CROSS Jobourg
1er juillet 2006

Françoise Massard
Sommaire

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Le CROSS Jobourg, écrasé de soleil en ce premier samedi de juillet 2006. A gauche, entrée principale

Mes remerciements au Directeur du CROSS Jobourg pour m'avoir autorisée à faire cette visite, ainsi qu'à l'Officier de permanence
et à ses collègues pour leur sympathique accueil, pour le temps qu'ils ont bien voulu me consacrer et pour toutes leurs explications

Le CROSS Jobourg a, comme tous les autres CROSS (Centres Régionaux Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage) cinq missions principales : sauvetage en mer, surveillance de la navigation maritime, recherche des pollutions, suivi des navires de pêche et diffusion des renseignements de sécurité maritime. Nous y reviendrons en fin de visite.
Un CROSS est installé à la Pointe de Jobourg (près du cap de la Hague) depuis 1977, mais le bâtiment actuel date de 1984.
La zone d'action du CROSS Jobourg couvre la Manche centrale, de la Baie du Mont Saint-Michel jusqu'au Cap d'Antifer.
Ses missions lui sont déléguées à la fois par le Préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord et par le Directeur régional des Affaires maritimes de Haute-Normandie. Il travaille, bien sûr, en étroite collaboration avec ses homologues Anglo-Normands et Britanniques.
Ce centre comprend une cinquantaine de collaborateurs, dont six administrateurs et officiers des affaires maritimes qui assurent, à tour de rôle, les fonctions d'officiers de permanence et de coordinateurs de missions de sauvetage. Deux équipes de quart (mission sauvetage et mission surveillance de la circulation), composées d'officiers mariniers, de quartiers-maîtres et de matelots de la Marine nationale, assurent — sous leur autorité — la veille et l'exploitation opérationnelle 24h/24 et 365 j/an. Enfin, des personnels de l'Equipement et de la Marine nationale assurent la maintenance technique, la logistique et le fonctionnement courant du Centre.

Le CROSS Jobourg comprend deux grandes salles de contrôle, plus une salle de crise. Dans chacune de contrôle, il y a toujours au moins deux opérateurs.


La salle Opérations

De cette salle sont gérés le sauvetage, le contrôle des pêches et la surveillance des pollutions.

Les différents écrans fournissent cartes électroniques, ensemble des moyens disponibles en temps réel, position des navires à un instant donné (image radar en miroir de celle de la salle suivante), données SMDSM, base intranet de tous les navires, base internet de la Lloyd's, etc.

Recherche et sauvetage maritimes

C'est de cette salle qu'il reçoit les demandes de secours en mer, soit par l'intermédiaire de ses émetteurs/récepteurs radios VHF répartis le long des côtes (canal de veille : 70 en ASN/Appel sélectif numérique), soit par phonie (canal de veille : 16). En effet, depuis le 1er février 1995 pour les navires neufs et le 1er février 1999 pour les autres, tous les navires doivent être équipés de SMDSM, de RLS (Radiobalise de localisation des sinistres — en anglais EPIRB pour Emergency Position Indicating Radio Beacon) et d'un NAVTEX (télégraphie à impression directe automatique, opérationnel jusqu'à 300-400 M des côtes). Tous les messages de réponse sont renouvelés tant que les accusés de réception ne sont pas reçus.

Chaque navire est identifié par un numéro unique : le MMSI (Maritime Mobile Service Identity), code à neuf chiffres attribué (pour la France et les Dom-Tom) par l'ANFR (Agence nationale des fréquences). Les trois premiers chiffres du MMSI identifient la nationalité de la station côtière et de la station du navire : c'est le MID (Maritime Identification Digits) qui, lui, est attribué par l'OMI (227 et 228 pour la France). Parmi les six autres chiffres, certains permettent de coder le type de navigation effectuée par le navire : ainsi, ceux effectuant une navigation mondiale ont un MMSI se terminant par la séquence 000.
C'est ce numéro MMSI qui est automatiquement transmis par le navire en difficulté lors de l'appui sur la touche "détresse" ou lors du déclenchement manuel ou automatique de balises.


Quelques cartes donnant la répartition des moyens disponibles le long du littoral

Comme cela sera reprécisé plus loin, les CROSS ne disposent pas de moyens en propre, et le CROSS Jobourg pas plus que les autres. En revanche, comme eux, il a autorité pour déclencher toute une panoplie de moyens extérieurs relevant de divers services militaires et civils. Ce sont, pour ce qui le concerne :
• des vedettes et canots tout temps de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) régulièrement répartis sur le littoral du Mont Saint-Michel à Fécamp
• un hélicoptère
de la Marine nationale (basé à l'aéroport de Cherbourg-Maupertus) et deux hélicoptères de la Sécurité civile (basés à Granville et au Havre)
• divers navires et avions de la Marine nationale, des Affaires maritimes, des Douanes et de la Gendarmerie
• et bien sûr tout navire (commerce, croisière, pêche, plaisance) sur zone à proximité du navire en détresse
• enfin, côté médical, il peut s'appuyer sur le SAMU du Havre et sur le Service de Santé des Armées
• en zone côtière, il coopère avec les CODIS (Centres Opérationnels Départementaux d'Incendie et de Secours) de la Manche et du Calvados qui, eux-mêmes interconnectés au SAMU, sont chargés de la mise en œuvre des moyens dont disposent les sapeurs-pompiers.

En douze années d'existence, le CROSS Jobourg a coordonné plus de 12 000 opérations de sauvetage !

A noter que dans le cas de navires non pas en détresse, mais en avarie, et qui seraient susceptibles d'entraver la navigation, le CROSS Jobourg peut solliciter auprès du Préfet maritime le concours de l'ABEILLE LIBERTÉ, remorqueur de haute mer basé à Cherbourg (ici photographiée le 01/07/2006).

Le nombre de navires en avarie suivis par le CROSS Jobourg est de l'ordre de la centaine par an.

Contrôle des pêches

Le CROSS Jobourg contrôle plus particulièrement les pêches autour des Iles Anglo-Normandes, en baie de Seine (la pêche à la coquille Saint-Jacques y est, par exemple, particulièrement encadrée), et plus généralement dans toute zone (relevant de sa compétence) où la préservation de la ressource halieutique pose problème.

Il effectue environ 400 contrôles à la mer par an et relève 150 infractions.

Surveillance des pollutions

Le CROSS Jobourg centralise et exploite l'ensemble des informations concernant des rejets en mer de polluants. Il en identifie les auteurs et évalue les risques en matière d'environnement. Puis il informe les autorités (Préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Parquet du Tribunal de grande instance du Havre) qui diligenteront les diverses actions (traitement de la zone polluée, déroutement du navire, poursuite des auteurs, etc.).

Une trentaine de faits de pollution par an font l'objet d'un suivi par le CROSS Jobourg.


La salle Surveillance de la circulation maritime

De cette salle sont gérés la surveillance du trafic et la diffusion des renseignements de sécurité maritime.

Ecrans de suivi en temps réel du trafic en Manche

Salle dédiée à une mission spécifique du CROSS Jobourg : en effet, sa position au centre de la Manche lui vaut d'être plus particulièrement missionné pour le suivi du trafic maritime.
Il assure donc :

• la gestion des comptes rendus obligatoires de tous les navires entrant et sortant à chaque extrémité de la Manche (tous les navires naviguant dans le quadrilatère 49°20'N - 50°10'N / 2°W - 3°W ont obligation de se signaler)
• le suivi de l'évolution des navires en vue de détecter les routes anormales ainsi que tout comportement de nature à générer des risques pour la navigation (si un navire se trouve non pas dans le DST mais la zone de navigation côtière / Inshore Traffic Zone qui lui est associée, le CROSS peut dresser un procès-verbal : il en informe le navire par VHF puis adresse la notification papier à l'ambassade du pays du pavillon, via le ministère des Affaires étrangères)
• la transmission aux navires de toutes les informations nautiques et météorologiques nécessaires à leur navigation (transmission sur le canal VHF 80, après appel sur le 16)
• l'identification des contrevanants aux règles de la navigation.
Il contribue ainsi à l'enrichissement de la base européenne SafeSeaNet (base d'information sur le trafic de tous les navires au-delà de 300 ums de jauge brute), gérée par l'EMSA (European Maritime Safety Organisation), complétant d'autres bases européennes Sirenac 2000 et sa sous-base Equasis, par exemple).

Détails (vue partielle) des données transmises automatiquement par les navires et quelques-unes des cartes montrant les DST
Il assure la surveillance des deux voies du DST (dispositif de séparation de trafic) des Casquets qui voit passer environ 250 navires par 24 h !

Inshore Traffic Zone
Antennes diverses

Grâce à son suivi radar, il s'assure que tous les navires respectent les règles de navigation.
Il reçoit par ailleurs les déclarations obligatoires des navires et enregistre les matières polluantes et/ou dangereuses transportées.

Annuellement, c'est environ 75 000 navires qui sont identifiés et suivis par le CROSS Jobourg.


Cas particulier des navires en avarie
Si un navire devient non maître de sa manoeuvre, il émet un DEFREP (DEFiciency REPort) et le CROSS envoie des messages de sécurité aux navires naviguant à proximité dans le DST (en dehors du rail des Casquets, le navire en avarie doit prévenir lui-même les autres navires sur zone).
Si le navire nécessite un remorquage, c'est le Préfet maritime qui, au besoin, l'imposera.

De plus, le CROSS Jobourg accueille le pointeur national TRAFIC 2000. C'est le Centre de gestion du réseau national d'information sur le trafic maritime (dans les eaux communautaires). Il administre le système d'information Trafic 2000, lequel recense — en temps réel et tous pavillons confondus — tous les mouvements de navires dans les zones françaises, ainsi que les cargaisons dangereuses, et met à la disposition des autorités (nationales et européennes) l'ensemble des données ainsi enregistrées.


La salle de crise

Cette salle — en espérant qu'elle serve le moins souvent possible — est destinée à réunir, en cas de problème très grave (incendie à bord d'un navire à passagers par exemple), un certain nombre d'intervenants :
• des officiers des marins-pompiers et un officier des pompiers départementaux
• un inspecteur du Centre de Sécurité des Navires (CSN)
• un officier de gendarmerie
• un représentant de l'armateur
• un médecin
• un
représentant du Préfet Maritime.




Le CROSS Jobourg est certifié ISO 9001 (version 2000)


En parallèle de cette visite détaillée du CROSS Jobourg, revenons sur l'ensemble des CROSS :
leur répartition géographique et leurs missions communes.
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