Un
demi-tour du monde à bord du CMA CGM NABUCCO Françoise Massard |
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JOURNAL DE BORD
La vignette du Nabucco, en haut à gauche de chaque
page, renvoie à la première page du dossier
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La bannière avec la figure de proue de La Recouvrance, en haut à
droite de chaque page, ramène au plan du site marine-marchande.net
Avant-propos J'aime la mer. J'ai déjà pas mal navigué. Du Cap Nord à New York, de Gibraltar à Istanbul, de Rijeka à Kotor, de Volos à Yalta, de Kiel à Saint-Petersbourg, etc., j'ai déjà parcouru pas mal de milles sur la "Planète mer" qui représente 71 % de notre globe terrestre. Océan Atlantique, Mer Baltique, Mer de Barents, Mer Méditerranée ou Mer Noire sont autant d'ondes qui chantent à mon oreille... et pourtant... Je n'ai jusqu'ici jamais passé l'équateur, ni Suez, ni navigué dans l'Océan Indien ou en Mer de Chine. Et surtout, je n'ai navigué que sur des paquebots, confortables certes, mais fatalement un peu "factices" par rapport à la "réalité maritime" de la Mar-Mar. Aussi, avais-je déjà lu depuis longtemps nombre de livres écrits par des marins du commerce, mais aussi l'ouvrage d'Hugo Verlomme, Le Guide des voyages en cargo, et adhéré au fameux Cargos Club créé par Catherine Domain, fondatrice de la non moins célèbre librairie de voyages Ulysse. J'avais donc envie de "voyager... par mer", au sens latin du terme, c'est-à-dire "cheminer sur mer", j'oserais dire presque indépendamment du point d'arrivée. Mes précédents embarquements étaient ponctués d'escales "culturelles", duraient au maximum une douzaine de jours, s'intéressaient peu à la vie du bord. C'est donc une tout autre "croisière" à laquelle j'aspirais : je souhaitais embarquer longtemps, pour aller loin, afin de me donner le temps de vivre cette sorte de "huis clos" qu'est la vie sur un navire marchand. Vivre la vie de ces marins qui, traversant inlassablement mers et fuseaux horaires, transportent 90 % de toutes les marchandises qui s'échangent dans le Monde ! Ne connaissant pas l'Asie, mon choix s'est vite orienté vers la ligne French Asia Line (FAL) de la CMA CGM. Et, comble de coïncidence, j'étais à Port Revel lorsque le Service Voyage en cargo de l'Armateur marseillais m'a fait savoir qu'il y aurait une place pour moi sur le CMA CGM NABUCCO en décembre... nous avons donc immédiatement "arrosé" cela avec les enseignants et les pilotes en stage ! Voilà, maintenant je suis au pied... de la muraille, ravie de cet embarquement et pourtant un peu émue... Puisse ce modeste "Journal de bord" mieux faire connaître la noblesse de la Marine Marchande et définitivement effacer auprès du Grand Public l'image de "voyou des mers" trop souvent associée au métier de Marin. |
L'émotion est forte,
en effet, et je ne résiste pas à demander à mon accompagnateur
havrais, Fabien Montreuil, de m'emmener sur la digue de Port 2000
afin de voir arriver "mon navire". Et, en effet, le voilà
qui se profile à l'horizon. Il est aux environs de 15 h 30. |
Ce "livre de bord"
est avant tout personnel. Alors, que le lecteur me pardonne de ne rien
lui épargner... j'ai besoin de "m'approprier" ce qui
va être ma "maison" pendant deux mois. |
Le voici donc ci-dessus photographié
tout au long de sa phase d'approche de Port 2000 |
Puis pendant son évitage
(15 h 47 - 16 h 05) dans la "boucle"
prévue à cet effet |
Et enfin pendant son accostage
au Terminal de France |
Deux "Abeilles" l'ont
assisté durant sa progression dans le chenal, puis pendant son
évitage et lors de sa mise à quai. On voit ci-dessus l'Abeille Sainte-Adresse |
La mise à quai s'achève,
il est 16 h 42, un dernier coup d'œil du Commandant du
haut de l'aileron tribord et la coupée va bientôt être descendue. Je n'ai jamais été aussi proche de mon embarquement... |
Et maintenant, prise de possession
de "mes appartements". Il est 18 h, j'ai juste le temps
de commencer à m'installer avant le dîner qui est pris aux
environs de 19 h - 19 h 30. Ma cabine porte le nom de "Tour
du monde"... beau présage. |
Très belle
cabine comportant deux parties séparées par une mini-cloison
: un côté salon et bureau, un côté chambre |
Penderie et entrée
de la salle d'eau-sanitaires. Tout y est parfaitement opérationnel |
Aux "crocs", polaires et cirés sont prêts pour affronter la grosse mer. Même la combinaison de survie (cf. pictogramme au bas de l'armoire) est prévue, mais là, je préfère ne pas avoir à m'en servir !
Journée calme à bord, certains
membres d'équipage étant à terre, tandis que d'autres
veillent au chargement et déchargement des "boîtes"
par les portiques de la GMP
(Générale de Manutention Portuaire) : environ 1 800
mouvements de conteneurs (20 ou 40 pieds). De mon côté,
installation complète, lecture, quelques photos, une journée
d'adaptation en quelque sorte. |
Conteneurs à
bord du CSCL LE HAVRE (photos de gauche) et du CMA CGM NABUCCO (photos
de droite) |
Zone d'évitage
de Port 2000 et gros plans sur la passerelle du CSCL
LE HAVRE |
Les couleurs du
ciel, en ce dimanche soir, se confondent avec celles des conteneurs. Les
portiques sont maintenant éclairés et le chargement va se poursuivre toute la nuit. Départ prévu demain matin vers 6 h |
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L'appareillage du Havre ayant été
confirmé, je me suis fait réveiller par l'officier de quart
de façon à être à 6 h à la passerelle
(le pilote est à bord depuis 5 h 50). Il est 6 h 27,
toutes les amarres sont larguées... Ma nouvelle vie de "navigante"
commence... |
Visualisation de
notre sortie de Port 2000 |
Les portiques s'éloignent |
La passerelle au petit matin |
Au revoir Le Havre... |
Progression dans le chenal |
Contrebordier sur notre tribord |
Et maintenant,
route libre vers Rotterdam... |
Le
Havre - Rotterdam : 244,8 nm 1 nm = 1,852 km |
Route du Nabucco
dans le DST du Pas-de-Calais |
Vague d'étrave
et sillage du Nabucco |
Plus avant dans
le dispositif de séparation de trafic |
Nous croisons bien
sûr des ferries SeaFrance |
Une barge remorquée
(je n'ai pas pu distinguer le nom du remorqueur) |
SANTA FABIOLA (Monrovia) |
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Arrivée
sur Rotterdam... Situé à l'embouchure de la rivière Maas, c'est le premier port de l'hinterland nord-européen : 40 km de long et près de 80 km de quais |
Approche visualisée
par les images radar (10 et 3 cm) et carte électronique
d'atterrissage |
16 h 25,
montée du pilote à bord. Les premières installations
portuaires sont déjà en vue. A peine une heure plus tard, nous entrons dans Beerkanal |
Progression dans
le chenal (carte et image radar) |
La centrale thermique
cohabite avec les éoliennes... |
Belles lumières
avec la nuit maintenant installée |
Virage à
90° par rapport à notre route initiale |
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Nous entrons à 17 h 32
dans la darse Europahaven
de Rotterdam. L'accostage est terminé à 18 h 09
ce 18.12.2006. Ma première escale de voyage au long cours ! |
Journée dédiée aux opérations commerciales à Rotterdam. Environ 1 800 mouvements de conteneurs. Seuls les portiques de chargement / déchargement des navires sont commandés par les portiqueurs. En revanche, cavaliers et portiques sur le terminal sont entièrement automatiques. Un peu surréaliste... |
Le soutage pour
la rotation complète Le Havre / Le Havre se fait à
Rotterdam (consommation journalière du Nabucco : environ 250 t de FO). Deux énormes barges et environ 10 h seront nécessaires pour charger les 10 400 t de fuel lourd dans les "caisses" du Nabucco |
Vannes de chargement sur le Nabucco |
Rotterdam est le plus
grand port généraliste européen par son tonnage
: 370 millions de tonnes environ en 2005. Les frets conteneurisés
représentent à eux seuls près du quart de ce tonnage
: 9,3 millions d'evp ont transité par ce port en 2005 (en
hausse de 12 % par rapport à 2004). Infos J.-C. Cornier. evp : équivalent vingt pieds (unité de mesure des tailles normalisées de conteneurs ; TEU en anglais) |
Un parc à
conteneurs à perte de vue en effet... et des portiques colossaux
les uns à côté des autres. |
Le plus spectaculaire
est l'automatisation de la manutention, encore assez rare semble-t-il
! Tous les wagonnets se déplacent en xy automatiquement : ils se positionnent sous les portiques, puis, une fois chargés, se dirigent vers la bonne travée du parc à conteneurs. |
Une fois les
wagonnets chargés arrivés devant leur travée, des
portiques (sur pneus) également entièrement automatisés libèrent le wagonnet de sa charge et placent le conteneur au bon endroit sur le parc. Combien d'informaticiens pour concevoir et entretenir les programmes de gestion de ce parc ? |
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Le "conteneur"
est né en 1956 sous l'impulsion d'un américain, Malcolm
Mac Lean, qui possédait une entreprise de transport par camions.
Excédé de voir les multiples manutentions et transbordements
entre navires et camions ou trains, il décida dans un premier
temps de transporter directement les remorques de camions sur des navires
qu'il fit adapter en conséquence. Puis, dans un deuxième
temps, il sépara du châssis du camion la caisse
(le container) contenant les marchandises, faisant construire
les premiers cargos dédiés à ce transport de "boîtes"
: la société Sea Land était née. L'étape suivante a été la normalisation par l'ISO (International Standard Organization) de ces conteneurs : un conteneur "équivalent vingt pieds" (evp ou, en anglais, TEU Twenty Equivalent Unit) mesure 20 x 8 x 8,6 pieds, soit 6,09 x 2,44 x 2,62 m (1 pied = 0,3048 m). Les conteneurs normalisés les plus courants sont les 20 pieds et les 40 pieds. Il existe plusieurs catégories de conteneurs : les conteneurs secs (dry containers), les conteneurs-citernes (tank containers), les conteneurs isothermes (insulated containers ou temperature controlled containers), les conteneurs réfrigérés (reefer containers), les conteneurs ventilés (ventilated containers), les conteneurs à toit ouvrant dits "plein-ciel" (open top containers), les conteneurs à côtés ouverts (open side containers), les grands conteneurs spécialisés pour le transport de palettes (high cube palletwide containers), les conteneurs plateformes (flat-rack containers), etc. Enfin, la conteneurisation des marchandises se fait soit par conteneur complet (Full Container Load ou FCL), soit par conteneur partagé – groupage maritime (Less than Container Load ou LCL). |
D'autres vues
du port à différentes heures |
CITY OF OPORTO |
TOR HUMBRIA (Oslo) |
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Le feeder fluvial
GOUDVIS |
LYSVIK (Oslo) |
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Cette journée à quai est également mise à profit pour effectuer un essai d'abandon du navire. |
21 h 10, préparatifs d'appareillage. A 21 h 50, tout est largué et le CMA CGM NABUCCO est décosté. L'évitage commence à 22 h 05, pour se terminer à 22 h 15. Les remorqueurs sont largués. Le pilote est débarqué à 22 h 50. Route libre vers Hambourg. |
Rotterdam - Hambourg : 301,1 nm 1 nm = 1,852 km |
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