courte escale qui permet aux touristes de visiter les principaux monuments au pas de charge. Le 21 juillet au matin, depuis mon balcon, j'aperçois un élégant paquebot à voiles. Un instant j'ai pensé qu'il s'agissait du CLUB MED 2 commandé par Benoît Donne. Hélas, il lui manquait un mat ! Le WIND SPIRIT est tout de même un joli navire qui se distingue au milieu des hôtels flottants comme le COSTA FOVOLOSA ou le MSC DIVINA, présenté en détail par Emmanuel Bonici en mai dernier.

Je complète ce chapitre par quelques ferrys croisés sur le Bosphore. Pour les rotations les plus importantes en distance, des unités rapides comme le MEHMET REIS 11 de la compagnie IDO sont utilisées. Entre Sirkeçi (rive européenne) et Harem (rive asiatique), des bacs permettent aux piétons et aux automobilistes de traverser le détroit, solution souvent plus rapide que celle consistant à affronter les embouteillages pour emprunter l'un des deux ponts suspendus.
Les anciennes unités datant des années 70-80, comme le EZINE (1981), sont peu à peu remplacées par d'autres plus modernes, comme le SUHULET (2007). Les traditionnels "vapeurs" comme le HAMDI KARAHASAN ou le SEHIT KARAOGLANOGLU, datant également des années 70-80, sont eux aussi peu à peu remplacés par des unités plus modernes comme le SH-FATIH, qui respectent tout de même l'allure de leurs mythiques aînées. Par contre, je ne sais pas si on peut inclure dans cette liste le charmant KÖPRÜLÜ?



Les Tankers

Le premier tanker photographié depuis le balcon de ma chambre a un nom singulier puisqu'il s'appelle... CARGO ! Et quel plaisir de revoir l'ancien POINTE DU CASTEL qui continue sa route sous les couleurs de la compagnie turque Hicri Ercili Deniz Nakliyat.

Je vous propose également une photo du petit chimiquier OLD WINE, à ne pas confondre avec le pinardier du même nom vu tout récemment à Palerme par Benoît Donne. En tout cas, même si sa coque est peinte en blanc et qu'il s'agit d'un joli petit navire, je refuse de goûter au nectar qu'il transporte, ce n'est sûrement pas du vin ! Sinon, j'ai trouvé que l'Italie était bien présente dans la flotte des chimiquiers, que ce soit par ses chantiers navals ou ses compagnies maritimes.
 



Les porte-conteneurs

Le port d'Istanbul reçoit régulièrement des porte-conteneurs qui font, ici comme ailleurs, des escales express. Voici par exemple l'accostage du ITAL ORIENTE, photographié depuis le ferry qui relie Kadiköy sur la rive asiatique à Eminonü sur la rive européenne et qui traverse le port de commerce en passant devant l'imposante gare D'Haydarpasa. D'autres transitent par le Bosphore et relient les ports de la Mer Noire avec ceux de la Méditerranée, ou bien viennent de beaucoup plus loin. Parmi ceux que j'ai sélectionnés, le MAERSK KENSIGNTON, photographié depuis l'hôtel, est un chanceux puisqu'il a échappé de peu à une attaque de pirates au large de la Somalie en mars 2011. Le ZIM COLOMBO est un habitué. En trois séjours à Istanbul, je l'ai vu trois fois. Le MEDAZOV VICTORIA est répertorié comme cargo de divers mais vous reconnaitrez que vu son chargement du jour, je le considère plutôt comme un "Feeder Ship". Le ANGELA, lui, est bel et bien un feeder!


GENOA BRIDGE




Les Vraquiers

Nous nous approchons du plat de résistance, enfin, du mien! Mais avant ça, faisons une étape par les vraquiers. Je les classe en deux catégories : ceux qui sont des vraquiers de toute évidence et ceux qui sont des vraquiers parce que typés comme tels mais qui ressemblent davantage à des cargos de divers. Je commence par les premier nommés. Il s'agit le plus souvent de navires classés comme handysize et handymax, dotés de cinq cales et quatre grues, assez ressemblants esthétiquement. Normal, ils ont souvent été fabriqués en très grande séries, comme le DAI SHAN HAI, photographié depuis le balcon de l'hôtel, qui a près de 250 frères jumeaux !
Il en passe un nombre important chaque jour, je vous en propose une courte sélection. Le GREBE BULKER, je l'avais déjà vu lors de mon dernier passage par le Bosphore en octobre dernier. Le LADY SADIKA, lui, est typique de ces innombrables bulkers made in Japan construits dans les années 80. Quant au ARTEMIS, également de facture japonaise, je l'avais photographié à Pasajes en 2005 sous son ancien nom ANTALINA. Il n'était pas en très bon état. En septembre 2008, il avait subi les assauts de l'ouragan Ike dans le golfe du Mexique, en panne de machine et à la dérive, il avait fort heureusement pu être pris en remorque et sauvé. Le revoici donc en 2012, sous de nouvelles couleurs et en très bon état. Je termine par une unité plus moderne et qui doit fréquenter les grands lacs puisqu'il s'agit du FEDERAL SHIMANTO.
La seconde partie des vraquiers concerne des navires de plus petite taille dont certains ressemblent (à mon avis) davantage à des cargos de divers, en particulier par leur allure et leur mâture classique.
Le BRAVE WARRIOR est issu de la fameuse série des "10", petits vraquiers conçus à partir de 1972 sur plans néerlandais, dotés d'un château massif encadré par deux cheminées dont une fictive. Des navires pas très joli mais très robustes puisqu'à ma connaissance, ils sont, malgré leur grand âge, encore tous en service.
Le AMBER est bien plus récent. Sa silhouette me dit quelque chose. Logique, je l'ai vu à Bayonne le 22 septembre 2010 sous le nom de OCEAN VITA.
Le ADI I, âgé de 34 ans a belle allure. Il est doté d'un imposant château qui doit contenir un grand nombre de cabines.

J'ai photographié le BELIZE CITY le matin de mon départ. Il était ancré en mer de Marmara. Comme je me trouvais à bord d'un ferry rapide dont les vitres sont teintées et à bord duquel il est interdit de mettre le nez dehors, la photo est très moyenne mais j'étais heureux de revoir un ancien membre de la série des KAPITONAS, jolis vraquiers lithuaniens qui fréquentaient encore nos ports il n'y a pas si longtemps.

J'avais photographié le CELAL AMCA au mois d'octobre dernier du même endroit, mais il naviguait dans le sens opposé, était chargé et puis, il faisait nettement moins beau !

Pour terminer la série des vraquiers, en voici deux qui me plaisent tout particulièrement avec leurs mâts de charge et leur air rétro. Le HACI ALI SARI qui en termine avec la descente du détroit et le MARIA K, dont je n'avais pas tiré un aussi bon portrait l'an passé. Lui aussi entre en mer de Marmara, mais je l'ai photographié depuis la rive européenne, au pieds du Palais Topkapi.



Les cargos

Il en passe beaucoup, et grand nombre d'entre eux sont gréés. Quel régal. Honneur au pays hôte, commençons par les cargos battant pavillon turc. Il s'agit souvent de petites unités de moins de 100 m et de faible capacité de transport, gréées avec des mâts de charge, comme le KUMDAS, le superbe KALE NAKLIYAT-2, le KUMDAS 2, le ALI BEY 2, le KAAN SONAY, le MUSTAFA AMCA, le NAZIM IMAMOGLU ou le OMERBEY-I. Il est difficile de leur donner un âge puisque, quelle que soit leur année de mise en service, ils se ressemblent beaucoup : Petit château de deux ponts à l'arrière, poupe arrondie ou tableau arrière triangulaire, étrave élancée avec gaillard d'avant, deux mâts équipés de plusieurs cornes de charge. Ils remontent ou descendent le Bosphore quasiment tous les jours, reliant les différents ports de l'agglomération stambouliote, remontent parfois en mer noire jusqu'à Kerch, Varna, Constanta, Taganrog ou Novorossiysk, ne dépassent presque jamais les confins de la mer de Marmara au sud. Ils sont vraiment sympa à regarder et j'aimerais mieux voir ce type de bateau à Bayonne plutôt que ces innombrables caboteurs sans âme que le port reçoit chaque semaine. Mais c'est ainsi.

Continuons dans la série des cargos battant pavillon turc, mais avec des unités qui se distinguent des premières par des dimensions plus importantes. Sinon, on identifie leur origine au premier coup d'œil. Il y a indéniablement un style turc, quel que soit le chantier de construction, comme le prouvent le AKAYLAR II, le SUKRAN S. et le FAHRI EKSIOGLU.
Quant au SEHER YILDIZI qui a perdu ses mâts de charge au printemps 2011 et au CATHARINA 1 dont la coque a été repeinte en noir depuis le mois d'octobre dernier, ils sont toujours armés par des compagnies turques mais ils naviguent sous pavillon étranger.
Le massif HAYDAR DEVAL a, lui-aussi, vu le jour à Istanbul. Pourtant, son style ne correspond pas vraiment aux standards classiques des chantiers navals turcs. Et, malgré la féconde activité de la construction navale locale, certaines compagnies achètent des bâtiments sur le marché de l'occasion, comme par exemple le HACI ARIF KAPTAN, dont le style trahit son origine japonaise. Je l'ai photographié depuis ma chambre, en fin de journée lorsque le soleil couchant commence à embraser le ciel. Un spectacle dont on ne se lasse jamais, surtout devant le Bosphore !
N'allez pas croire qu'on ne voit que des cargos "à l'ancienne" sur le Bosphore, mais l'objectif de l'appareil du photographe, et surtout son cerveau, ont une prédilection pour les cargos dits de divers, dotés de mâts de charge voire de grues. Et cette année, j'ai été servi. Ce chapitre est donc mon préféré mais c'est aussi un chapitre un peu triste car les navires présentés sont souvent âgés et lorsque je les photographie, j'ignore que parfois ils sont en route vers les chalumeaux d'Aliaga ou d'ailleurs. Alors il faut bien ouvrir les yeux car c'est peut être la dernière fois qu'on peut les contempler en service.
Dès le premier matin, à 6h00, mon réveil interne a parfaitement fonctionné. Je savais que le AMR R (Ex PIONER YAKUTII) était à l'ancre à l'entrée nord du Bosphore. Un coup d'œil sur Marinetraffic pour confirmer mon intuition : Bingo ! Il vient d'attaquer la descente. Il en a environ pour 1h30 et moi de même pour déjeuner et me préparer. Il sera donc le premier cargo photographié de mon séjour. La lumière matinale est particulièrement douce ce lundi 16 juillet. Depuis mon poste d'observation, situé dans le quartier d'Usküdar, près de la tour de Léandre, on jouit d'un fantastique point de vue sur l'entrée sud du détroit avec au second plan la cité historique. Des tables sont installées et on peut admirer le spectacle pendant des heures en sirotant un thé, loin de l'agitation de la rive européenne et des touristes qui arpentent la moindre ruelle. Par contre, regardez bien la tour bleue et blanche au second plan sur la première photo, parce que le lendemain... elle était en flammes ! Remake turc de la tour infernale qui n'a, heureusement, fait aucune victime.

La tour infernale !

Je pensais que, comme il venait de Novorossiysk, le AMR R transporterait des paquets de bois scié, ça n'était pas le cas. Le petit SUNRISE R, lui en avait chargé avec une vingtaines de tracteurs agricoles en prime.
De retour à l'hôtel, Marinetraffic m'informe que le TK VENICE est tout proche. Flute ! Juste le temps de foncer vers le quai le plus proche pour le photographier. Hélas, ce n'est pas le meilleur point de vue. Il est loin et ma photo est un peu floue. Il avait pour destination Montoir de Bretagne, preuve qu'après l'incident du TK BREMEN, la compagnie Adriyatik Gemi Isletmeciligi d'Istanbul n'est pas rancunière. Des colistiers l'ont-ils vu sur la Loire ?
Le EL HOSS (1969) est l'une des plus anciennes unités de ce type encore en service dans la région. J'espérais bien le voir. Le premier rendez-vous est en partie manqué, il est passé en toute fin de journée. Un seul cliché exploitable. Ce que je ne savais pas encore c'est que lui et moi, c'était partie remise...

En attendant, je vous propose d'autres belles rencontres, comme avec le PERA, joli petit cargo de 1971 construit en finlande pour le compte de l'URSS, ou le ARADOS H, l'un des survivants de cette belle série de cargos réalisés par les chantiers japonais Shimanami à Imbari pour le compte de l'armement Klaus Oldendorff, et dont, à l'origine, le nom commençait par NORD. Il y avait les NORDMARK, NORDHOLM, NORDHEIM, NORDFELS. A l'heure où j'écris ces lignes, jeudi 09 août après-midi, le ARADOS H (Ex NORDHOLM) a descendu le Bosphore en provenance de Kerch et est allé mouiller en Mer de Marmara. Dans Equasis, son statut est "To be broken up" ! Alors que les shiplovers sur place en profitent car il semble qu'il va rapidement mettre le cap vers un chantier de démolition...

C'était le cas avec le LUOAY-K, que j'ai photographié le 18 juillet. J'aurais du m'en douter car la plupart du temps, les cargos descendent le Bosphore les cales chargées et lui était lège. Malgré son état d'entretien apparemment irréprochable, c'était bien son dernier voyage. Selim San l'a photographié quelques jours plus tard échoué à Aliaga. (Merci Yvon pour l'info - Publication de la photo avec l'aimable autorisation de Selim San).

Il y a plusieurs ports de commerce dans l'agglomération d'Istanbul. Le principal est situé dans le district de Kadiköy, sur la rive asiatique. C'est là que les porte-conteneurs chargent et déchargent leurs boites multicolores. Un peu plus au sud, près de la grande gare d'Haydarpasa, j'ai photographié ces cargos réfrigérés depuis le ferry qui assure la liaison Kadiköy-Eminonü. Ils sont quatre, à couple deux par deux, tous armés par la compagnie polonaise Green Management de Gdynia, immobilisés depuis plusieurs mois. Il y a Le GREEN CHILE, le GREEN ITALIA, le GREEN MAGNIFIC (Hervé nous avait fait visiter l'un de ses sistership à Brest en octobre 2009, le GREEN MUSIC) et le GREEN GUATEMALA. Ces deux derniers étant les plus visibles, les voici donc...
 



Les fluvio-maritimes

Abandonnons les cargos gréés pour quelques instants, le temps de dire deux mots sur les fluviomaritimes. Si la flotte russe, ou devrais-je dire Ex-soviétique, m'a particulièrement fasciné, avec ses belles séries de cargos construits depuis la fin des années 60 jusqu'à l'orée des années 80, des navires à taille humaine dotés de puissants mâts de charge avec château arrière ou trois-quarts arrière pour les plus anciens, on peut dire que les cargos qui composent la flotte marchande des pays de l'Est, Russie et Ukraine en tête, se singularisent aujourd'hui par la platitude (au sens propre comme au sens figuré) de ses navires. Et comme ils sont très nombreux à emprunter le Bosphore, je vous en montre quand même quatre exemplaires avec le SORMOVSKIY 36, le VOLGO BALT 246, le LADVA et le SOLKA-2. Ce dernier bât pavillon moldave mais il s'agit de l'ex VOLGO BALT 126.




Attaquons la dernière ligne droite de cet ultime chapitre. Tout d'abord deux cargos "Made in Japan" typiques des années 80. Un classicisme certain dans la conception. Le MARWAN.A vu depuis "mon" balcon et le SITHONIA, photographié depuis un ferry.
S'il date de la même époque, le CEVAHIR, lancé par les célèbres chantiers Jj Sietas de Hambourg, correspond à un style plus actuel.
A l'origine, le PIRIREIS était doté d'une double grue centrale qui a été déposée il y a quelques années (4 tout au plus). Il a,, malgré tout encore bien fière allure !
En provenance de Sébastopol (Ukraine) le superbe CAPTAIN JOHNNY, que j'avais noté dans ma liste des navires à suivre, avait mouillé une ancre le 20 juillet au soir à l'entrée nord du Bosphore, et, comme d'autres navires, il devait attendre le changement de sens du trafic pour amorcer la descente. A 5h00 du matin, je me réveille en sursaut. Marinetraffic m'informe qu'il n'est plus très loin de moi. Dans une demi heure tout au plus il va passer devant l'hôtel. Je jette un œil sur la balcon, il fait encore nuit. Aïe! (En réalité, j'ai pensé un autre mot que la décence...) Ca ne va pas le faire. Inutile de descendre au bord du détroit, je vais l'attendre ici, en espérant un miracle de l'astre solaire. Lors de son passage, je l'ai mitraillé en modifiant à chaque fois les réglages de mon réflex. Je n'ai pu en tirer que cette photo bien médiocre. A noter que ce cargo, construit par les chantiers néerlandais Amels Holland, n'a eu à ma connaissance aucun sistership et qu'il dénote assez des cargos construits par ces mêmes chantiers dans les années 80. Je vous propose une meilleure photo prise au nord du Bosphore par Neil Burns pour que vous appréciiez mieux les lignes de ce cargo.
  Vous souvenez-vous de ma première rencontre un peu manquée avec le EL HOSS ? Et bien le dernier après-midi de mon séjour, le 21 juillet donc, alors que je prenais le ferry pour regagner la rive asiatique, j'ai eu la surprise et la chance de le revoir, et qui plus est de très près, alors qu'il amorçait la remontée du détroit. Le ferry a même dû ralentir pour le laisser passer. 43 ans ! Pas mal non ? Il sera ma cerise sur le gâteau !  
Le matin du départ, comme je l'ai écrit plus haut, j'ai pris un ferry rapide depuis la gare maritime de Kadiköy jusqu'à celle de Bakirköy. Cette liaison comprend une escale à Yenikapi où j'ai photographié cette brochette de minuscules caboteurs turcs. Lorsqu'on approche de Bakirköy, on traverse une partie du mouillage de la mer de Marmara. Là, c'est le pied intégral. Vraiment dommage qu'il soit impossible de profiter du spectacle depuis le pont du ferry. Les photos qui suivent sont donc quelque peu médiocres mais elles vous donnent un aperçu de ce qu'on peut y voir. D'abord ce trio de cargos gréés ancrés côte à côte parmi lesquels nous reconnaissons le PRINCESS JUANA K (IMO 7806881), le VENATOR (IMO 8507470), le KAPTAN ILYAS KALKAVAN (IMO 8212350). Au premier plan un petit caboteur que la mauvaise qualité de la photo ne permet pas d'identifier. Je donnerais cher pour avoir ce genre de tableau à contempler au large de Bayonne !
Le ferry passe tout près du SENER 1, puis du MAXAL ZITA que j'avais vu passer au pied de la mosquée bleue en ouvrant mes rideaux trois heures plus tôt. Le KOUROCH PIONEER est là depuis un bon moment. Est-il en vente ? Attend-il son départ vers les chalumeaux ? J'opte avec optimisme pour la première proposition puisque, d'après Equasis, il vient d'être rebaptisé CHORON pour le compte d'une compagnie russe de Nakhodka. Un long voyage en perspective s'il va poursuivre sa carrière vers la mer du Japon...
Mais qui vois-je un peu plus loin ? Mais oui, c'est bien le HASSAN D que j'avais manqué au mois d'octobre parce que passé la nuit tombée. J'adore cet élégant petit cargo. Cette fois, il fait grand jour mais il est très loin, trop loin. Je dois zoomer au maximum. Avec la vitesse du ferry et les vitres teintées, le résultat n'est pas brillant. Il joue avec mes nerfs celui-là ! Alors, puisque c'est ainsi, je reviendrai ! Et la prochaine fois, je l'aurai. Je l'aurai un jour !
Trêve de plaisanterie. Avec le HASSAN D s'achève cette nouvelle semaine à Istanbul, que je quitte les yeux humides. J'aime cette ville, son atmosphère, ses accueillants habitants, sa lumière, ce Bosphore totalement magique, qui plus est sous le soleil. Alors n'hésitez-pas et si vous avez besoin de tuyaux, hôtels et restaurants avec vue sur le Bosphore, points d'observation des navires, je suis à votre disposition...
Mise en page Pierre-Yves Chauvel, 15 août 2012 - Documentattion Gwénaëlle Guedez

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