Portrait d'une jeune officier de la marine marchande

Sur quelques unes des photos du reportage Léon Thevenin, on peut apercevoir une jeune femme, dont certains se demandent ce qu'elle fait là. Il s'agit de Benedicte Le Vourch, Chef de Quart de Navire de mer, qui nous guidait pour la visite du navire dont elle est un des officiers. .

Bretonne de 26 ans, Benedicte a toujours aimé la mer et pratiqué la voile, mais n'avait pas envisagé tout de suite de devenir marin. Après son baccalauréat scientifique elle a donc commencé des études universitaires et passé un DEUG en biologie.
Pas satisfaite par cette voie elle a commencé son année de licence tout en préparant par correspondance le concours d'entrée dans les Ecoles de la Marine Marchande. Reçue au concours, elle a fait ses trois années à l'école du Havre, pour obtenir le diplôme d'Elève Officier.

Pour transformer le diplôme en brevet, il faut naviguer.


(photo Pierre Hebert, pour www.photos-de-navires.com)

Un premier embarquement c'est un grand moment dont un marin garde le souvenir. Pour Benedicte c'est le "Fort Royal" au Havre, bananier de la Cma-Cgm. Pendant deux mois elle va faire des rotations Antilles - Le Havre.

C'est une heureuse découverte, qui ne la déçoit pas, bien au contraire. D'abord un mois à la passerelle, puis un mois à la machine. Un peu inquiète d'avoir à affronter la mécanique Benedicte découvre que c'est passionnant et se familiarise vite avec cet environnement impressionnant. Un premier contact enrichissant qui la conforte dans son désir de faire une carrière d'officier.

"J'ai vraiment été très impressionnée en regardant le Fort Royal du quai avec son étrave en surplomb.A bord les dockers s'affairaient a saisir les conteneurs. J'en avais déjà plein les yeux...et aussi plein les oreilles!
J'avais tout à apprendre,tout m'a plu.
Le plus dur a été de débarquer."

Ensuite elle est embarquée par France Télécom Marine sur le Léon Thevenin, à Brest.
L'organisation du service est: travail à la machine pendant les séjours à quai, à la passerelle en mer. Ce qui lui plaît surtout ce sont les missions, être en mer et participer au travail si particulier d'un câblier. Ceci lui a donné l'opportunité de se former au positionnement dynamique, complément de qualification intéressant.
     
Projets, perspectives: une femme souhaite bien sûr pouvoir concilier carriére professionnelle et vie de famille. Benedicte souhaite d'abord naviguer, mais après un temps de navigation au long cours elle tâchera d'orienter sa carrière autrement. Les possibilités sont diverses: les ferries, le remorquage, le cabotage, voire le pilotage ou d'autres services.
"Je n'ai vraiment pas l'intention d'arrêter de naviguer. Je pense qu'il est tout à fait concevable d'allier vie de famille et profession de marin.
C'est juste une question d'organisation".
Dans l'immédiat il faut compléter le temps de navigation de 8 mois, partagé entre services pont et machine, afin de pouvoir faire la quatrième et dernière année d'école et accéder au brevet de capitaine.
Le contrat en cours avec FT Marine se termine et Bénédicte recherche un autre employeur.
La large dominante masculine peut être difficile à vivre pour une femme ?
"D'un point de vue social, je pense, et on me l'a souvent fait remarquer, que la présence de femmes à bord tend, en quelque sorte, à 'apaiser les moeurs', contrairement à ce que la plupart des personnes extérieures pensent. En ce qui concerne le travail, nos erreurs sont d'autant plus remarquées et si l'on veut se faire respecter, alors c'est une très bonne école pour apprendre vite."