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En
1846, les Saints-Simoniens fondent, à l'initiative de leur Chef,
Prosper Enfantin (dit le "Père Enfantin"), une
"Société d'études pour promouvoir le projet
de canal empruntant le Nil et relié à la Mer Rouge".
Puis Ferdinand de Lesseps reprend ses propres études du tracé
direct et, avec l'aide de deux ingénieurs que Mohammed Saïd
met à sa disposition, Eugène Mougel et Adolphe
Linant, il constitue une commission internationale de savants qui
visitent l'isthme fin 1855 et confirment la possibilité d'un "
canal maritime direct de la Mer Rouge à la Médterranée
par les Lacs Amers ". |
La largeur navigable initialement prévue est de 44 m, la profondeur de 8 m. Il est prévu de commencer par creuser un canal d'eau douce, alimenté par le Nil, de façon à rendre l'isthme habitable. La durée des travaux est estimée à six ans... elle durera en fait plus de dix ans.
Dès le 30 novembre 1854, Mohammed Saïd signe le firman qui lie l'Égypte et la France : Ferdinand de Lesseps est en possession d'une "concession personnelle" pour la construction du canal. Il reçoit ainsi le "pouvoir exclusif de constituer puis diriger une compagnie universelle pour le percement de l'isthme et l'exploitation d'un canal entre les deux mers, les bénéfices devant être partagés dans la proportion de 15 % au gouvernement, 10 % aux fondateurs et 75 % aux actionnaires. La durée de la concession est de 99 ans à partir de l'ouverture du canal, le gouvernement égyptien se substituant ensuite à la compagnie". |
LA CONSTRUCTION La face cachée du canal... Tout paraissait donc en ordre pour que les travaux débutent... sauf que les sujets de la "perfide Albion" tentent de s'opposer, au moins en l'état, au projet ! En effet, le Vice-Roi d'Égypte est à l'époque le vassal du Sultan de Turquie. Il estime donc nécessaire et Lesseps est du même avis d'obtenir l'approbation du Sultan avant de commencer les terrassements. Or, celui-ci, sur lequel l'ambassadeur d'Angleterre exerce une forte pression, s'abstient de répondre... |
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Mais Lesseps, qui ne se démonte pas, remet sa "casquette" de diplomate et part en Angleterre en juin 1855, puis y retourne en avril-mai 1856, bien décidé à la convaincre, toute première puissance du monde qu'elle est alors. Il y mène tambour battant une véritable campagne de propagande, s'adressant au Parlement et à tous les "grands" que compte Londres (banquiers, industriels, négociants, maisons de commerce avec l'Inde, l'Extrême-Orient, l'Australie, etc.). Il multiplie les visites aux personnages influents, y compris à ses pires détracteurs comme le féroce Palmerson alors Ministre des Affaires Etrangères (cf. encadré ci-après). |
Citons-le
dans son discours du 7 juillet 1856 : "Il s'agit d'un de ces nombreux
projets d'attrape-nigauds qui sont périodiquement tendus à
la crédulité des capitalistes gobe-mouches : je le crois
matériellement irréalisable, si ce n'est au prix de dépenses
telles qu'aucune espèce de rémunération ne pourra
être garantie". |