Voyage à bord du Henrike Schepers, juin 2024
Bruno
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Le navire
Le Henrike Schepers, feeder de 140 m de long a été construit au chantier Damen de Galati (Roumanie), livré fin 2008. C’est un navire de série, « DAMEN CF800 », dont l’armateur exploite quatre unités. L’armement HS Schiffahrt est dirigé par la famille Schepers depuis 1885, il dispose d’une flotte de 44 navires, dont 23 feeders, 12 mini vraquiers. Exemple type de ces armements allemands familiaux, bien positionnés sur certains marchés intra-européens grâce à des systèmes de financements et de taxations incitatifs.
Les Damen CF800, dont il a été construit au moins 21 exemplaires, ont les caractéristiques suivantes :
Longueur hors tout : 140,64m Largeur : 22m      Port en Lourd : 9288t      Jauge brute : 7852
Capacité en conteneurs : 803 EVP, dont 108 réfrigérés, dans 3 cales
conteneurs sur 3 niveaux en cale, jusqu’à 6 en pontée.
Navire équipé pour les conteneurs de 45 pieds, capacité 329 conteneurs de ce type.
Equipage 12 personnes : Commandant, Second et Lieutenant,
Chef, 2nd mécanicien pour la machine, tous Russes ou Ukrainiens ;
5 matelots, un mécanicien et un cuisinier, tous Philippins.
        
Photo HS Bereederungs
 
 
 
Propulsion : un moteur MaK 9M43C de 8 400 kW, entraînant via un réducteur une hélice à pas variable.
Vitesse maximale : 18,6 nds. Sur la rotation, une moyenne de 17 nds.
Production électrique : en mer, un alternateur attelé de 1 600 kW, entraîné par le moteur principal via le réducteur.
A quai, 2 diesels alternateurs Caterpillar de 645 kW.
Groupe de secours Caterpillar de 256 kW.
1 propulseur d’étrave, 1 propulseur arrière.
 
 

Le navire est affrété par le groupe de logistique SAMSKIP pour une desserte régulière de l’Irlande avec principalement des conteneurs de 45 pieds et 2,50m de large, les HCPW : High Cube Pallet Wide.
Samskip a été très impliqué dans la conception de ces conteneurs, qui sont utilisés pour du transport multimodal (mer – route – fer) en Europe : la largeur extérieure est plus importante que celle des 40 pieds (2,50m contre 2,44m) ce qui permet d’avoir 2,44m de largeur intérieure et donc de loger 3 palettes format européen de 1200mm X 800mm côte à côte, pour un total maximum de 33 palettes.
Le navire est équipé pour, avec des glissières réglables dans les cales et des attaches de pont spécifiques, puisque ces conteneurs sont plus larges (2,50m contre 2,44m) et plus longs (13,7m contre 12,2m) que les 40 pieds.
 
Pour que les spreaders (palonniers) adaptés aux conteneurs « classiques » utilisés dans les ports, puissent être utilisés, des pièces de coin supplémentaires sont installées aux emplacements correspondants aux conteneurs standards.
Une fois ces conteneurs placés sur des remorques routières, on retrouve une semi-remorque avec les dimensions maximales autorisées. A noter qu’on trouve de nombreux conteneurs avec des bâches sur les coté, ce qui permet une chargement et déchargement rapide par chariot élévateur, classique en transport routier.
Pour une raison que j’ignore, le navire n’utilise que des twistlocks manuels, ce qui oblige les matelots à les verrouiller puis déverrouiller avant les opérations commerciales : pour cela, ils utilisent un conteneur modifié qui, transporté par les portiques, les déposent sur une rangée : le matelot est attaché avec un harnais, relié au conteneur, et il manœuvre les twistlocks
A chaque rotation, le navire transporte entre 5 000 et 6 000 t, à l’aller et au retour, y compris de nombreux conteneurs réfrigérés pour de l’alimentaire.
Des conteneurs de marchandises dangereuses sont également à bord : liquides inflammables, matières toxiques, corrosives.
Les rotations s’effectuent selon un planning hebdomadaire, départ de Rotterdam dans la nuit du lundi au mardi, jeudi à Dublin, Vendredi à Waterford (au sud de l’Irlande) et retour à Rotterdam le dimanche.
De nombreux conteneurs DFDS à bord, il y a un accord « VSA », Vessel Sharing Agreement entre Samskip et DFDS.

Le voyage
Le vol, dimanche, permet de survoler Rotterdam avant d’atterrir à Amsterdam, et donc de faire un peu de photo aérienne : deux géants amarrés au nouveau terminal à l’entrée du port, Maasvlakte : le CMA CGM Concorde et le ONE Future.
 
Embarquement le lundi après-midi ; le long du quai, au RST – Rotterdam Short Sea Terminal-un terminal dédié au trafic européen, on trouve trois navires identiques, tous des CF800, dont le Henrike Schepers.
  Le mardi en début d’après-midi, passage du Pas de Calais : on aperçoit Douvres, un ferry passe sur notre avant ; on passe le bateau phare « Varne ».
 
Mercredi, en fin d’après-midi, arrivée à Dublin ; à l’extérieur du port, un paquebot géant, le Regal Princess qui met ses passagers à terre en utilisant ses tenders. Le W.B Yeats sort du port, cap sur Cherbourg, tandis que le Dublin Swift rentre.
Après Dublin, quelques heures de navigation, cap au Sud ; devant Duncannon, on prend un pilote avant de remonter la rivière Barrow ; moins de deux heures après une belle remontée, on accoste à Waterford, un petit port. Les mouvements de conteneurs sont peu nombreux, mais on attend la marée pour repartir.
Route vers Rotterdam, en longeant la cote anglaise puis en s’insérant dans le dispositif de séparation du trafic ; trafic dense dans le Pas de Calais, puis remontée le long des cotes Belges et Néerlandaises. Devant les ports du Nord, de nombreux navires attendent dans les zones de mouillage.Probablement grâce à notre ligne régulière, nous rentrons directement dans le port de Rotterdam, dans le « Maasgeul ».
 
Sur tribord, c’est la nouvelle zone, toujours en travaux pour de nouveaux bassins, « Maasvlakte » avec porte-conteneurs de la classe des 20 000 TEU, méthaniers.
A bâbord, une plage, on peut louer une des villas pour admirer le trafic maritime !
Ensuite, c’est la succession de terminaux, de raffineries, d’usines, de chantiers qui s’étendent dans le plus grand port d’Europe.
 
Amarrage au RST, le terminal conteneurs « cabotage » : peu de place entre deux navires, manœuvre compliquée sans remorqueur avec le vent qui pousse à écarter, le propulseur arrière indisponible ; pas de pilote à bord, le Capitaine à un PEC, Pilot Exemption Certificate.
On débarque en longeant le navire, sur l’étroit passage le long de la grille.


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