Le 15 août 2013, débutait mon cinquième séjour à Istanbul. Il y a eu d'abord 2006, puis 2008, 2010, 2012 et enfin 2013. J'appuie bien sur le "Et enfin 2013" car j'ai comme l'impression que ce voyage sur les rives du Bosphore est peut-être le dernier que je réaliserai avant quelques années. |
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D'une part parce que le puits à euros est totalement à sec et que, sauf miracle financier, je vais devoir me contenter de la côte basco-landaise pendant les prochaines années de ma vie pour mes vacances (ce qui n'est déjà pas si mal), mais surtout parce que le paysage maritime a tellement changé que je me demande si ça vaudra encore la peine de faire ce voyage dans l'espoir d'apercevoir quelques hypothétiques mâts de charge, même si Istanbul reste l'unique endroit d'Europe où il soit encore possible d'en voir.
Je vous propose jour par jour les meilleures rencontres de mon séjour stambouliote de dix jours . |
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Le 15 août, mon avion a atterri à 14h40 heure locale. Une heure et demi plus tard, après avoir récupéré mes bagages, franchi les divers contrôles de police et sauté dans un taxi, j'étais à la gare de ferry de Bakirköy, non loin du mouillage de la mer de Marmara. De là, j'ai photographié le cargo turc MERT DEVAL et ses quatre grosses grues rouges. Arrivé à mon hôtel localisé dans le quartier Harem sur la rive asiatique face au quartier historique de Sultanahmet, je vérifie la vue depuis mon balcon et en profite, malgré le contre jour de fin d'après midi, pour attraper le cargo VIKKI, l'un des membres d'une famille très nombreuse originaire de Braila en Roumanie délivrée sur trois décennies. |

Mert Deval |

Vikki |
Dans le port marchand tout proche, deux porte-conteneurs. Au premier plan, le feeder turc EFENDI BABA et au second plan, le gros porteur SANTA BETTINA, identifié par Yvon Perchoc. La fin d'après-midi est dévolue au repos. Demain, première croisière sur le Bosphore! |

Efendi Baba |
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16 août. Je suis debout à 6h et bondis sur mon balcon. La lumière est encore faible lors du passage du bien connu BOGDAN qui rentre chez lui en Bulgarie. Moins d'une heure plus tard je rejoins au galop mon poste d'observation sur les bords du Bosphore dans le quartier d'Üsküdar, tout proche de la fameuse tour de Léandre et j'ai juste le temps de rattraper le reefer de 33 ans SAM qui bât l'exotique pavillon du Togo. Il vient de changer de nom, et se nommait ADI LI jusqu'au mois d'août et sa coque était rouge.
Derrière lui, le CENK SENER, mon premier cargo comme je les aime, gréé à l'ancienne. |
Bogdan |
Le DERIN est équipé de grues mais il n'a pas vilaine allure.
Ensuite, deux tankers : d'abord le LPG TALA suivi par le chimiquier PIC SAINT LOUP qui fut lancé comme pinardier. Même s'il est aujourd'hui devenu turc, il n'a pas changé de nom depuis l'époque où il était français et fréquentait régulièrement le port de Sète pour y décharger du vin en vrac. |

Derin |

Tala |

Pic Saint Loup |

AS Venus |
En rentrant à l'hôtel, j'accroche le porte-conteneurs AS VENUS et depuis mon balcon le cargo NAZLICAN avec son étrave de brise glace qui trahit ses origines nordiques. |

Nazlican |
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Le programme de la journée est consacré à la région d'Istanbul limitrophe de la mer Noire sur la rive européenne et plus particulièrement le village de Rumeli Kavagi que l'on peut gagner via le ferry qui propose deux fois par jour, la croisière complète sur le Bosphore jusqu'à Anadolu Kavagi. Pas de bol, le ferry circule dans le même sens que le trafic de marchandises. Par conséquent, je ne verrai que les deux navires qui nous accompagneront tout au long de notre voyage, à savoir le cargo MUZZAFER BEY et le gros vraquier tout neuf DIAMOND POWER qui malgré nos escales à Besiktas, Kanlica et Sariyer ne parviendra jamais à nous rattraper. |

Muzzafer Bay |

Diamond Power |
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A Rumeli Kavagi et sa petite plage appelée Altinkum, le trafic s'inverse et s'oriente au sud. La lumière assez blanche cet après-midi et la distance qui me sépare des navires, environ 800 mètres, ne facilite pas le travail du photographe. Je vous propose néanmoins quelques beaux spécimens à commencer par le GEROI PLEVNY, un gros Ro-Ro mixte ukrainien qui transporte essentiellement des trains de marchandises. Ensuite, deux vraquiers. Tout d'abord le ULUSOY-8 de facture chinoise battant pavillon turc. Le cargo EFE MURAT est doté d'une grue centrale qui parait bien surdimensionnée par rapport au navire lui-même. J'avais déjà rencontré le WARNOW MOON en 2010 avec ses cloisons amovibles saisies en pontée. Le dernier navire du jour sera le tanker CASPIAN MARINER qui appartient aujourd'hui à des intérêts turcs mais qui est indéniablement de facture russe.
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Geroi Plevny |
Le bilan de cette seconde journée est plutôt positif, surtout grâce au ABDUL PRINCE. Dommage que mon ferry du jour n'ait pas navigué à contre-sens du trafic et que le ciel, plutôt gris tout au long de la journée, n'ait pas facilité la photographie.
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17 août. La journée aurait pu mieux commencer. J'avais repéré 4 cargos "rétros" au mouillage dans la zone d'attente de la mer de Marmara. Debout dès 6h30, j'ouvre mon rideau tout en consultant marinetraffic sur mon portable. Mille sabords comme aurait dit mon idole de jeunesse. |
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Ils sont déjà tous les quatre en mer Noire! Ils ont dû passer vers 5h, à une heure impossible pour tout photographe. Ce début de matinée se résumera simplement au AZAMARA JOURNEY, un joli paquebot de croisière à taille humaine et de construction française puisqu'il a été délivré par les chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire en 2000. |

Azamara Journey |
Le programme des visites du jour se terminait à Ortaköy, un joli quartier marchand, tout à côté du premier pont suspendu et sa mosquée bâtie les pieds dans l'eau, hélas en travaux depuis plusieurs années. C'est un endroit assez fréquenté et agréable, c'est aussi un bon spot pour le shiplover. Voici d'abord le cargo ISHTAR, de facture argentine, qui bât pavillon de la Barbade. Peu après, c'est au tour du vraquier ADI I avec son gros château qui accueille peut-être des cabines pour d'occasionnels passagers. Un vraquier de 35 ans, c'est rare. Il faut savoir apprécier. |

Ishtar |

Adi I |
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Cette halte à Ortaköy s'achève avec deux tankers. Le SUPER LADY qui transporte du
brut puis le chimiquier turc ALAHAN. |

Super Lady |

Alahan |
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Je termine l'après-midi près de la sortie sud du Bosphore à Sarayburnu, au pied du palais Topkapi avec l' EXCALIBUR, l'un des innombrables fluvio-maritimes qui empruntent quotidiennement le détroit. |

Excalibur |
L'idée me vient alors de prendre un peu de hauteur et de m'installer en terrasse du café Setütsü, situé dans le parc Gulhane, d'où l'on peut profiter d'une formidable vue plongeante sur le Bosphore jusqu'au premier pont suspendu. Je commence par un tanker fluviomaritime russe, le MISTRAL. |

Mistral |
Puis c'est l'arrivée du ferry Ro-Ro SEA PARTNER qui a changé d'armateur et de pavillon depuis la dernière fois où je l'avais vu en octobre 2010 et qui va s'amarrer juste en face dans le port stambouliote de Harem. Derrière lui, le cargo HIZIR qui s'appelait encore il y a peu le ATI, puis voici enfin mon deuxième cargo à mâts de charge, le TK VENICE. |

Sea Partner |

Hizir |

TK Venice |
Après le passage du gros chimiquier ROSA TOMASOS, j'ai la surprise de voir un navire faire route à contre sens du trafic. Normal, c'est un navire militaire, dispensé donc de respecter les règles de circulation en vigueur sur le Bosphore. |

Rosa Tomasos |
Mais comme il a une allure de vieux cargo soviétique, je vous le présente. Il s'agit du NIKOLAY FILCHENKOV, un gros navire de débarquement russe affecté à la flotte de la mer Noire. |

Nikolay Filchenkov |

Metin Dadayli |
Je reste encore un peu pour le passage du METIN DADAYLI, cargo typique de la construction navale moderne, et le départ de l'énorme hôtel flottant ROYAL PRINCESS qui a immédiatement suscité les flash des clients du café Setütsü! Je lui ai réservé une photo "artistique"! Avant de partir, j'accroche le gros vraquier PERLY |

Royal Princess |

Perly |

Bomar Moon |
Dans le port de Harem, le SEA PARTNER et le PAQIZE sont cul à cul en train de charger des centaines de camions qui vont continuer leur périple loin d'ici en Europe, à partir de Trieste pour le PAQIZE ou Illichivsk en Ukraine pour le SEA PARTNER |

Sea Partner et Paqize |

Paqize |
18 août. La moisson de bateaux du jour a été maigre comparée à celle de la veille! Le programme ne s'y prêtait pas puisqu'il visait le quartier historique de Sultanahmet et ses environs. J'aurais aimé vous montrer une meilleure image du MEHMET AKIN, un petit cargo vraiment joli mais il était très loin de mon balcon.
La distance est la même pour le MSC EQUATOR mais ce dernier est à peu de choses près deux fois plus grand que le caboteur turc.
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Mehmet Akin |

MSC Equator |

Erhan Bayraktar |
Alors que le bac que je dois prendre est encore à quai à Harem, le ERHAN BAYRAKTAR en termine avec le détroit. Il est le représentant parfait de l'école de l'architecture navale turque des années 70-80, un joli cargo au gréement classique. Il ne va pas très loin, il a Nemrut pour destination, tout à côté de la redoutée plage d'Aliaga! Alors que nous appareillons, c'est au tour du vraquier NINGBO SEAL que j'avais pris de loin pour un tanker de chez Torm avec son château peint en orange. |

Ningbo Seal |
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En fin d'après-midi, après les visites du jour, rapide passage par le café Setütsü pour boire un thé
et photographier le porte-conteneurs ZIM KINGSTON,
le vraquier ATLAS,
le pétrolier PETROKREPOST,
le tanker fluviomaritime russe VF TANKER-16 et enfin, pour terminer cette petite journée par une note sympathique,
un fluviomaritime ex-URSS certes mais de belle allure, le PERA lancé en 1971 sous le nom de MORSKOY-22 ! |

Zim Kingston |

Atlas |

Petrokrepost |
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19 août. Même si Istanbul reste un véritable paradis pour le shiplover, il y a toujours de petits tracas qui viennent vous chiffonner ou vous faire manquer vos photos. Le bateau que vous voulez immortaliser passe trop tôt ou trop tard voire en pleine nuit, il est trop loin ou en total contre jour, il y a trop de vent et votre appareil photo alourdi par le poids du télé-objectif devient incontrôlable, surtout si vous n'avez pas, comme c'est mon cas, de stabilisateur d'image, le ferry à bord duquel vous avez pris place gigote un peu trop pour que votre position soit stable et la photo nette. Pas simple ! Et bien, ces tracas seront un peu le fil conducteur de cette journée du 19 août ! |
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Trois cargos classiques exactement comme je les aime m'avaient donné rendez-vous à mon spot matinal d'Usküdar, mais à 6h45, la lumière est encore un peu faible. Les photos de ce début de matinée sont donc un peu limites, voire légèrement floues... Il y a d'abord le LADY DINA M, puis le UNI R qui transporte du bois scié à destination de Damiette en Egypte et enfin le CRYSTAL SUN qui va livrer la même marchandise à Alexandrie. |
Je rajoute le tanker AEGEAN NAVIGATOR, le cargo MARZUK qui bât l'exotique pavillon de la Tanzanie le vraquier handysize turc INCE HAMBURG.
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Crystal Sun |

Aegean Navigator |

Marzuk |

Ince Hamburg |
La destination touristique du jour, les îles aux Princes. Il existe deux manières de s'y rendre. Celle conseillée par les guides, c'est à dire en ferry depuis le quartier historique sur la rive européenne et celle que je vous conseille, en prenant le bus 16A depuis le quartier Harem sur la rive asiatique jusqu'à Kartal d'où on peut prendre un bateau-bus jusqu'à l'île principale Büyükada. Pourquoi Kartal? Parce qu'on trouve là une importante zone de mouillage. |
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Ce que je n'avais pas calculé, c'est le soleil que j'ai en pleine poire et qui gâche en partie mes photos. Bien difficile d'identifier des silhouettes. Je vous propose donc deux montages sans volonté d'identifier les cargos fixés par mon réflex. |
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Pour rentrer, je choisis le bateau de la compagnie Turyol qui fait escale à Kadiköy sur la rive asiatique et passe donc dans le port marchand d'Istanbul entre la gare d'Haydarpasa et le quartier Harem. A quai, le beau vraquier hongkongais YANGTZE AMBITION, le navire de pêche lybien AL ENTISAR, le cargo turc OZPINAR 1, le gros Ro-Ro également turc ERDENIZ, construit en 1979 et juboïsé en 1986 et un nouveau Ro-Ro qui charge et décharge des semi-remorques, le HATCHE pavillon du Luxembourg |

Yangtse Ambition |
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Al Entisar |

Ozpinar 1 |

Erdeniz |

Hatche |
Le voyage se termine par une traversée du Bosphore jusqu'à Eminonü pendant laquelle nous passons entre le vieux fluvio-maritime de 42 ans LITTLE DONA et le porte-conteneur feeder MEDAZOV ROSA. |

Little Dona |

Medazov Rosa |
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Il est presque 19h mais je décide quand même de monter prendre place sur l'une des terrasses du café Setütsü. |
Le vent se lève et secoue mon téléobjectif lorsque le vraquier SENATA attaque la remontée du Bosphore. Derrière lui, passe le petit chimiquier turc SAFIR puis le cargo NEW GEMINI. La lumière décroit, les photos vont de nouveau baisser en qualité. Je redescends au niveau de l'eau pour shooter deux autres cibles avant qu'il ne soit vraiment trop tard. Ce sera le RIROIL 5, un tanker typique de ce que les russes construisent aujourd'hui et le petit KARADENIZ-5, lui aussi typique de l'architecture navale de son pays mais celle des années 70/80, la Turquie.
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Senata |

Safir |

New Gemini |

Riroil 5 |

Karadeniz 5 |
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La journée s'achève, elle a été globalement positive malgré les petits tracas venus contrarier la prise d'images.
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Ce 20 août est une belle journée. La destination sera donc la plage d'Altinkum à Rumeli Kavağı sur la rive européenne, à quelques encablures de la mer Noire. Pour s'y rendre, rien de tel que le ferry. 1h30 de plaisir, surtout si comme ce matin, vous allez à contre-sens du trafic de marchandises. Avant cela, c'est la traversée du Bosphore. |
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Le bac ralentit pour laisser passer le transporteur de gaz KIRKBY. Ensuite, c'est la croisière en "vapur". Je ne vous propose qu'une sélection des navires croisés pour éviter l'indigestion. J'ai choisi le beau cargo SALACAK, typique des chantiers bulgares de Varna, le fluvio-maritime MUSE, les deux petits caboteurs turcs SINAN et M. ADA, |

Kirkby |

Salacak |

Muse |

Sinan |

M Ada |
le STANISLAV KOSIOR, un autre fluviomaritime dont le pont paraît en contre-arc et qui porte son nom d'origine depuis 44 ans, le cargo DOST 1 et le chimiquier MARMARA. |

Stanislas Kosior |

Dost 1 |

Marmara |
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La plage d'Altinkum est payante, comme toutes les plages de la région mais l'eau y est chaude et étrangement peu salée. Et vous en connaissez beaucoup vous des plages depuis laquelle vous pouvez admirer le passage régulier de cargos comme le beau SEREEN G, un ancien de la fameuse Polsteam ou le APUS, lancé par les chantiers allemands Sietas à Hambourg en tant que cargo sous le nom de WIELAND et transformé en transport de bétail en 2004 ?
Le trafic nord/sud s'interrompt. Presque 2h30 heures de pause le temps de permettre au dernier descendant d'atteindre la mer de Marmara et au premier montant d'arriver jusqu'ici. C'est parfait pour profiter de l'eau et du soleil. |

Sereen G |

Apus |
15h30, le premier navire remontant passe devant la plage. C'est là que je repère une route non loin qui grimpe une colline et me dis que la vue sur le Bosphore doit être belle de la haut. J'ai une bonne heure devant moi avant mon "vapur" de retour, je décide d'aller vérifier mon intuition. Et je ne pensais pas si bien dire. Après 400 mètres de grimpette, je trouve une plateforme d'observation d'où la vue sur l'accès à la mer Noire est superbe. Et là, un homme d'une soixantaine d'année équipé de deux appareils photos dotés de téléobjectifs dont je ne peux que rêver est tranquillement assis sur une chaise, son épouse à ses côté, plongée dans la lecture de magazines. La conversation s'installe. Il s'appelle Hans Kraijenbosch, il est néerlandais et shiplover depuis de nombreuses années. Il a été photographe professionnel et me dis avoir des tonnes de photos de navires. Je le crois sans peine. J'avais déjà entendu parler de cet excellent point d'observation par d'autres shiplovers comme Ken Kouwenhoven ou Malcolm Cranfield. Ca devait être génial cet endroit il y a 25 ou 30 ans, à une époque où la marine marchande était encore si romantique... |
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Et c'est le retour vers Eminonü à bord du AYDIN GÜLER l'un des "vapurs" classiques de la compagnie Sehir Hatlari. 1h30 à croiser des navires de tout type et toute taille dont voici une sélection |

Aydin Guler |
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Le pétrolier CELTIC SEA, le vraquier ADFINES SOUTH, le PC feeder TINKA |

Celtic Sea |

Adfines South |

Tinka |
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le cargo FURKAN, le BERUM qui transporte en pontée des équipements pour une usine chimique, le vilain voiturier CENK CAR, |
le gros chimiquier NAFTILOS AN, le cargo ATLANTIC CARRIER. Le voyage s'achève. Belle moisson de navires certes, mais aucun cargo doté de mâts de charge...
Ah si, ouf! Il était temps. Voici le petit M TURHAN MILDON. Il est hélas loin, la photo sera un peu floue mais je ne peux pas ne pas le proposer. |

Naftilos An |

Atlantic Carrier |

M Turhan Mildon |
Une fois rendu à Eminonü, terminus du "vapur", reste à prendre le bac pour gagner le quartier Harem et l'hôtel. Et là, un gros embouteillage nous oblige à stopper au milieu du détroit! Ce sont d'abord deux navires militaires russes qui descendent. |
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Dans le même temps, cap au nord, le chimiquier IANUK s'engage dans le Bosphore, suivi par deux fluviomaritimes dont le VASILIY TATISHCHEV, pendant que le porte-conteneur ITAL ORIENTE manœuvre pour quitter le port de Harem et mettre le cap sur Le Pirée. Une dizaine de ferries amassés de part et d'autre de ce trafic prioritaire sont enfin libérés. Un moment à la fois passionnant et impressionnant, mettant en évidence toute la magie et le danger que représente ce point précis du Bosphore. |
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Ianuk |

Vasiliy Tatishchev |
 
Ital Oriente |
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Dans le port de Harem, un nouveau Ro-Ro Ferry décharge sa caravane de camions. C'est le QEZBAN .
Ce 20 août a véritablement été une superbe journée! |
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21 août. Après le caviar de la veille, aujourd'hui, ce sera les œufs de lump! Pourtant j'espérais une journée caviar et champagne! Tout ça ou presque à cause du KAREEM R dont je suivais la remontée depuis Damiette. L'ancien PIONER KAZAKHSTANA fait partie de ma série de cargos fétiches. Il n'en reste plus beaucoup en service alors j'espérais bien avoir la chance de le voir. J'avais calculé qu'il arriverait sur zone vers 18h30, à condition qu'il fasse route au minimum à 9 nœuds. Ne pouvant me connecter à marinetraffic que depuis l'hôtel, j'avais même mis Yvon (à la Martinique !) sur le coup, chargé de me prévenir par sms s'il pointait le bout de son étrave pendant ma balade du jour afin que j'ai le temps de gagner un poste d'observation. En attendant, direction le grand bazar pour les achats destinés à la famille! |
Jusqu'alors, tout à mon excitation, je m'étais contenté du navire de croisière COSTA DELIZIOSA s'apprêtant à toucher le port d'Istanbul, du beau vraquier turc BALIKESIR qui n'a jamais changé de nom depuis son lancement en 1975 et du petit cargo gréé tout aussi turc, MAKBULE ANA, tous photographiés du balcon de ma chambre d'hôtel.
Vers le milieu de l'après-midi, je reçois un sms d'Yvon qui dit à peu près ceci :"A 15h, heure d'Istanbul, il est à 85 miles et fait route à 8,5 nœuds...". Calculez vous-même, il risquait de me passer sous le nez la nuit bien tombée. Intérieurement je rageais, me repliant sur l'unique espoir que d'ici là le trafic pour l'instant montant s'inverse et l'oblige à mouiller une ancre en mer de Marmara toute la nuit. |

Costa Deliziosa |

Balikesir |

Makbule Ana |

Cetus Star |
Vers la fin d'après-midi, je rejoins le café Setütsü. Et même là, les éléments s'acharnent! Il souffle un vent à décorner tous les bovins de la Turquie. Je ne tiens qu'une heure, et les quelques navires passés sous mes yeux ne parviennent même pas à me donner le sourire. Quel enfant gâté! Voici tout de même le vraquier CETUS STAR, le tanker BALTIC SEA I, le gros vraquier DIMITRIS L et le encore plus gros vraquier PANORMOS, ses 292 mètres et près de 180 000 tonnes de port en lourd! |

Baltic Sea 1 |

Dimitris 1 |
 
Panormos |
Il fait presque frais, c'est l'heure de dîner et de rentrer à l'hôtel! Pendant le trajet en bac vers 21h, un nouveau SMS de Yvon vient me redonner espoir : "Il vient de mouiller dans la zone d'attente." En me reconnectant sur Marinetraffic je m'aperçois que le trafic s'inverse. Le Dieu Bosphore m'a-t-il entendu? Nous verrons bien demain
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22 août. Le Dieu du Bosphore m'a entendu. Le caviar et le champagne, c'était pour ce matin du 22 août ! Lorsque je quitte l'hôtel vers 9h30, Le KAREEM R est toujours au mouillage. Jusqu'à quand, je l'ignore. Je prends position comme d'habitude le matin en face de la Tour de Léandre, très agréable et calme endroit pour siroter un thé tout en observant le trafic et la rive européenne. Pour m'y rendre, 1/4 d'heure à pied. Chemin faisant, le joli vraquier OLGA passe à ma hauteur. Lorsque je m'installe avec un verre de thé brûlant, c'est au tour du petit porte-conteneur MARINA puis d'un autre porte boites, mais bien plus gros, le chinois XIN CHANG SHU, qui a plusieurs sisterships déjà connus du site. Un petit peu plus tard, après le petit transporteur de voitures SEA COQUETTE ... |

Olga |

Marina |

Xin Chang Shu |

Sea Coquette |
et du gros vraquier ALMANDIN qui s'appelait encore POS ALMANDIN deux semaines plus tôt, j'aperçois une silhouette familière à l'horizon qui se détache de la zone de mouillage. Les portiques caractéristiques, ca y est, le KAREEM R! Je regarde l'heure. 11h30 Il sera là vers 13h. Le soleil sera déjà haut. Gare au contre-jour! Le temps va me paraître long malgré le cargo EVALUNA puis le vraquier ER MADEN qui va livrer une pleine cargaison à Illichevsk en Ukraine. |

Almandin |

Evaluana |

Er Maden |
La rencontre plutôt extraordinaire du jour, celle du ELNYA : |
Ce petit tanker âgé de 44 ans est utilisé par la marine militaire russe, ce qui explique probablement le fait qu'à son grand âge il soit encore en service. Il est issu de la série dite "Altay", du nom de son navire pilote, délivrée à l'U.R.S.S par les chantiers finlandais Stx Finland de Rauma entre la fin des années 60 et le début des années 70. Bien peu d'informations disponibles à son sujet sinon qu'il a été lancé en 1968 avec l'IMO 6813095 et que son nom qui devrait s'écrire YELNYA est noté ELJNIA sur le panneau au niveau de la passerelle. Il n'émet pas sur le système AIS et son IMO n'existe plus puisqu'il est utilisé par la marine militaire. Bref, un bateau bien mystérieux. |
 
Elnya |
Le ciel blanchit de plus en plus et le soleil atteint son zénith. Ce n'est plus vraiment l'heure des photographes. Je ne veux pas rater mes photos du KAREEM R qui se rapproche, alors j'ai l'idée de prendre la petite navette qui conduit les touristes jusqu'à la Tour de Léandre plantée au milieu du détroit. Et de là, je ne le manquerai pas. Il est enfin là, le KAREEM R, ex PIONER KAZAKHSTANA, l'un des tout derniers "Pioner Moskvy" encore en service et qui plus est avec toute sa mâture d'origine! Mitraillage en règle dont je vous fait partager trois extraits. Pour le prendre de l'arrière, je monte au balcon de la tour. Point de vue très intéressant mais côté Nord, le vent chahute mon téléobjectif qui n'est pas doté d'un stabilisateur d'image! Conclusion, flou de bouger!!! Je ne suis jamais content! |
Je profite de ma position privilégiée du balcon de la tour pour accrocher le vraquier CLIPPER TRUST et de retour sur la terre d'Asie, le TK ISTANBUL presque impossible à saisir à cause du contre-jour. Ce n'est pas très grave, Christian Plagué l'avait superbement photographié en avril 2011. |

Clipper Trust |

TK Istanbul |
Quelle matinée! L'après-midi sera entièrement consacré au repos au bord de la piscine de l'hôtel. |

On n'est pas bien là ? |
23 août. Maigre moisson d'images de navires aujourd'hui mais pas de frustration, c'était prévu puisque l'objectif de la journée était le village de Şile (prononcez Chilé), sur les rives de la mer Noire, à 1h30 de bus du quartier d'Usküdar. Şile est une charmante station balnéaire avec sa longue plage, quelques criques et pas mal de charme.
Le matin avant de partir, j'ai quand même attrapé le cargo GENERAL
et le gazier HABAŞ. |

General |

Habas |
En rentrant le soir, pendant que le ciel s'embrase sur la rive européenne le porte-conteneurs MSC ADRIANA passe devant la ville historique et le PAQIZE (déjà montré le 17 août) manœuvre pour entrer dans le port de Harem.
J'ai le temps de monter jusqu'à mon balcon pour superviser la fin de l'opération et vite après, alors que la nuit tombe, le déchargement des camions qui a déjà commencé! |

MSC Adriana |
24 août. Les bagages sont prêts mais comme l'avion ne décolle qu'à 20h50 heure locale, j'ai encore pas mal de temps pour voir des bateaux d'autant que le programme de cette ultime journée est consacré aux quartiers asiatiques situés entre Anadolu Hisari et Usküdar le long du Bosphore. Anadolu Hisari est le nom de la forteresse qui fait face à celle de Rumeli Hisari, toutes deux bâties au point le plus étroit du détroit. Juste avant, il y a Kandili, l'un des spots les plus prisés des shiplovers sur la rive asiatique parce que le Bosphore y dessine une courbe qui permet d'observer les navires venant presque de face et s'éloignant presque de dos.
Mais commençons par le commencement avec les dernières photos prises depuis mon balcon. Moi qui ai été un grand fan de la marine marchande soviétique des années 60 et 70, je ne peux qu'être triste lorsque j'observe la flotte commerciale des compagnies russe et ukrainienne d'aujourd'hui, majoritairement composée de plus ou moins vieux cargos fluviomaritimes comme le POLKOVNIK FESENKO V.K. ou d'unités qui m'évoquent de grosses péniches comme le MYKHAILO SYNYTSIA. C'est ainsi! Je fais le même constat chaque fois : la marine marchande mondiale a changé de visage et l'esthétique n'est plus vraiment de rigueur aujourd'hui en matière de construction navale. Même constat dans la flotte des compagnies turques dont les navires les plus récents ressemblent de plus en plus au SENA KALKAVAN ou au DENIZHAN BAYRAKTAR. |

Polkovnik Fesenko |

Mykhailo Synytsia |

Sena Kalkavan |

Denizhan Bayraktar |
Depuis le quartier sympathique d'Anadolu Hisari, je photographie le chimiquier BEECH 2 puis reprends le bus direction Usküdar. Je ne m'arrêterai pas dans la courbe de Kandili mais un peu plus bas lorsque le chauffeur du bus s'arrête pour ausculter son moteur. |
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Je choisis de continuer un moment à pied jusqu'à ce que je retrouve un point d'accès au Bosphore. |
Pas mal de perte de temps et surtout, pas mal de bateaux qui passent sans que je ne les aperçoive jusqu'à ce que le diagnostic tombe : "C'est la panne! Tout le monde descend et est prié de prendre le bus suivant". |

Beech 2 |
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Mauvais choix, les bateaux passent un peu trop loin et l'angle de vue n'est pas des meilleurs. Je me contenterai du cargo COROZAL avant de prendre un taxi jusqu'à Usküdar, un endroit qui m'est plus familier. |

Corozal |
et l'appareillage du paquebot de croisières CELEBRITY REFLECTION avec sa centaine de passagers qui jouent à Rose et Jack sur la plage avant, plus rien! Le Dieu Bosphore estimerait-il que j'en ai eu assez? En fait, c'est la faute à pas de chance. Le trafic montant s'arrête et avant que le navire de tête du convoi descendant n'arrive à ma hauteur, il faudra attendre 2 heures et demi de temps! Me faire ça le jour de mon départ ! |

Celebrity Reflection |
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Il est presque 16 heures lorsqu'enfin le gros PC SAFMARINE BAYETTE passe devant moi. C'est rare un porte-conteneurs blanc! Il est déjà 16h10 lorsque j'accroche le vraquier MELODY |
16h45, voilà, c'est terminé. Il faut partir. A 18h, après une dernière traversée entre Kaiköy et Bakirköy en ferry rapide, je grimpe dans un taxi pour l'aéroport! L'arrivée à Bakirköy se fait au milieu de la zone de mouillage de la mer de Marmara. Magique direz-vous! Certes, je pourrais y prendre des centaines de photos. Reste que le ferry est comme je le disais rapide, ce qui peut à la rigueur être compensé par une vitesse d'exposition adéquate, mais surtout ses vitres sont super sales à cause des projections d'embruns qui sèchent et y laissent une vilaine poussière grisâtre. Le résultat donne l'impression que la zone est recouverte d'un épais brouillard ou que les yeux du photographe s'emplissent de larmes de tristesse. |
C'est bien dommage car nous sommes passés tout à côté du MERT KALKAVAN qui avait eu le temps de rejoindre la zone d'attente et qui ravitaillait avec 3 petites unités à couple avant de poursuivre son voyage vers Bizerte |

Mert Kalkavan |
et du TK HAMBURG, le troisième cargo de la compagnie Adriyatik Gemi Isletmeciligi ve Ticaret AS d'Istanbul vu pendant mon séjour. Un autre beau cargo quoi! |

TK Hamburg |
J'ai quitté Istanbul la nuit tombée et le cœur gros. J'ignore si je reviendrai un jour. Même si la marine marchande n'a plus le charme qu'elle avait encore il y a cinq ou six ans, Istanbul reste une cité magique et le Bosphore sera toujours le paradis des amoureux de navires en tous genres ! |
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