Pollution
operationnelle par les navires
Ce document est destiné à rendre plus clair pour les terriens,
l'origine des pollutions par les navires. Il n'est pas question des pollutions
accidentelles après collision ou naufrage, mais des pollutions liées
à l'exploitation quotidienne des navires. Elles sont baptisées
en général à tort: dégazage sauvage, ou déballastage
sauvage. L'adjectif "sauvage" ne sert qu'à dramatiser la
chose, les dégazages ou déballastages ne sont presque jamais
en cause. Alors de quoi s'agit-il, de quoi sont coupables ces navires surpris
pour rejet d'hydrocarbures??
Je vais essayer de vous l'expliquer de façon aussi simple mais complète
que possible.
Une partie de tout navire, nommée salle des machines, contient un
grand nombre de moteurs et accessoires divers. Vous voyez ci dessus les culbuteurs
et soupapes du moteur principal, à bord du pétrolier Poitou.
Mais le moteur principal, qui assure la propulsion, n'est qu'un élément,
le plus gros, il y a aussi:
- les groupes éléctrogènes
- une ou deux chaudières
- le bouilleur qui produit l'eau douce
- et tous les auxiliaires qui servent à refroidir, graisser etc en
tout des dizaines de pompes et appareils divers.
-Pour alimenter tous ces appareils, la machine est parcourue par des kilomètres
de tuyaux où circulent: eau douce, eau de mer, diesel oil, fuel oil,
vapeur, huile...
Refoulement
à la mer. Il est autorisé
par les conventions internationales quand les conditions suivantes sont remplies:
A part la cargaison, il y a deux sortes de polluants à bord:
le carburant (en général du fuel lourd appelé
IFO - Intermediate Fuel Oil - et un peu de diesel appelé MDO - Marine
Diesel Oil), et les huiles.
Le
fuel lourd, c'est le même produit que les cargaisons de l'Erika
et du Prestige. Avant de pouvoir l'utiliser dans un moteur il faut le chauffer
à plus de 100°, et il faut l'épurer pour éliminer des
déchets: sédiments divers et eau. La quantité moyenne de
déchets est de 1%. Cette opération est faite à bord par
des centrifugeuses, et les résidus sont stockés dans des ballasts.
Une consommation journalière de 30 à 50 tonnes est courante, donc
la production de 500 kilos de résidus chaque jour. La capacité
de ces ballasts étant limitée, il faut d'abord évacuer
l'eau autant que possible en la rejetant à la mer, il faut brûler
dans un incinerateur ce qu'il est possible de brûler, le reste doit être
pompé à terre dans des installations spéciales.
Les
huiles de graissage ou hydraulique. L'huile de graissage du moteur de
propulsion est embarquée en vrac, par 20 ou 30.000 litres, les huiles
spéciales en fûts. L'huile en vrac est, elle aussi, centrifugée,
et les résidus rejoignent ceux du fuel.
Sur
cette quantité d'appareils et de tuyaux, il y a toujours ici ou là
des fuites, d'eau d'huile ou de carburant. Il y a aussi des démontages
pour réparation ou entretien, où des appareils se vident de leur
contenu. Tout cela s'écoule au fond du compartiment pour constituer ce
qu'on appelle les "eaux de cale" (en Anglais bilge waters). Ces eaux,
toujours grasses sont récupérées par la pompe de cale et
refoulées soit à la mer, soit dans un ballast spécial.
i / le navire n'est pas dans une zone spéciale
ii/ le navire fait route
iii/la teneur en hydrocarbures de l'effluent non -dilué ne dépasse
pas 15 ppm
iv/ le navire utilise le matériel prescrit à la règle
16 de la présente annexe "
15
ppm ce n'est pas grand chose: Une cuillère à soupe d'huile pour
mille litres d'eau!!
Nota:
MARPOL est un acronyme qui désigne la convention internationale traitant
de la prévention des pollutions maritimes: MARitimePOLlution
Les
règles existent, les matériels aussi, alors pourquoi certains
navires continuent-ils à polluer!??