Le STENA PROGRESS en carénage à Brest - Septembre 2014
(Erwan Guéguéniat)

Le STENA PROGRESS appartient à Concordia Maritime, et il est opéré par Stena Bluk AB. Il fait partie d'une flotte de dix pétroliers dits P-Max, dont six sister-ships, d'une conception très particulière, propre à Stena. Ils ont un faible tirant d'eau et peuvent transporter 30% de plus qu'un pétrolier classique de même tirant d'eau. Une des caractéristiques les plus remarquables est le double système de propulsion. Les navires avec deux moteurs et deux hélices ne sont pas rares, mais ici les deux compartiments machines sont complètement séparés. Les moteurs sont très puissants pour des navires de cette taille, ce qui permet une faible consommation. Coté cargaison ils peuvent passer facilement des produits blancs aux produits sales et au pétrole brut, grâce à leurs citernes lisses et peintes en epoxy permettant un nettoyage facile. Comptant 12 citernes et 10 pompes, ils peuvent ségréguer 7 produits.
 
Photo Michel Floch
Caractéristiques principales
  IMO 9390020
  Dimensions 182,90 x 40,00 x 17,90 m
  Tirant d'eau 13,00 m
  Jauge brute / nette 36 168 / 19 654 ums
  Port en lourd 65 125 t
  Capacité m3 / barils 67 315 / 411 312
  Motorisation 2 MAN B&W 6S46MC-C
  Propulsion / vitesse 2 hélices / 14,5 nds
  Puissance totale 15 720 kW
  Construit 2009 par Brodosplit Brodogradiliste (Croatie)
 
Le STENA PROGRESS a ainsi effectué son premier carénage depuis sa mise en service il y a cinq ans. La peinture de carène était encore en excellent état, que de progrès ! Par contre ce n'est pas bon pour les chantiers, car les navires font moins de passages en cale, d'autant plus que les visites d'arbres d'hélices, de prises eau de mer, etc sont aussi de plus en plus espacées du fait des progrès techniques. Ainsi il n'a même pas été nécessaire de déposer les hélices pour refaire les garnitures d'étambot. Il me semble que maintenant les visites type BV des lignes d'arbres sont espacées de 10 ans. Donc en gros deux visites dans la vie du navire, car à la troisième le bateau arrive à 30 ans et part donc en général à la casse.
La coque a été décapée à l'UHP, l'eau est projetée à 3 000 bars sur la coque. Sur les grandes surfaces planes ça se fait à l'aide des robots que vous pouvez voir, et les recoins sont traités à la main, avec des lances ressemblant à des fusils. La machine "Dockmaster 3000" et les opérateurs viennent de Hollande. On les voit de temps en temps intervenir ici, comme en 2011.
 
L'acier est ainsi mis carrément à blanc. Le métal est rendu si lisse que la peinture ne pourrait accrocher. Aussi on laisse la fleur de rouille apparaître, ce qui prend quelques heures, ceci permet une bonne accroche de la couche d'apprêt.
On remarquera sur la photo prise à flot dans la cale le diamètre ridiculement faible des aussières. Mais elles sont en kevlar, avec donc une résistance exceptionnelle. J'ai connu un capitaine de remorqueur classique dont le navire avait été équipé d'une telle remorque. Voyant son diamètre si faible, il la passait en double, sans que ceci ne soit nécessaire, et il le savait. Mais il le faisait pour se rassurer, autrement il avait peur de tirer. Bref c'était un remorqueur de 28 tonnes de traction qui utilisait une remorque de résistance à la rupture de 2x60 tonnes. Comme les peintures, les textiles constituant les amarres ont beaucoup évolué, avec le kevlar et les polyethylènes.  Ces amarres, lègères et très souples quand elle ne sont pas sous tension, sont d'un grand confort d'utilisation pour l'équipage et les lamaneurs.
La sortie de cale était initalement prévue à 11 heures, la manœuvre a été reportée dans l'après midi, sous un soleil radieux
Belle manœuvre de sortie, réalisée avec l'aide des VB PIRIAC et ATTENTIF, crochés derrière. Le pétrolier est équipé de deux safrans et de propulseurs d'étrave, inutile donc d'avoir un pousseur à l'avant pour l'évitage. Et puis le STENA PROGRESS reste malgré tout un petit pétrolier.
Le METHANIA, désarmé, reste seul à quai en attendant le prochain hôte de la forme 2. Jacques Loiseau était à bord pour l'appareillage et a quitté le navire à la sortie, après compensation du compas magnétique.

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