L'île de Minorque est située sur la route maritime de Marseille à Alger. Mistral et tramontane lèvent des mers énormes qui battent les falaises déchiquetées de la côte nord.
Minorque, c'est aussi, et fatalement, l'île des naufrages : la liste en est impressionnante. Fin 19ème siècle, seul, au plein nord, le cap de Cavalleria, était équipé d'un phare.
De nuit, par brouillard ou gros temps l'approche des côtes a été fatale à de nombreux navires. Le 10 février 1910 le paquebot Général Chanzy, Cie Générale Transatlantique, en route de Marseille à Alger, de nuit, par très forte tempête est venu littéralement s'écraser sur les falaises de la Punta Nati, à l'extrême nord ouest de l'île. J'ai parcouru à pied ce lieu farouche et désolé, au sol dénudé : les roches menaçantes au pied de falaises abruptes ne laissent aucune chance de salut aux navires en perdition et à leurs passagers.
Le Général Chanzy s'est rompu immédiatement engloutissant 156 personnes. Un seul survivant a pu témoigner de la soudaineté du désastre. |
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La population, très choquée, et les autorités locales, se sont mobilisées pour recueillir les corps des victimes. Spontanément, la décision a été prise d'ériger un monument commémoratif au cimetière de la ville de Ciudadella. Autre décision la construction d'un phare à la Punta Nati, paysage toujours aussi farouche mais une lumière salvatrice y brille depuis 1917. |
L'équipage mécanicien |
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La recherche des corps |
La mémoire de cette catastrophe est encore honorée localement. Une croix dominant le site a été posée pour le 75ème anniversaire.
La ville de Ciudadella a organisé une exposition pour le centenaire. Le souvenir de ce drame, ainsi que d'autres semblables, est pieusement entretenu par la presse et les chroniqueurs locaux. |
L'équipe de surveillance |
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Rappelons les liens particuliers qui ont unis Minorque et la France: occupation française de 1756 à 1763, bien accueillie après 48 ans d'occupation anglaise.
Relais maritime et logistique lors de la conquête de l'Algérie, commencée en 1830 et suivi d'une colonisation à laquelle participèrent de nombreux paysans minorquins, apprécié pour leur ardeur au travail de pionnier.
Minorque et Majorque, peuple de paysans et marins ont entretenu des relations maritimes et commerciales avec les ports français à partir du 18ème siècle: chabecs au gréement latin comme nos tartanes puis pailebots plus modernes gréés en goêlettes. J'ai vu ces derniers voiliers de charge, motorisés, fréquenter le vieux port de Marseille, devant la criée, chargés de vin, oranges, huiles... jusqu'à la fin des années cinquante. Le parler catalan et le provençal sont langues romanes soeurs ce qui favorisé les échanges.
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