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Un
monument à la mémoire de La Pérouse au Cap Soya (Hokkaido) Françoise Massard |
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Avant de présenter la genèse et l'inauguration
de ce monument, revenons sur ce voyage autour du monde de La Pérouse,
entamé en 1785, mais prématurément et tragiquement
interrompu en 1788 à Vanikoro (Iles Salomon). |
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Après avoir quitté Brest le 1er août 1785, les deux frégates LA BOUSSOLE (commandée par le CV La Pérouse... qui sera promu Chef d'escadre le 2 novembre 1786) et L'ASTROLABE (commandée par Fleuriot de Langle) relâchent aux Canaries, traversent l'Atlantique, touchent le Brésil, doublent le Cap Horn par temps calme (le 1er février 1786), relâchent au Chili (Concepcion), puis débarquent à l'Ile de Päques (les naturalistes de l'expédition relatent leur étonnement devant les fameuses statues de Rapa Nui). Après une escale (juin 1786) aux Iles Sandwich (Hawaï) où La Pérouse rend hommage à James Cook, les frégates cinglent vers l'Alaska pour étudier la possibilité d'y établir un comptoir (pour le commerce des peaux avec la Chine et le Japon). |
Le 3 juillet 1786, les
frégates franchissent la passe d'un fjord que La Pérouse
baptise Port-des-Français et y mouillent. La Pérouse espérait
peut-être y découvrir le fameux "passage du Nord-Ouest".
Malheureusement, comme Philippe Fichet Delavault (Commandant
du SEVEN
SEAS MARINER) le décrit très bien (et avec beaucoup
de poésie) sur son site consacré à Lituya
Bay, les eaux de cette baie sont aussi envoûtantes que dangereuses
(zone de failles géologiques). C'est ainsi que le 13 juillet 1786,
deux des trois chaloupes qui servaient à des relevés hydrographiques
sont emportées par des déferlantes, noyant vingt et un marins
de l'expédition. |
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Intérieur de Port-des-Français (Lavis du LF Blondela, dessinateur embarqué à bord de l'ASTROLABE). | ||
L'expédition quitte alors la baie (fin juillet 1786), longe les côtes californiennes et escale à Monterey (au sud de San Francisco) où La Pérouse fait dire une messe, par la Mission espagnole, pour les marins disparus. Les frégates se remettent en route, traversent le Pacifique jusqu'à Macao qu'elles touchent en janvier 1787. L'expédition escale aux Philippines, puis explore la Mer de Chine et la Mer du Japon. La Pérouse découvre en août 1787 le détroit qui porte aujourd'hui son nom (entre Sakhaline et le Nord du Japon, cf. carte ci-contre). Il met ensuite le cap sur Pétropavlovsk (Kamtchatka), où il arrive le 7 septembre 1787. Il en repart trois semaines plus tard, chargeant l'interprète de russe Jean-Baptiste Barthélémy de Lesseps (qui, plus tard, deviendra l'oncle de Ferdinand de Lesseps), qui vient de débarquer, de transmettre à Louis XVI les nouvelles des deux premières années de l'expédition (il mettra 11 mois pour rallier Versailles, mais rapportera cartes, gravures et manuscrits de Lapérouse). |
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Carte
publiée dans Cols Bleus
du 12 janvier 2008) |
Diverses expéditions furent commanditées : celle de 1964 permit de retrouver les restes de LA BOUSSOLE ; en 1999, on reconnut le "Camp aux Français" où les survivants durent vivre quelque temps ; enfin, celle de 2005 confirma les résultats déjà obtenus. On est certain, à l'heure actuelle, que l'Ile que d'Entrecasteaux a appelée "Ile de la Recherche" n'est autre que celle de Vanikoro. Il est regrettable qu'il n'ait pas choisi d'y débarquer car, cinq ans après le naufrage, il aurait peut-être pu découvrir des survivants de l'expédition. Une nouvelle campagne de recherches est programmée pour 2008, dans le but de tenter de retrouver des traces permettant de reconstituer la vie des survivants. |
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Si le Capitaine de Vaisseau Jacques
Bodin et le Commandant Fichet Delavault, tous
deux membres de l'Association Lapérouse Albi-France
ont œuvré depuis longtemps pour que la mémoire de La
Pérouse se perpétue en Amérique (Alaska), la mise
en valeur du premier Européen ayant pénétré
la Mer du Japon (venant de la Mer de Chine), puis ayant cartographié
la Manche de Tartarie et la Russie extrême-orientale est plus récente.
Et, bien sûr, passer du projet d'un mémorial à son
inauguration demanda plusieurs années. Les actifs promoteurs en
furent le CV Jacques Bodin et le Cdt Shunzo Tagami
(ancien officier de la marine impériale japonaise et héros
de la Seconde Guerre mondiale), qui se sont rencontrés à
Wakkanai dès 1999. Des relations cordiales se sont rapidement nouées
entre eux, ainsi qu'avec le maire de Wakkanai, M. Yokota.
La coopération fut concrètement décidée en
2004 à Wakkanai (Ile d'Hokkaido), lors de la première visite
du VENDEMIAIRE,
avec l'objectif d'édifier un mémorial sur la rive sud du
détroit. |
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Photo satellitaire montrant
le Détroit de La Pérouse, large d'environ 40 km
(pour comparaison, le Pas de Calais en fait environ 30), |
En Russie, la mémoire de La Pérouse est encore bien vivante. Sur les côtes de Sibérie, au Nord de Vladivostok et de l'Ile de Sakhaline, une douzaine de ports ou sommets portent toujours les noms que La Pérouse leur avait attribué. Tel est le cas de la ville de Terney , du nom de l'Amiral, ami et mentor de La Pérouse, ou de la Baie de Castries (cf. supra carte du détroit). Un monument élevé à la mémoire de La Pérouse s'élève déjà depuis plus de 150 ans au centre de Petropavlosk. Afin de perpétuer le souvenir du navigateur et de maintenir la dénomination internationale du détroit, l'Association Lapérouse Albi-France a souhaité "baliser" le détroit en faisant ériger deux monuments, un sur chacune des deux rives. Le premier fut inauguré en mai 2006 sur la côte sud-ouest de Sakhaline... en Baie de Langle. Le second (ci-contre) s'élève dans l'Ile d'Hokkaido, près de Wakkanai, sur le Cap Soya, endroit mythique car constituant l'extrémité la plus septentrionale de l'archipel japonais. L'inauguration s’est déroulée le 27 octobre 2007, en présence de l'ambassadeur de France au Japon et d'une délégation de l'équipage de la frégate VENDEMIAIRE. |
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Ce monument
commémore le courage des grands explorateurs et souligne l'amitié
franco-japonaise. Entre les deux "voiles" du mémorial,
symbolisant les deux frégates, on aperçoit le monument triangulaire
marquant la position du Cap Soya, pointe septentrionale de l'archipel
japonais et, à l'horizon, le VENDEMIAIRE pénétrant
dans le détroit. |
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La cérémonie du 27 octobre 2007 est
l'aboutissement de longs échanges entre l'Association Lapérouse
à Albi et la Municipalité de Wakkanai ; grâce à
une action soutenue de part et d'autre, la Marine nationale Française
et la Force maritime d'autodéfense Japonaise y ont été
étroitement associées, apportant chacune la participation
de leurs nations respectives. Malheureusement, le Destin, jusqu'alors
si favorable à l'entreprise, n'a pas permis au Commandant Tagami
de participer à cet hommage : son épouse et son fils étaient
là pour maintenir sa mémoire, témoignage émouvant
de la coopération profondément généreuse manifestée
par les hôtes du Japon à l'égard du marin français.
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Marins français et marins japonais |
Le destroyer japonais JINTSU et la
frégate VENDEMIAIRE lors des cérémonies |
Témoignage d'une belle coopération
Crédit Philippe Poux |
Photo de droite, et
successivement de gauche à droite : M. Bodin - Mme de La Pérouse
- M. Féral (Maire de Puycelsi et actuel président de l’Association
Lapérouse Albi-France) - CF Arnoult (Cdt du Vendémiaire)
- M. Le Lidec (Ambassadeur de France) - M. Yokota (Maire de Wakkanai)
- M. Yokouchi (Maire de Soya) - M. Yamada (Chef du Conseil municipal
de Wakkanai) - M. Nakagawa (Pdt de l'Association historique Rinzo Mamiya,
du nom de l'explorateur qui devait reconnaître de part en part le
goulet, large d'environ 8 km, entre l'Ile de Sakhaline et l'Eurasie) -
Mme Tagami - M. Chikashi Tagami présentant une photo-portrait de
son père. (M. Poux représentait le maire d'Albi). |
Le monument se compose d'un socle de granit portant
un bas-relef de La Pérouse (en bronze, signé Manic, offert
par l'Association Lapérouse) et une plaque, écrite en français
et en japonais, relatant le passage du navigateur dans le détroit.
Il est surmonté de deux "voiles d'artimon", en granit
plus clair, symbolisant LA BOUSSOLE et L'ASTROLABE. Derrière, le
"Détroit de La Pérouse"... Un nouvel amer pour
les navigateurs d'aujourd'hui, à quelques mètres de la tour
rouge à bandes blanches du phare Soya Misaki (Lat. 45° 31,3' N
- Long. 141° 56,2' E). |
L’inscription suivante
a été gravée, en français et en japonais,
sur le monument dédié à La Pérouse |
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A LA PEROUSE |
Le 11 août 1787, avec ses deux navires, |
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Savants embarqués
à bord de LA BOUSSOLE et pyramide à la mémoire de La Pérouse |
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Ces informations m'ont été
fournies directement par Jacques Bodin, qui a bénéficié
de l’expertise de Monsieur J.Thomas, auteur d’une importante
étude – qui fait référence – sur la manière
d’orthographier le nom de « Monsieur de La Pérouse
» (selon le mot attribué au roi Louis XVI). Je les remercie
de leur contribution.
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“La Pérouse ou La Peyrouse
est d'abord la dénomination d’une terre, ou d'une localité,
que l’on pouvait rencontrer en particulier dans la France méridionale
(langue d’oc), là où la nature du sol – de
pierres, ou pierreux – constitue une particularité topographique.
Aujourd’hui, ce terme se retrouve sous des formes francisées
telles que La Pierrière, Le Péreux, Le Perret, Bazouges-La-Pérouse,
etc. |
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De ce fait est née une certaine
confusion entre le nom du personnage historique et celui porté
par ses neveux. |
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Il y a quelques années, l'Institut de France
a été amené à statuer en la matière
et a confirmé que la seule orthographe correcte pour désigner
le personnage historique était l'écriture en deux mots,
La Pérouse. |
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• Journal de bord N°
34 (hiver 2007) - Journal des membres de l'Association Lapérouse
Albi-France. Musée
Lapérouse d'Albi |
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