Ferdinand de Lesseps et le Canal de Suez
Françoise Massard

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Le 17 novembre 1899, à l'occasion du trentième anniversaire de l'ouverture du Canal, une colossale statue en bronze de Ferdinand de Lesseps, réalisée par Emmanuel Frémiet (1824-1910), est érigée à Port-Saïd. Elle domine l'entrée du Canal.

Sur le plan personnel, il débute aussi une nouvelle vie, se remariant, quelques jours après l'inauguration du canal, à une jeune femme de... 43 ans sa cadette (lui a alors 64 ans), Louise Hélène Autard de Bragard, dont il aura six filles et six fils. Décidément, Ferdinand de Lesseps ne fait rien à moitié ! Il avait déjà cinq enfants de sa première épouse, Agathe Delamalle, dont il restait veuf.

Il aurait pu en rester là, à couler des jours paisibles dans sa propriété du Chesnaie. Cependant, sans doute galvanisé par sa notoriété et son élection à l’Académie, notre "ouvreur d'isthme" veut réitérer l’expérience et se lance en 1879 (il a alors 74 ans) dans un projet d'ouverture du canal interocéanique de Panama (canal de 75 km devant relier l'Atlantique au Pacifique). Mais l’aventure tournera mal et s'achèvera, dix ans plus tard, sur un retentissant désastre financier, le "Scandale de Panama". Accusé de fraude et d’abus de confiance, Ferdinand de Lesseps fut condamné, avec son fils Charles, le 9 février 1893, à cinq ans de prison et 3 000 francs d'amende, mais en considération de son âge et de son état de santé le jugement ne lui fut pas signifié (la Cour de Cassation cassa le jugement le 15 juin 1894).

Vingt ans plus tard, le canal de Panama était achevé et inauguré par les États-Unis. Mais la mémoire de l'initiateur de cette nouvelle route maritime ne s’effaça pas au Panama où il y est toujours appelé « le grand Français ».

 

Et si l'homme a une fin, l'oeuvre demeure...

Il décéda le 7 décembre  1894 dans sa propriété de La Chesnaie (Indre) et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, à Paris (ci-contre, son monument funéraire).


Petit aparté familial

Le propre oncle de Ferdinand, Barthélemy de Lesseps, alors qu'il était tout jeune encore, fit la connaissance de La Pérouse, et appareilla sur "L'Astrobale". Au bout de deux années de navigation, La Pérouse chargea le jeune Lesseps de regagner la France pour apporter au roi Louis XVI des nouvelles de l'expédition. Commença alors pour Barthélémy une odyssée de quatorze mois à travers l'immensité glacée de la Sibérie, avant de remettre au roi, le 18 octobre 1788, les dernières nouvelles qu'on ait reçues de l'expédition de La Pérouse avant sa disparition sur les rivages de Vanikoro, dans le Pacifique Sud.

Plusieurs des fils de Ferdinand, nés de son second mariage, furent quant à eux des pionniers de l'aviation, comme Jacques de Lesseps (1885-1927) qui s'illustra pendant le premier conflit mondial, après avoir été, en 1910, le deuxième pilote à traverser la Manche. Malheureusement, il perdit la vie dans un crash au Canada en 1927.



Le Canal de Ferdinand de Lesseps, aujourd'hui
 

Un autre hommage durable aura été rendu à ce promoteur de nouvelles routes maritimes, puisque son nom fut donné à un navire des Messageries Maritimes le 21 juillet 1951, lors du lancement du Ferdinand de Lesseps, construit par les Chantiers de la Gironde (Bordeaux). Après son voyage inaugural du 3 octobre 1952, il fit la "route Marseille - La Réunion - Maurice", via Port-Saïd, Djibouti, Mombassa, Dar-es-Salaam, Nossi-Bé, Diego-Suarez et Tamatave.
Comme ses trois sisterships, La Bourdonnais, Pierre Loti et Jean Laborde, il était long de 150,10 m, pour une largeur de 19,60 m et une jauge brute de 10 944 tx. Propulsé par deux moteurs (puissance totale 12 500 ch), il pouvait transporter ses 240 passagers à 17 nds.

Ci-contre, le Ferdinand de Lesseps
magnifiquement "croqué" par Michel THOUIN
(cliquez sur la vignette pour l'agrandir)

 
 
Ferdinand de Lesseps
Construction du Canal de Suez
Le Canal hier

Le Canal aujourd'hui

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