Que faire sur un cargo ? Le passager solitaire recherche avant
tout..la tranquillité, et ce ne sont pas les marins qui le
dérangeront.
J'en profite pour dire haut et fort que le monde des cargos et des
marins ne correspond pas du tout à ce que le cinéma,
par exemple, a souvent caricaturé : non les cargos ne sont
pas de sordides tas de ferraille (même si de la rouille par-ci,
par-là et si les locaux de l'équipage peuvent parfois
laisser à désirer), non les marins ne sont pas des
brutes patibulaires; ce sont, au contraire des gens qui font un
métier dur et dangereux, par tous temps, à toute heure
du jour ou de la nuit si nécessaire, bien souvent très
éloignés de leurs pays et de leurs familles.
Passager d'un cargo, on est donc contemplatif, observateur et curieux
de tout , passant notamment de longs moments sur la passerelle (après
avoir demandé la permission et en se faisant le plus discret
possible), assistant aux manoeuvres portuaires et de manutention
des conteneurs.
Une chose est sûre, on dort très bien sur les portes-conteneurs,
en conditions normales de navigation, cela s'entend..et si l'on
est du côté opposé au quai, lors des manutentions
de nuit. |
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Bonne surprise au 5ème jour de
navigation, nous longeons les Açores dans la matinée
ce qui est un vrai bonus pour tous (le commandant sortira même
son camescope), car c'est très vert, |
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et puis les dauphins sont au rendez-vous. Mais c'est
très furtif et difficile à photographier, surtout de
cette hauteur qui écrase toute perspective. |
Et puis c'est la vraie pleine mer, l'infini à
perte de vue, où chacun sera livré à son sort
(heureux) de passager, avec pour seule contrainte l'heure des repas.
On ne s'ennuie jamais (et à l'époque je n'avais ni mon
ordinateur portable, ni la possibilité de voir des dvd en cabine)
et l'on prend même des habitudes : regarder par le sabord, au
cas où l'on apercevrait un navire..ou même un poisson
volant ! |
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Très sportif,
en effet, le ballet des exocets, ces poissons ailés surgissant
de l'eau, effectuant un vol plané qui peut durer longtemps
(au risque d'étouffement ?)..ou capoter rapidement ! |
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Flottement et oisiveté vont très
bien ensemble ici, notamment sur la plage avant , d'où la perception
du navire et de l'environnement est très différente; |
on est loin du bruit diffus
des machines, après avoir parcouru presque toute la longueur
de coque, en passant sous les conteneurs mais sans aucune appréhension,
car près de l'extérieur. |
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Tiens, il y a même des panneaux de cale sans rien
dessus : rien à voir avec un navire de la Maersk danoise, connue
pour ses records de capacité EVP, dont les mauvaises langues
disent qu'ils sont toujours visuellement chargés de piles impressionnantes
de conteneurs..mais dont on ne sait pas s'ils sont pleins ou vides
! |
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Ah oui, il y a aussi un autre heureux à bord, qui vient chaque
matin sur le solarium..pour son travail : le représentant de
Météo-france, qui vien lâcher son ballon -sonde.
On n'imagine pas, chaque fois qu'en France on écoute ou regarde
le bulletin météo, qu'un météorologue
embarqué sur un bananier de la CGM est aussi à l'origine
des informations collectées...Mais sans doute cette fonction
disparaîtra t-elle ensuite, comme celle des "radios",
à cause du progrès. |
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Mille après mille, le navire trace bel et bien
sa route, filant ses 21 noeuds et l'autre terre française
finit par se présenter un beau jour, avec sa chape de nuages. |
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Ce n'est pas encore la fin de l'aventure, car toute arrivée
maritime est un spectacle attendu, surtout s'il a lieu de jour et
par beau temps .
Et la baie de Ford-de France à de quoi séduire le
passager qui se prépare déjà à son nouveau
rôle de touriste: exotisme et paquebots de croisière
constituent le nouveau décor ! |
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Le navire est à quai, les machines se sont tues,
ma soeur et mon beau-frère sont sur le quai..mais, à
peine à bord ils me diront : c'est cela ton bateau ?
Quoi ? Qu'est-ce qu'il a mon bateau ? Certes, la coque est quelque
peu rouillée, les aménagements du bord sont un peu tristounets
et fatigués, mais c'est un bananier de la CGM ! Et qu'est-ce
que j'étais bien à bord, passée la première
impression, avec une très bonne ambiance il est vrai (grâce
à mes deux compagnons de table: deux bons vivants ayant laissé
leurs épouses..sur le quai du Havre) ! |
En le voyant pour la première fois côté
mer, c'est vrai quand même qu'il a la coque défraîchie, |
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mais l'apercevant filant au large, le surlendemain,
dans ma nouvelle peau de touriste et de terrien...comme je regrette
de n'être plus à bord ! |
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