Navire câblier, et dépollueur, Ile de Bréhat

En dehors de ses missions de réparations sur des câbles endommagés ce navire est inoccupé, à quai, prêt à appareiller. L'idée a donc germé de l'adapter à une autre mission éventuelle, le pompage et la récupération de nappes d'hydrocarbures en cas de pollution en mer. L'armateur a présenté l' ILE DE BREHAT pour répondre à l'appel d'offres de l'Agence Européenne de Sécurité Maritime, qui l'a retenu. Les travaux d'adaptation ont été réalisés à Brest par le chantier Sobrena, et par les marins du bord.
Deux systèmes de récupération peuvent être mis en oeuvre : soit des bras disposés de chaque côté de la coque, soit des barrages flottants.
Chaque bras est mis à l'eau par une grue et maintenu en position, presque perpendiculaire à l'axe du navire. Le navire fait route à petite vitesse et une pompe récupère le polluant.
Un barrage flottant peut être filé par l'arrière, et allongé par un remorqueur pour former une poche enfermant une nappe de polluant. Une pompe, soutenue par trois flotteurs, est mise à l'eau dans cette zone et écrème la surface.
Dans les deux cas, le liquide récupéré est envoyé dans deux cuves réchauffées où il va décanter. L'eau est évacuée et les hydrocarbures conservés pour déchargement à terre. Quand le liquide pompé contient beaucoup d'eau il passe d'abord dans un séparateur pour concentrer le polluant et diminuer le volume d'eau à stocker.

Les cuves de stockage

Avant
Après

Les deux plus grosses cuves de stockage de câble, qui servaient quand le navire faisait de la pose, ont été transformées en cuves de stockage de liquides. Le chantier Sobrena a installé un plafond et soudé des renforts, les contraintes dues à un chargement liquide étant plus grandes. La capacité obtenue avec les deux cuves est de 4 000 m3. Le sommet reste disponible pour un peu de câble. Avant on pouvait jouer au basket dans la cale à câbles, maintenant on pourrait peut-être jouer au palais !

Tyautages des pompes
Commandes hydrauliques
Détecteur d'huiles
Détecteurs de gaz
Viscosimètre et mesure du point d'éclair
Chaudières
Clarinette de réchauffage

Pour pouvoir manipuler en toute sécurité des hydrocarbures il a fallu des équipements supplémentaires. Chaque cuve a reçu 3 pompes immergées hydrauliques. Deux chaudières électriques chauffent de l'eau, qui circule dans des serpentins pour réchauffer le contenu des cuves. Ceci faciliterait la décantation et assurerait la fluidité nécessaire. Le navire disposait déjà d'une grosse puissance électrique et hydraulique capables d'alimenter ces nouveaux appareils. Il a fallu aussi augmenter la ventilation et surveiller l'atmosphère dans les locaux attenants aux cuves.

Vue au radar
Ventilateur ajouté, marqué d'une croix
Grue hydraulique
Ensemble du pont arrière

Pour détecter les nappes de pollution un radar a été adapté spécialement, il est capable de voir la différence d'aspect de la surface polluée, comme sur cette saisie d'écran. Une nouvelle grue hydraulique a été ajoutée pour manipuler le bras récupérateur tribord. La grue principale est utilisée pour le bras babord. Les photos ci dessous m'ont été données par le Commandant Massac.

On voit ici la mise en place des bras récupérateurs. La pompe se trouve dans la partie touchant la coque
Le séparateur, la pompe flottante, les tourets de barrages ...
Les gros équipements mobiles sont stockés à terre : les bras récupérateurs, les barrages, le séparateur. En cas d'intervention le navire doit tout embarquer et appareiller dans un délai de 12 heures. La mise au point des matériels et l'apprentissage de leur utilisation se fait par des exercices grandeur nature.
       

En mer avec tout le matériel à bord.

Mise à l'eau du barrage

La pompe d'écrémage soutenue par ses flotteurs

Un remorqueur déployant le barrage.

Souhaitons que l' ILE DE BREHAT n'ait jamais l'occasion de se servir de tous ces équipements, en tous cas il est prêt à faire de son mieux si besoin.
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