Un
demi-tour du monde à bord du CMA CGM NABUCCO Françoise Massard |
De
Marsaxlokk au Havre |
Nous sommes... hélas
pour moi sur la dernière "ligne droite". Nous avons en
effet quitté Marsaxlokk cette nuit, route libre vers Le Havre.
Je n'ai pas vraiment envie de débarquer... Mais profitons plutôt
de ces derniers jours de navigation (pour cette fois-ci !). |
Sicilian Channel |
OCEAN HIGHWAY (1) |
Ile di Pantelleria |
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Notre route passe par le "Malta
Channel", puis le "Sicilian Channel". Aux environs de 10 h 30,
nous longeons l'île di Pantelleria par le Nord (une anomalie magnétique
est signalée à l'ouest de Pantelleria Bank). Cette île,
d'origine volcanique (la dernière éruption, sous-marine,
eut lieu en 1891), appartient à l'Italie . Le trafic est modéré,
seuls trois navires passent en cette fin de matinée à portée
de mon objectif. |
MATUMBA (Abu Dhabi) |
GATEWAY |
ANNETTE |
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Puis nous doublons le Cap Bon
(pointe nord-est de la baie de Tunis) aux environs de midi... heure du
point. |
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Nous longeons la côte
tunisienne (nous l'apercevons à l'horizon), passons au large de
Bizerte et du Cap Blanc, puis, vers 16 h 30, l'ile de La Galite
se profile. |
A l'horizon, la
côte tunisienne |
L'île de
la Galite |
Petite soirée festive.
C'est en effet à mon tour d'offrir un "pot" à
tout l'équipage à l'occasion de mon anniversaire. |
Nous longeons ce matin, par beau temps (la
mer n'a pas une ride) la côte algérienne. A 8 h, nous
étions par le travers de Ténès. Belles couleurs entre
ciel et mer au lever du jour. |
Lever du jour en
méditerranée occidentale |
Nous passons le Méridien
de Greenwich à 10 h 30 (sa verticale coupe la côte
algérienne entre Mostaganem et Arzew). Si la longitude est par
définition nulle, notre latitude est elle de 36° 48,49'N. |
Côte
algérienne longée ce matin |
J'ai malheureusement
bougé au moment du passage du méridien de Greenwich, mais on devine quand même sur l'écran radar 000°00,000'E pour la longitude. Nous sommes passés à l'ouest ! |
Approche de la côte
espagnole Cap de Gata, pointe SE du Golfe d'Almeria |
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Changement de cap à
16 h pour rejoindre le dispositif de séparation de trafic
du détroit de Gibraltar. Beau temps, bonne visibilité, un
peu plus de trafic que ce matin. |
META |
SILVER SPIRIT |
MEHMET DADAYLI-1 |
Tanker FLAWLESS |
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ISIDOR |
Tanker TORM GUNHILD |
BULK ARROW |
KATERINA |
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Un peu d'anticipation (le marin
y est habitué !) : nous passerons Gibraltar ce soir aux environs
de 21 h 30. Dommage pour moi car, comme à l'aller, il
fera nuit. J'étudie donc de jour notre route est-ouest sur les
cartes papier et électronique. Je remonterai évidemment
à la passerelle après dîner. |
La route du CMA
CGM Nabucco dans le DST du détroit de Gibraltar |
Nous abordons les fameuses
"Colonnes d'Hercule" de l'Antiquité (le Rocher de
Gibraltar, côté Pointe Europa, et le Rocher de Ceuta,
côté Pointe Almina sur la côte africaine du détroit)
en début de soirée. Le passage dans le DST de Gibraltar
se fait exactement entre 21 h 27 et 22 h 10. Beaucoup de
trafic évidemment ! Je suis à la passerelle comme prévu,
mais malheureusement on n'y voit pas grand chose... hormis les côtes
éclairées du Maroc et de l'Espagne. C'est quand même
l'occasion de se remémorer le mythe des "Douze Travaux d'Hercule".
Selon la mythologie gréco-latine, c'est en effet Héraldes,
fils de Zeus, qui fendit un rocher pour créer un détroit
permettant aux Grecs et aux Romains d'aller de la Mare Nostrum,
cette Méditerranée qu'ils connaissent, vers l'inconnu que
représente l'Océan Atlantique. |
Le Nabucco n'est
évidemment pas tout seul dans le détroit de Gibraltar |
Grand bond dans le temps et
dans l'histoire si ce n'est sur la carte... Nous passons en effet le Cap
Trafalgar aux environs de 23 h... Bonjour Amiral Nelson ! Il y a
prescription, c'était en 1805... |
Après avoir traversé
le golfe de Cadix cette nuit, le CMA CGM Nabucco a traversé le
DST du Cap Sao Vicente entre 5 et 6 h ce matin (le cap Saint-Vincent
est la pointe sud-ouest du Portugal). Je me lève une heure plus
tard et découvre, quelques instants après, des cieux en
camaïeu. |
Nous engainons, en milieu de
matinée, le DST du cap da Roca (connu entre autres par la ville
d'Estoril), cap situé au nord-ouest de l'embouchure du Tage qui
arrose Lisbonne. Nous doublons, sur notre bâbord, un esseulé
qui se dirige vers Bayonne (les Landais de la Mar-Mar vont le retrouver
bientôt...). |
DST du Cap Saint-Vincent |
Cap da Roca |
TRANSITORIUS |
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Beau temps, mais léger
roulis sur houle d'ouest. Longeant les côtes de l'Estremadure, nous
doublons en fin de matinée le Cap Carvoeiro. |
Cap Carvoeiro |
ANNA |
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Le temps se dégrade
dans l'après-midi. Pluie. Le baromètre commence à
descendre et le Nabucco tangue et roule un peu. Nous passons entre 20 h
et 21 h le Cap Finisterre (pointe nord-ouest de la Galice, en dessous
de la Corogne). Ciel couvert, vent et houle d'ouest. Le Golfe de Gascogne
va, une fois encore, mérité sa réputation. |
DST du Cap Finisterre |
Le baromètre a continué
de descendre et nous avons roulé toute la nuit (vent d'ouest force
8 m'apprend le Lob Book). Pas trop de dégâts cependant dans
ma cabine. Seulement quelques bouteilles... d'eau jonchent le sol, ainsi
qu'un verre (heureusement vide) qui se promène gentiment au gré
du roulis. Portes et tiroirs, tous munis de fermetures de sécurité,
sont restés fermés. Je me suis simplement réveillée...
la tête aux pieds ce matin, cherchant vainement à atteindre
ma lampe de chevet !!! |
Sur la route directe
qui nous mène du Cap Finisterre à Ouessant, nous sommes
un peu secoués |
En deuxième partie de matinée, la situation se dégrade encore. Vagues de coup de vent. La mer s'ourle d'écume de plus en plus. |
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La mer devient très forte. Nous traversons le DST d'Ouessant entre 13 h et 14 h. Le Cahier de passerelle annonce "Roulis prononcé. Le navire fatigue". La passagère, elle, tient le coup (j'ai eu la chance de m'amariner dès le départ). A plusieurs reprises, dans l'après-midi, j'ai l'impression, en regardant les ailerons de passerelle d'être assise, au niveau des ailes, dans un avion en train de virer. Curieuse impression quand on voit la taille imposante du Nabucco... Rien ne résiste, sur la table à carte, au premier coup de roulis plus fort que les autres : tout se retrouve à terre. Quelques petits dégâts dans les cabines, sans gravité. Un peu plus de problèmes sur les étagères dans la cuisine. Tout ce qui n'était pas saisi s'est retrouvé au niveau zéro. Balais et serpillères seront de rigueur. |
DST d'Ouessant |
Le Nabucco roule
vraiment cette fois-ci... mon fauteuil a une facheuse tendance à
vouloir traverser la passerelle. J'ai évidemment mis mon ordinateur en lieu sûr |
Les piles de conteneurs
s'écartent et se resserrent au gré du roulis, mais les twistlocks
résistent |
Cette vision me fascine. Je relis aussi l'un des poèmes écrits par l'un de "mes" instructeurs à Port Revel, Jean-François Masson, intitulé La vague, paru dans "Moussaillon". |
Nous ne sommes pas les seuls à souffrir... Heureusement, la situation s'améliore nettement quand nous nous retrouvons par le travers des îles Anglo-Normandes car la pointe suroît de l'Angleterre nous protège de la houle d'ouest qui nous secouait depuis cette nuit. |
COTSWOLD
(Nassau) |
NDS PROVIDER (Limassol) |
Nous sommes par
le travers de Roscoff un peu avant 16 h puis nous poursuivons notre route sur une mer plus calme |
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En fin d'après-midi...
un don de la météo en guise d'au-revoir |
Mais, bien sûr, cette mauvaise mer a pénalisé la vitesse de croisière du Nabucco et notre ETA, initialement prévue vers 21 h, est repoussée à minuit. Cela me laisse le temps de commencer (!) à préparer mes bagages... dans ce sens là, j'ai du mal à m'y mettre... Trois heures plus tard... Je remonte à la passerelle... bondée pour l'occasion. En effet, le pilote va être hélitreuillé et je ne suis pas la seule à n'avoir jamais assisté à cette opération. La prise de photos sera malheureusement difficile car l'aileron doit resté totalement libre et nul n'est autorisé à y aller, pas même le Commandant. La porte de la passerelle doit même demeurée close. C'est donc massés contre les sabords que nous assistons, tous, à l'arrivée de l'hélicoptère et à la dépose du pilote. Impressionnant, d'autant que l'hélicoptère est très bas au-dessus du navire. |
Arrivée de l'hélicoptère |
Le pilote vient d'être hélitreuillé |
L'hélicoptère
repart vers une autre mission |
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Les lumières de la ville du Havre puis de Port 2000 se font de plus en plus précises... Mon voyage touche vraiment à sa fin. Nostalgie, nostalgie... |
Tour de l'Eglise Saint-Joseph |
Portiques du Terminal
de France à Port
2000 |
Boucle d'évitage
(carte papier, Ecdis, radar) |
Le CMA CGM Nabucco est définitivement amarré à 2 h 30. Les portiqueurs commencent immédiatement leur travail, et en premier lieu les déverrouilleurs de twistlocks. Encore un autre système ici, qui me semble d'ailleurs assez sécurisé, permettant le déverrouillage de trois niveaux de "boîtes" en même temps. |
Nacelle sous spreader,
à trois niveaux |
Il est 7 h 30, le réveil vient de me le rappeler.
Je le maudis et... ne lui obéis pas, voulant profiter encore
quelques instants de cette confortable bannette que je vais devoir définitivement
quitter. Je me trouve des excuses à cet agissement, comme celle
de m'être couchée à 3 h 30. |
D'abord quelques photos avant de débarquer... j'ai décidément du mal à quitter le bord |
Lever du jour |
Zone d'évitage au petit
matin |
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Tiens, tiens, ZEMC,
cela me rappelle quelque chose... En effet, j'ai déjà vu
cette marque de portiques à Shanghai-Yangshan et à Yantian |
Les quais sont
maintenant totalement séparés du parc à conteneurs...
ISPS
oblige(1) L'image de droite, ci-dessus, montre bien les différentes travées ou bays évoquées à plusieurs reprises (1) International Ship and Port Facility Security) |
Au revoir CMA CGM NABUCCO...
tu as bien le droit aux lettres capitales, toi qui fut mon "refuge flottant" pendant 55 jours, toi qui me permit cette belle navigation de 23 000 milles, l'équivalent d'un tour du monde |
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