L'histoire de la compagnie maritime FESCO (Far Eastern Shipping Company) commence avec le premier voyage du vapeur MOSKVA en avril 1880, entre Odessa et Vladivostok. La FESCO est aujourd'hui la plus importante compagnie maritime de la Fédération de Russie. Malgré la crise actuelle qui affecte particulièrement les compagnies maritimes russes, elle dispose encore d'une flotte de 52 unités composée de cargos polyvalents, de porte-conteneurs, de vraquiers, de navires Ro-Ro, de supplies et de brise-glaces, dont certains à propulsion nucléaire. Les ports les plus souvent fréquentés sont ceux de la façade orientale de la Russie, du Japon, de la Corée, de la Chine, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et de la côte occidentale des USA sur l'Océan Pacifique. Depuis quelques années, la FESCO essaie d'ouvrir de nouvelles lignes et de développer son activité autour de l'Europe Occidentale. Un accord de partenariat a même été passé avec la CMA-CGM. Tout ceci explique pourquoi le cargo IGOR ILINSKIY, immatriculé dans le lointain port russe de Vladivostok a fait escale à Bayonne, entre le samedi 24 et le mercredi 28 juillet 2010.

Le IGOR ILINSKIY est arrivé samedi 24 juillet en fin d'après midi, en provenance de Damietta (Egypte) avec 6736 tonnes de phosphates naturels. J'ai manqué l'événement mais heureusement, l'ami Miguel Rodriguez était dans les parages, il a pu prendre le relais et photographier la manœuvre d'accostage de ce visiteur exceptionnel.

De retour à Bayonne, j'ai pris contact avec l'agent du navire qui a demandé pour moi au commandant l'autorisation de monter à bord pour faire quelques photos. Le mardi 27 juillet à 10h30, j'ai donc été accueilli en haut de la coupée par le commandant Andrey Tsyba qui m'a invité dans sa cabine où nous avons bavardé un moment. Avant de commander le IGOR ILINSKIY, le commandant Tsyba avait la charge du porte-conteneur DELMAS FILAO, l'un des porte-conteneurs de la FESCO affrété par la CMA CGM.

Le commandant Tsyba, m'a offert le DVD édité pour le 125^ème anniversaire de la compagnie FESCO puis m'a fait visiter la passerelle de navigation. J'ai ensuite visité la cuisine où les deux femmes du bord préparaient le repas de midi.
L'équipage est composé de 18 hommes et de deux femmes qui ont en charge la préparation et le service des repas. Tous sont russes et originaires de la région de Vladivostok. Les embarquements varient de 4 à 6 mois. La relève est ensuite effectuée et le retour vers Vladivostok organisé par avion.

P.C.

Portes de carter

parquet des culasses

Le moteur principal est un modèle B&W 6L42MC, fabriqué par Bryanskiy Mashinostroitelnyy Zavod (BMZ). Il compte 6 cylindres, alésage 420, course 1360, développant 5 119 kW à 108 tr/min. Il entraîne une hélice à pas variable. C'est un peu étonnant ce moteur fabriqué à Bryansk pour un navire construit en Espagne.
La production électrique est assurée par trois groupes de 400 kW.

un groupe

Chaudière

Le IGOR ILINSKIY transporte le plus souvent du bois scié entre la Russie ou la Scandinavie et l'Afrique du Nord. Après Bayonne, il rejoindra d'ailleurs la Suède pour charger des planches de sapin commandées par le port algérien de Bejaia.
Il va prochainement entrer en cale sèche à Tallin (Lituanie) pour y être révisé et repeint.
Je suis remonté saluer et remercier le commandant Tsyba avant de quitter le bord. Le navire était entouré d'un impressionnant nuage de poussières de phosphates.

Petit problème cependant. Le guindeau électrique du cargo ne parvient pas à virer l'ancre tribord qui avait du être mouillée lors de la manœuvre d'accostage pour servir de point d'appui tant le courant était fort et empêchait le cargo de se coller contre le quai. Il est donc nécessaire de légèrement bouger le cargo russe à l'aide du remorqueur et de la pilotine Saint-Bernard. Bientôt tout rentre dans l'ordre et le IGOR ILINSKIY est déhalé du quai.

Le commandant Andrey Tsyba jette un dernier regard au port de Bayonne. La manœuvre d'évitage ne pose aucun souci et le IGOR ILINSKIY se retrouve cap vers l'embouchure de l'Adour, accompagné un moment par le BALEA.

La barre passée, nous récupérons le pilote et le IGOR ILINSKIY met le cap vers le large.
C'était un faux russe me confie François Cazeils en montant à bord de la vedette IZURDIA. Certes on retrouve l'avant de brise glace et une certaine rusticité mais son moteur et son hélice à pas variable ne font pas très russe!