Philippe Cauvin, commandant le DANIEL LAVAL

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Au cours de l'arrêt technique de son bateau à Brest en octobre 2006 nous avons rencontré Philippe Cauvin. Il arrive bientôt au bout d'une carrière bien menée, voici le résumé de sa vie de marin :


Venant d'une famille qui ne compte pas de marin il découvre le milieu maritime grâce à un stage d'initiation de six semaines. Il termine ses études générales par une Première S, puis s'engage dans la filière marine marchande en passant un diplôme de Chef de Quart à l'école de Saint Malo. Puis il continue cette filière en passant ses trois années de formation à Nantes et Saint Malo, pour aboutir au brevet de capitaine : C2NM.

Les études alternent avec la navigation et le jeune Philippe a commencé par un embarquement de stagiaire à la NCHP qui dura huit mois. Comme il le souligne "stagiaire" ça peut être n'importe quoi, on n'a pas de fonction définie et suivant les circonstances et l'entourage la vie peut être bien différente. Pour Philippe cela s'est bien passé et l'a conforté dans son désir de faire ce métier.

Sortant du cours de Chef de Quart il embarque comme Elève à la d'Orbigny à bord du LUCHON. Il est promu lieutenant une semaine plus tard à bord d'un navire affrété, le grumier LA BEGUDE, qui le conduira tout autour du monde en huit mois. C'est la navigation au long cours dans ce qu'elle a de plus folklorique. Voyage inoubliable, de Dunkerque à La Rochelle, mais en passant par l'Irak, Singapour, Bornéo, les Iles Salomon, le canal de Panama. Traversée du Pacifique sans autre instrument que le sextant.

Après la 1ère année de la filière C2NM, Philippe rejoint le pétrole à la SFTP. Il y fait plusieurs embarquements de lieutenant, tantôt Pont, tantôt Machine. Mais il n'y trouve pas un genre de navigation ni des relations humaines qui lui conviennent et il oriente autrement sa carrière.

Après sa 2ème année de cours il recherche une compagnie qui lui ouvre l'accès à un commandement au cabotage, mais c'est à la FISH que se présente une opportunité. Cette compagnie était alors en plein essor avec 16 navires en commande. La navigation à l'offshore pétrolier lui convient bien. "J'aimais le coté actif et dynamique, les missions variées." dit-il.

Avec son brevet de C2NM en poche il continue donc un moment à la FISH. Mais, un peu déçu par une mission monotone et pénible, et soucieux de réussir sa vie familiale aussi bien que sa carrière, il envisage la navigation portuaire et demande un congé sans solde de six mois malgré une promotion de Chef mécanicien. "J'étais captivé par mon métier à l'offshore, mais il fallait faire un choix et préserver ma famille." C'est ainsi que Philippe arrive à Dragage Ports en 1983 après avoir goûté à des navigations bien différentes.
Le dragage : le premier contact est décevant, à bord d'une vieille drague fixe, dans une ambiance de travail désagréable. Mais très vite Philippe est nommé Second sur la PAUL BARILLON, une drague de Rouen. J'y retrouve, la structure et l'organisation d'un navire telles que je les avais connues. Le dragage à cette époque ne disposait que d'équipements rudimentaires, en particulier pour le positionnement. L'évolution va commencer assez vite. De 1984 à 1988 il va commander la RENE SIEGFRIED, drague spécialisée dans le refoulement des matériaux à terre. Le positionnement précis par systèmes radios apparaît.

En 1988 Philippe Cauvin fait une parenthèse d'un an en acceptant le poste de Capitaine d'armement pour le dragage à Rouen. Fonction intéressante avec 400 marins à gérer mais, dit Philippe "Le métier à bord me manquait. Je sentais que j'avais encore beaucoup de choses à faire aboutir dans mon métier de marin". Pendant plus de 10 ans il va commander le PAUL BARILLON, navire ancien sans automatismes. Cette période il va la mettre à profit pour réfléchir à toutes les nouvelles techniques permettant d'améliorer le rendement du navire, l'ergonomie et les conditions de vie à bord, tout en "se battant pour lutter contre le vieillissement du bateau".
Il va pouvoir mettre en application toutes ces réflexions en participant activement à la conception et à la construction d'un nouveau navire en Espagne : la DANIEL LAVAL. Les navires deviennent très sophistiqués, avec des moyens électroniques et informatiques puissants. La position du navire et de son outil de dragage, l'élinde, sont réglés au centimètre près pour obtenir le meilleur rendement. Les résultats sont probants. La préoccupation première est toujours d'optimiser l'outil et son rendement, mais cela passe par une bonne adéquation navire - équipage. Au dragage, contrairement à d'autres navigations, on travaille pendant des années avec les mêmes personnes et il est important de créer une véritable équipe compétente, efficace et satisfaite de son travail.

Philippe Cauvin envisage son départ en retraite prochain avec sérénité. Il est heureux d'avoir pu concilier un métier qu'il aime et une vie de famille normale. Il a goûté à beaucoup de navigations différentes et a trouvé au dragage une activité passionnante, moderne et riche en rapports humains.

Marine-marchande.net lui souhaite une bonne fin de carrière et le remercie d'avoir bien voulu répondre à nos questions.