Retour des bananes de Martinique et Guadeloupe à Dunkerque à bord du CMA CGM FORT ST PIERRE (08.04.2008) Françoise Massard |
Après six mois d'absence, la Banane de Guadeloupe et Martinique, communément appelée BGM, a fait son retour officiel au Port Autonome de Dunkerque (PAD) ces 7 et 8 avril 2008. En effet, le service régulier de transport bananier entre les Antilles et la France était interrompu depuis le 17 août 2007, date à laquelle le cyclone Dean a détruit la totalité des plantations de Martinique et plus de la moitié des plantations de Guadeloupe. Avant le cyclone, le transport bananier entre les Antilles et Dunkerque était de l'ordre de 250 000 t/an. Quatre porte-conteneurs réfrigérés de la CMA CGM (Marseille) assurent le service hebdomadaire (arrivée à Dunkerque tous les lundis) : les sister-ships CMA CGM FORT ST GEORGES - CMA CGM FORT ST LOUIS - CMA CGM FORT STE MARIE et CMA CGM FORT ST PIERRE (cf. ci-dessous). Heureusement, grâce au dynamisme de ses acteurs, la filière bananière a su se relever de cette catastrophe naturelle, et le premier porte-conteneurs chargé à plein en provenance de Fort-de-France, le CMA CGM FORT ST PIERRE, est arrivé le 07.04.2008 dans le port nordique. Le savoir-faire des planteurs a permis de retrouver l'excellente qualité initiale de la BGM et, bien sûr, la reprise de la pleine activité du Port Autonome de Dunkerque. |
Voici donc le CMA CGM FORT ST PIERRE à quai à Dunkerque le 8 avril (Crédit Photo : PAD). |
Principales caractéristiques |
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Les 700 producteurs que comptent les deux iles sont représentés par l'UGPBAN (Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe et de Martinique) qui leur apporte, localement, de l'aide technique et financière et, en métropole, du soutien à la commercialisation de la BGM. La totalité de la production de la BGM (un peu plus de 270 000 t en 2006) est commercialisée dans les pays de l'Union européenne (elle représente 40 % du marché de la banane en France). Avec 7 000 emplois directs (et 20 000 induits), la filière "BGM" est le premier employeur de Guadeloupe et de Martinique. |
Les régimes de bananes (encore vertes) sont cueillis manuellement et acheminés à faible vitesse vers les ateliers de conditionnement. Les "bouquets" (ou "mains") de bananes sont sélectionnés et placés dans des cartons renforcés, eux-mêmes palettisés puis placés dans des conteneurs réfrigérés, maintenus à la température constante de 13,5 °C (cette température stoppe la maturation de la banane). Les conteneurs, chargés sur les navires, mettront une dizaine de jours pour parvenir jusqu'à la métropole. On voit ci-dessous un exemple de conteneur reefer : la photo de gauche présente un conteneur du plus grand fabricant de conteneurs mondial, le chinois CIMC qui, à lui seul, détient la moitié de la production du monde (autour de 1,5 million de « boîtes » produites par an). J'ai fait les deux photos de droite à Malte, lors de ma circumnavigation à bord du CMA CGM NABUCCO en 2006-2007. |
A ma connaissance, le prix d'achat d'un conteneur neuf de 20' (30 m3) est de l'ordre de 2 500 €, celui d'un 40' (60 m3) tournant autour de 3 500 €, mais montant à 15 000 € pour un réfrigéré. Le CMA CGM FORT ST PIERRE étant un "2 250 evp", soit grosso modo l'équivalent de 1 100 "boîtes" de 40', le coût des seuls reefers vides d'un tel navire s'élève déjà à environ 15 M€ s'il ne transporte que des conteneurs réfrigérés. Ce chiffre n'est évidemment qu'un ordre de grandeur pour fixer les idées. |
Voici quelques étapes de la manutention sur le port de Dunkerque des bananes, entre le navire et les entrepôts de Dunfresh |
Portiques et chariots-élévateurs procèdent au chargement / déchargement des conteneurs, dont un grand nombre de réfrigérés pleins de bananes (Photo de droite : PAD) |
Dès leur déchargement du navire, les conteneurs (température intérieure 13,5 °C) sont acheminés jusqu'aux portes de la plateforme logistique Dunfresh (14 000 m² pour la seule section "bananes") elle-même maintenue à la même température. Les palettes sont triées car un même conteneur peut comporter des cartons de différents producteurs et, pour chaque producteur, de différentes qualités. Il s'agit alors de "conteneur partagé" (on parle de "groupage maritime"), seuls les gros producteurs pouvant transporter en "conteneurs complets".
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Ouverture du conteneur et dépotage |
Dégroupage / regroupage des cartons et palettisation aux dimensions standards |
Stockage par type de bananes |
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Remarque : les conteneurs utilisés étant des "High cube" (conteneurs spécialisés pour le transport de palettes, high cube palletwide containers en anglais), ceux-ci contiennent 54 cartons "classiques" ("caisse US" de 18,5 kg), alors que la hauteur standard correspond à 48 cartons. La machine ci-dessus permet le reconditonnement à 48 cartons des palettes avant leur chargement en camions frigorifiques, à destination des mûrisseries. Les dimensions de la caisse US standard sont : 53 x 39 x 24 cm. |
Dans les entrepôts Dunfresh, on remarque trois couleurs différentes d'emballage : elles correspondent à trois types de produits. La BGM se décline en effet en "banane planteur" (de haute qualité, produite en plaine, boîtage orange), "banane montagne" (plus ferme et plus sucrée, produite à plus de 250 m d'altitude, boîtage violet) et "banane pays" (meilleur marché, également produite en plaine, boîtage beige). |
Carton classique (18,5 kg) (dit "caisse US") |
Nouveau boîtage, plus petit (8,6 kg) (dit "demi-pack") |
Banane montagne |
Banane planteur |
Il existe aussi des colis dits "multipack" de 18,2 kg et des "plateaux open top" contenant 70 colis de chacun 17 kg. |
Avant d'être acheminées vers les mûrisseries (qui sont les clients de Dunfresh), les bananes subissent un contrôle-qualité systématique
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Tous les cartons sont testés manuellement
via les perforations |
Calibre, taille et absence ou non de défauts sont vérifiés statistiquement |
Ici vérification de l'état de conservation et de maturation de la pulpe |
Il faudra encore 4 à 8 j pour que les bananes trouvent la couleur jaune recherchée par le consommateur. Cette dernière étape de la filière de production de la banane se fait dans des mûrisseries ventilées, à humidité et température dirigées. Les cartons sont soumis à une ventilation d'azéthyl (mélange d'éthylène et d'azote), dont le rôle est de re-déclencher le mûrissage (la température initiale de la chambre, 18°C, sera progressivement ramenée à 14°C au fur et à mesure de l'auto-production d'éthylène par la banane et donc de son mûrissage).. Chaque "chambre de mûrissage" contient généralement la charge d'un camion frigorifique, soit 24 palettes de 48 cartons (mais peut éventuellement en contenir plus, selon les mûrisseries). |
Un sister-ship du Fort St Pierre, le CMA CGM FORT ST LOUIS |
Pour fêter le retour de la banane à Dunkerque, sur la ligne régulière Guadeloupe-Martinique-PAD, l'UGBPAN et la ville de Dunkerque avaient organisé cette journée à l'intention des différents professionnels de la filière et pour la presse. Je remercie les organisateurs d'avoir invité marine-marchande.net, que je représentais. Petit déjeuner à la Salle des Maquettes du Port Autonome de Dunkerque, puis discours officiels, avant de gagner (en cars) la zone portuaire où était amarré le Fort St Pierre et où nous avons pu visiter les installations de la Sté Dunfresh. Un déjeuner nous fut offert, puis nous quittâmes Dunkerque. |
Allocution de Jean-Régis Borius |
De gauche à droite :
Isabelle Richard (conseillère technique auprès du secrétaire d’Etat à l‘Outre-mer),
Yves Auffret (conseiller technique auprès du ministre de l’Agriculture et de la Pêche), Jo Dairin (Vice-Président du Port autonome), Eric de Lucy (président de l’UGPBAN),
Jean-Régis Borius (sous-préfet de Dunkerque),
Marc- Etienne Pinauldt (conseiller technique auprès de la ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer) et Alfred Almont (député de la Martinique).
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