Passage
du Cap Horn (février 2008) |
Nous venons donc d'appareiller de Montevideo,
en soirée de ce 4 février. Comme le montrent les cartes marines
ci-dessous, nous faisons route vers Puerto Madryn, au
sud-ouest de la Péninsule Valdes. |
Sur terre, je suis plutôt du genre "Madame
100 000 volts", mais en mer, je deviens contemplative...
Aussi, je passe ma soirée accoudée à la balustrade
de mon balcon et admire le magnifique coucher de soleil. |
Journée en mer. Pas grand chose à signaler.
Peu de rencontres, hormis les HIGH PROGRESS et MAERSK
FUNCHAL ci-dessous. Nous avons pour nous seuls l'Atlantique Sud...
même les oiseaux et les dauphins sont rares... dommage. Et le passage de ces
derniers a été, à chaque fois, si rapide que je n'ai
jamais réussi à les photographier ! |
• HIGH PROGRESS (Monrovia)
- IMO 9300996 - Chimiquier/Pétrolier - 183,00x32,20x19,10 m
- TE 13,37 m - JB 30 081 - JN 13 849 - PL 51 303 t
- P 13 560 kW - V 14,5 nds - Cap. 51 562 m3 - Constr. 2005 (STX Shipbuilding Co, Jinhae, Corée) - Gérant
D'Amico Societa di Navigazione (Rome) - Pav. LBR. |
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• MAERSK FUNCHAL (St. John's) - IMO 9297606 - PC - 134,44x22,50x11,30 m - TE 8,7 m - JB 9 990 - JN 6 006 - PL 11 181 t - P 8 400 kW (mot. Caterpillar 9M43) - V 18 nds - Cap. 862 evp - Grues 2 x 45 t - Constr. 2004 (J.J. Sietas KG Schiffswerft, Hambourg) - Gérant Quadrant Bereederungs (Hambourg) - Pav. ATG. Ex PIONEER SEA (2004). |
Navigation sans problème pour cette journée
en mer, avec des vents modérés. Seuls quelques moutons blancs
nous rappellent que nous sommes en mer. Au programme de la journée,
courrier et lecture (j'ai relu le Phare du bout du monde de Jules
Verne et je viens de commencer Campagne des mers du Sud de Paul-Emile
Lafontaine). J'en profite aussi pour rencontrer mes amis "Amapistes".
Nous sommes en effet une soixantaine d'adhérents de l'AMAP
à faire cette croisière. J'assiste aussi à une conférence
du Cdt Gras (Rédacteur en Chef de la Lettre
des Paquebots et animateur, avec le Cdt Gazano, de l'AMAP) sur
les "découvreurs" des passages de la Patagonie. |
La ville patagonienne de Puerto Madryn
fut fondée en 1865, lorsque 150 Gallois arrivèrent à
bord de la brigantine LA MIMOSA. Ils y avaient été envoyés
par Sir L.Jones Parry, Baron de Madryn, afin d'y fonder une colonie...
alors que les sujets de sa Gracieuse Majesté se débattaient
avec leur Révolution industrielle. C'est donc tout naturellement
qu'ils dénommèrent "Porth Madryn" le port naturel
où ils avaient débarqué (devenu depuis Puerto Madryn).
Ils fondèrent également la petite ville de Trelew
(distante d'une soixantaine de kilomètres). D'autres vagues d'émigrants
anglais et écossais peuplèrent ensuite progressivement la
vallée du Chabut. L'économie de Puerto
Madryn est basée sur la pêche, la production d'aluminium
et le tourisme. |
Les photos
ci-dessous présentent le bureau d'accès au port, le NORWEGIAN
DREAM caché par les palmiers (région au climat semi-désertique),
et la ville de Puerto Madryn vue du port. |
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Puerto Madryn étant la "porte d'entrée"
de la Péninsule Valdés, un des buts principaux
de notre escale, nous la rejoignons en empruntant une piste traversant
la "pampa patagonienne". Circulez, il n'y a rien à voir,
me semble-t-il, hormis une formation végétale basse rappelant
la garrigue. Erreur... des guanacos nous regardent passer ! Des fleurs
mettent également un peu de couleur. |
Avant de rejoindre la Péninsule Valdés
proprement dite, nous nous arrêtons pour déjeuner à
Puerto Piramides. J'apprécie la "porte"
d'entrée du village. Pas de problème pour le change, il
y a bien une "Banco del Chabut"... A droite, le site de la Péninsule
Valdés. |
Comme on le voit sur les cartes en haut de page,
la Péninsule Valdés (Province du Chabut) s'avance dans l'océan
Atlantique (sur environ 70 km) et est reliée à la terre
par un isthme d'une dizaine de kilomètres : l'isthme Carlos Ameghino,
bordé au nord par le golfe de San Matías et au sud par le
Golfo Nuevo. Ses côtes sont un véritable sanctuaire animalier
(éléphants de mer, lions de mer, et de nombreux oiseaux
; des centaines de baleines viennent s'y reproduire chaque année
entre septembre et décembre, nous ne les avons donc pas vues).
La Péninsule Valdés est classée au Patrimoine Mondial
de l'Unesco depuis 1999. |
C'est l'heure de la sieste pour les
éléphants de mer. Si les femelles pèsent
en moyenne 500 kg et mesurent un peu plus de 2 m, les mâles
atteignent facilement 2 t, pour 4 m de long. Cela ne les empêchent
pas d'être d'excellents nageurs et même de se déplacer
à terre relativement rapidement. |
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Les lions de mer sont des otaries à crinière. On en trouve tout le long des
côtes d'Amérique du Sud. |
Courte escale à Puerto Madryn, puisqu'arrivés
à midi, nous en repartons le soir même. Si la mer était
calme à midi, la situation s'est dégradée en soirée
et la pilotine doit s'y reprendre à plusieurs reprises pour accoster
le NORWEGIAN DREAM et récupérer le pilote. |
Un seul navire à proximité au moment de notre
appareillage : le PC ALLIANCA URCA (Rio de Janeiro). |
IMO 8018974 - 184,9x28,0x16,1 m
- TE 10 m - JB 24 270 - JN 10 170 - PL 23591 t
- P 10 590 kW (mot. Sumitomo 6RND76M) - V 19 nds
- Cap. 664 evp - Grues 2 x 45 t - Constr. 1981 (Aktiengesellschaft
Weser Seebeckwerft, Bremerhaven) - Gérant Columbus Shipmanagement
(Hambourg) - Pav. BRA. Ex COLUMBUS CANTERBURY (2000-2003) - Ex MONTE ROSA (1981-2000). |
Une navigation d'une quarantaine d'heures pour atteindre
Port Stanley (Falkland Islands ou Malvinas selon qu'on
est sujet anglais ... ou argentin). Ce nom de "Malouines" fut
donné à cet archipel en 1764 par les premiers colons qui
s'y installèrent vraiment : des militaires et des pêcheurs
de Saint-Malo (il avait été découvert en 1592 par
le navigateur anglais John Davis, mais ce n'est qu'en 1765 que s'y établirent
les premiers colons britanniques ; il fut ensuite tour à tour abandonné
ou âprement disputé par les Anglais et les Argentins). |
Sur la plage avant, hot
tub réservé à l'équipage |
De Puerto Madryn, que nous avons quitté hier
soir, aux Iles Falkland, notre prochaine escale, nous avons 642 NM
à parcourir. Notre ETA est donc le 8 février vers midi.
Cette journée du 07.02 se passe par conséquent en mer. Pas
moyen de faire la grasse matinée, nouvelle conférence du
Cdt Gras à... 9h. Que c'est dur de s'instruire ! |
Détail de notre
route au départ de Puerto Madryn et position des Falklands (vue
Google Earth et carte marine) |
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Je trie mes photos des derniers jours et, surtout,
je lis (et rêve... chut) confortablement installée sur mon
balcon. Peu de vie à l'horizon. La mer, toujours la mer. La plénitude
totale... |
C'est vers 11h en ce 08.02.2008 que nous arrivons
en vue des Iles Falklands, ce petit bout d'Angleterre au bout du monde.
Du temps de la marine à voile, Port Stanley était très
actif, centre de ravitaillement, voire de refuge, pour les navires voulant
passer d'un océan à l'autre. C'était là aussi
que venaient parfois s'échouer, dans un piteux état, des
navires qui avaient lutté pendant des semaines pour passer le cap
Horn du Pacifique vers l'Atlantique. Un "Maritime History Trail"
a été aménagé autour de la baie de Stanley,
en souvenir de cette époque héroïque des Cap-Horniers,
une façon de voir l'une des plus importantes collections... d'épaves.
L'archipel des Falklands comporte deux îles principales (East Falkland et West Falkland) et d'innombrables îlots. Terres vallonnées
recouvertes de landes et de pâturages, nombreux petits cours d'eau, côtes
déchiquetées, climat rude. |
Les premiers habitants rencontrés ne sont pas bavards (cf. photo de gauche ci-dessous)... Le temps est bien gris. |
Tout ici rappelle qu'on est au Royaume-Uni (officiellement
colonie anglaise depuis 1892) : le temps, le style des habitations (aux
façades toutefois plus colorées), les pubs, et bien sûr
la langue. La "capitale" des Falklands, Port Stanley, compte
autour de 2 000 habitants (plus de nombreux militaires anglais,
depuis la guerre des Malouines avec l'Argentine, laquelle revendique toujours
ce territoire). L'économie locale est basée sur la pêche,
l'élevage du mouton, un peu d'agriculture (pour les besoins locaux)
et de plus en plus le tourisme. Il semblerait qu'il y a également des réserves de pétrole. |
Nous étions à quai à midi. Comme
l'appareillage n'est prévu qu'en soirée, cela nous laisse
le temps de faire un rapide tour de ville, puis de partir en 4x4 rejoindre
le littoral où nichent de nombreux pingouins Gentoo.
Périple haut en couleurs, chaotique, au milieu des tourbières,
avec remorquage d'un véhicule embourbé. C'est le "prix
à payer" pour aller admirer les pingouins ! |
C'est en effet des milliers de manchots Gentoo qui se nichent sur l'immense plage du Lagon du Cap. On peut, paraît-il, y voir également des pingouins de Magellan et des pingouins Jackass (mais ces deux espèces n'y vivent pas à l'année, je crois). |
Maigre végétation en bord de plage.
A noter que l'on se chauffe encore beaucoup à la brique de tourbe...
même si des gisements de pétrole prometteurs ont été
découverts. |
Ci-dessous, la pilotine de Port Stanley et un bateau de pèche, le GOLDEN CHICHA. |
GOLDEN CHICHA (Stanley) - IMO 8801979 - Chalutier à rampe arrière - 57,82x11,20x4,96 m
- JB 1 345 - JN 620 - PL 931 t - P 1 618 kW
- V 13 nds - Cap. 1 180 m3 (cales réfrigérées)
- Constr. 1990 (Astilleros Gondan, Castropol Yard, Figueras, Asturies)
- Pav. FLK. Ex PETENERO (1990-1997) |
Nous devons appareiller vers 19h. Aussi, nous quittons
Stanley en chaloupes pour regagner le NORWEGIAN DREAM mouillé en
rade. Mais il tombe une petite pluie fine et froide et, surtout, le vent
s'est levé. L'accostage des chaloupes à couple du paquebot
s'avèrera difficile, certaines d'entre elles devront s'y reprendre
en plusieurs fois. |
Prochain objectif : le Cap Horn...
distant de 469 NM. Nous le passerons demain soir |
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