Visite du vraquier Cecela S à Bayonne, mai 2024
(Philippe Lauga)


Les réseaux sociaux n’ont pas que des défauts. J’ai fait la connaissance du commandant Nazım (pas de point sur le i qui se prononce comme un mélange entre le « i » et le « e ») Emek via le groupe Facebook « Kosterler », consacré à la construction navale et la marine marchande turque. Le vraquier qu’il commande, le CECELA S était venu à Bayonne en septembre 2022. Je l’avais photographié et avais publié quelques photos sur ce groupe. Sensible à ma publication, il m’avait écrit et nous étions restés en contact. Le 27 avril dernier, alors que son navire déchargeait une partie de sa cargaison d’urée à La Pallice, il m’a envoyé un message pour m’informer que sa prochaine escale était Bayonne. J’étais cordialement invité à bord.

 

 

 

 



Des boissons fraîches, du café et du thé turc me sont proposés pour accompagner les fruits et les typiques sucreries qui me rappellent mes séjours à Istanbul. J’ai moi aussi apporté la spécialité locale, un bouquet de dégustation de chocolats de Bayonne.

Lorsque le CECELA S a fait son entrée le vendredi 3 mai à 14h00, j’étais hélas au lycée face à mes élèves. J’ai cependant informé Nazım que je pouvais honorer son invitation le samedi après-midi. 14h, le samedi 4 mai. Les quais sont déserts, l’activité commerciale s’est arrêtée pour le week-end. La silhouette du CECELA S est impressionnante. Je grimpe la coupée et suis introduit dans le salon des officiers où je remarque quelques objets de décorations très nippons qui datent du lancement du vraquier, et bien sûr, le portrait de Kemal Atatürk. Le commandant Nazım Emek arrive enfin. Ce fut un moment privilégié, très riche. Nazım est un homme accueillant, généreux et curieux dans son désir de partager et de communiquer. Nous parlons du CECELA S, un bateau au confort minimaliste qui se fait secouer lorsque la houle est formée et qu’il est lège. Ses ballasts sont sous-dimensionnés. Il y a 19 membres d’équipage à bord. Tous sont turcs. On sent malgré tout qu’il l’aime son bateau. Il prolonge souvent ses embarquements parce qu’il se sent mieux en mer que sur terre.
Petite interruption le temps de regarder passer le vraquier ASSIMINA II qui quitte Bayonne après une longue escale quai Édouard Castel. Christian Plagué nous l’avait présenté sur la Loire en novembre dernier.
Nazım me fait visiter son navire. Malgré ses 24 ans, le CECELA S est dans un état d’entretien exceptionnel. Direction le gaillard et ses magasins en dessous. Le pont principal.
J’ai eu droit à une démonstration du système d’ouverture et de fermeture des panneaux de cales. Pas de mécanisme hydraulique. Les panneaux, pliables, sont soulevés à l’aide des grues. Un câble, tendu entre le crochet du palan d’une grue et un point fixe du navire (le château, un fût de grue), passe par une poulie fixée au milieu de l’articulation entre deux panneaux. Si la grue tire le câble, les panneaux se soulèvent en roulant sur le chemin de roulage de l’hiloire. Une fois en position verticale, une bloqueur est mis en place. Pour refermer, il suffit de le libérer. Le grutier dévire le câble et le panneau se referme. Un système très simple, moins coûteux à entretenir, mais surtout très rapide. Trente secondes suffisent pour ouvrir un panneau articulé, et la même chose pour le fermer. Un temps très rapide qui n’est pas négligeable pour préserver le produit, lorsque la météo fait du yoyo comme ces jours derniers.

 

 

 

  Le CECELA S embarque régulièrement des élèves.
C’est l’un d’eux qui a réalisé la silhouette d’Atatürk et la roue qui ornent la coursive extérieure.
 
Nous revenons à l’intérieur du château. Le carré de l’équipage et celui des officiers. Organisation classique à bord des navires marchands.
Dans la cuisine, le Coq prépare des pides, ces fameuses pizzas turques. Deux me seront offertes. Un délice !

       

 

Nous grimpons jusqu’à la passerelle de navigation dont l’équipement confirme la rusticité de la conception navale japonaise, tel le superbe chadburn au style très rétro. Personnellement j’apprécie.

      


Descente jusqu’à la salle des machines qui n'est pas automatisée, ni télécommandée de la passerelle.
 
Le pupitre du pc comporte donc un indicateur
d'ordres donnés par la passerelle.
.       
Le moteur principal a été fabriqué au Japon sous licence B&W.
Un 5 cylindres diesel de type 5L42MC d’une puissance de 4 983 kilowatts
 
Il entraîne une hélice à pas fixe à 176 tours minutes et permet au navire d’atteindre la vitesse de croisière de 13,8 nœuds Avant de remonter, un petit passage dans le local de l’appareil à gouverner.

 
J’ai quitté le CECELA S avec mes deux pides, une boite de loukoums et un petit pain de halva. De quoi me régaler.
L’escale du CECELA S s’est prolongée jusqu’au vendredi 9 mai et cette fois je serai là. En début d'après-midi, Nazım Emek m’envoie un message. Pilote à bord à 16h45.
La manœuvre d’évitage est superbe. Sans utiliser la machine, sans l’aide du Balea qui fera de la figuration, juste en libérant les aussières quand il le faut, en utilisant le vent et le courant, le safran à droite toute.
Je fonce à l’embouchure et j’ai droit à trois coups de corne de brume. Une promesse que Nazım m’a faite deux heures plus tôt. Dernier adieu, lui depuis l’aileron bâbord, moi depuis le bord du chenal. Le CECELA S s’éloigne vite. Un virage à droite serré après avoir doublé la digue nord, le pilote va descendre. Et maintenant, cap sur Gdynia où il arrivera le 15 mai.
 
Ce montage photo est composé de quatre captures d’écrans de la vidéo que j’ai tournée avec mon téléphone. J'ai mis d'autres vidéos en ligne sur le groupe Facebook "Port de Bayonne", pour ceux qui vont sur le réseau social de Mark Zuckerberg.
 
Un grand merci au commandant Nazım Emek et à tout l’équipage du CECELA S.
CECELA S
Monrovia
IMO 9227857 - 148,17 x 22,80 x 12,20 - TE 9,12 - JB 11 194 - TPL 19 225 - 3 grues de 30 t - P 4 983 kW (B&W 5L42MC) - V 13,8 nds
Constr. 2000 par Shikoku (Japon) - Gérant/Opér. Master Ship Management (Pays-Bas) - Pav LBR
Ex LENNARD (2011-2015), ex KEYMAR SUN (2010), ex ANSAC SPIRIT (2007-2010), ex EDWINE OLDENDORFF

Cette page appartient à www.marine-marchande.net, le site français de la marine marchande