Le chimiquier “Boringia Swan à Brest”, février 2014
 

Le Boringia Swan appartient à la société danoise United Shipping & Trading, il est géré par la filiale Uni-Tankers comme les quinze autres "swans" de la flotte. C'est un chimiquier de construction tuque, à double coque. Il comporte six paires de citernes de cargaison et une paire de slop tanks, toutes revétues en epoxy. Par construction il peut charger à 98% du volume des cargaisons jusqu'à 1,54 t/m3.
 
Caractéristiques principales
IMO 9566693
Dimensions 109,92 x 17,42 x 8,80 m
Tirant d'eau été 7,099 m
Jauge brute / nette 4 812 / 2 229
Port en lourd 7 046 t
Capacité cargaison 7 597 m3
Motorisation MAN-B&W 6L32/40
Puissance / vitesse 3 000 kW / 13,5 nds
Construction 2010 Soli Shipyard, Izmit (Turquie)
Pavillon Danemark
 

Le bateau est arrivé à Brest le 3 février au soir. Il venait de Dunkerque et avait subi la tempête pendant toute la descente de la Manche. Il a déchargé une cargaison de mélasse et d'huile de palme et il était prêt à appareiller le quatre février. Mais dehors c'était de nouveau la tempête d'Ouest et le commandant Gasiorowski a sagement décidé d'attendre à quai plutôt que de risquer de faire des dégâts et brûler du fuel pour rien. Cela m'a permis d'aller à bord le 5 au matin. A 8 h 30 la mer était haute, le vent fort et les embruns balayaient les quais. J'ai attendu l'arrivée de l'agent maritime pour le suivre à bord, et nous avons dû utiliser une échelle de pilote. Accueil très sympathique du commandant et de son second Pawel Kunik

Comme d'habitude, je commence la visite par la passerelle, guidé par le 3ème lieutenant Pallera. Impressionnant ! Le local est très vaste puisqu'il fait toute la largeur du navire 17,20 m, avec vue panoramique. Le grand pupitre central comporte deux postes de veille avec un grand fauteuil chacun, et accès aux commandes et moniteurs habituels : moteur, barre, radar, ecdis, communications...
   
Vue du fauteuil bâbord

 

 
De chaque bord un pupitre regroupe les commandes principales, un compas de relèvement et un petit sabord ouvrant sur le coté.

Aileron bâbord

Armoire informatique réseau

Coin radio

Meuble à cartes papier

Centrale cargaison, à tribord au niveau du passavant, avec vue sur le pont. Chaque citerne a sa pompe électrique immergée et sa ligne de chargement/déchargement en inox. Les moteurs électriques des pompes sont alimentés par six convertisseurs. On peut utiliser un maximum de six pompes à la fois, elles ont un débit de 250 m3/h, sauf les slops. Un synoptique permet de visualiser la commande des vannes hydrauliques.
Le calculateur de chargement reçoit directement les informations de chaque citerne : sonde, température, pression des gaz. Deux moniteurs permettent de voir en continu ces informations et les résultats des calculs : poids, tirants d'eau, efforts. Le troisième écran à droite est un pc qui peut se connecter à Internet et indiquait ici la situation météo et les prévisions, suivies attentivement par le commandant.

Machine. Le pc a vue sur le haut du compartiment par deux grands sabords, juste au dessus du pupitre de commandes. Le navire est classé AUT et le moteur de propulsion est normalement commandé de la passerelle, sans personnel de quart à la machine.
Tout est d'une propreté immaculée. Pas besoin de gants ni de couvre-chaussures ! Les peintures sont coquettes, et des grandes étiquettes désignent clairement les appareils et circuits.  La production d'électricité semble généreuse, avec deux générateurs de 370 kW, un de 590 kW, et un de secours de 200 kW. A la mer l'alternateur attelé couvre les besoins avec 1 012 kW.

Groupes

 

Réducteur et alternateur attelé
   
Le chef mécanicien Vitaijs Begma règle la chaudière.

Atelier

Safety first !

Réfrigérant à plaques

Caisses à combustible
   
Fosse septique

Appareil à gouverner

Surveillance des rejets

Evaporateur

 

Séparateurs

 

Le Pont. Les barrots de pont sont à l'extérieur, disposition fréquente sur les chimiquiers, pour avoir des citernes de cargaison aux parois lisses.

Chaque ligne de citerne peut être connectée à une ligne commune, ce qui permet de décharger un lot de citernes contenant le même produit à travers un seul manifold.

Pour éviter tout risque de contamination, quand cette connexion n'est pas utilisée elle est condamnée par un joint à éclipse

Comme il est règlementaire chaque ligne se termine par une vanne manuelle. Les bouches pouvant souvent être utilisées simultanément sont regroupées : ligne commune, retour de vapeurs, carburants.
Le niveau dans les cuves est détecté par radar, le moyen le plus précis et le plus fiable. La cargaison est réchauffée, non pas par des serpentins, mais par recirculation dans un réchauffeur. Une pompe à air comprimé refoule au slop les éventuelles eaux souillées sur le pont.

Capteurs

Réchauffeur

Pompe à membrane vers les slops

Rien de particulier dans les locaux d'habitation. C'est propre, simple et confortable. Chaque cabine dispose de sanitaires. Un détail inhabituel, dans le salon commun, un coin fumeur est disposé dans un espèce d'isoloir avec extracteur d'air. Le personnel restaurant consiste en un cuisinier, avec une bonne bouille de pirate, qui fait une excellente cuisine d'après le commandant. Ce petit tour des emménagements conclut la visite d'un navire parfaitement entretenu, shipshape !
  Ce fut un plaisir de visiter ce beau chimiquier, avec l'aimable autorisation de l'armateur, et accueilli par des marins chaleureux.