Philippe Gimbret — En réponse
à une question posée , voici un rapide "historique"
de la "carrière" du cargo mixte
ILE DE LA RÉUNION de la NCHP
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Le paquebot-mixte
(ou cargo-mixte) ILE DE LA REUNION (de la Nouvelle Compagnie
Havraise Péninsulaire de Navigation' de Paris) a été
lancé le 28 octobre 1949 à Odense
(Danemark), sa marraine étant Mme Hypolite Worms. Il a été
délivré le 15 mai 1950 pour la ligne Le Havre - Rouen
- Nantes - Bordeaux - Marseille - ports d'Afrique du Nord - Djibouti
- Comores - Madagascar (Majunga, Nossi-Be, Diego-Suarez, Tamatave...)
- La Réunion - Maurice. L'ordre des escales était
variable et, selon les périodes, certains ports ne devaient
être touchés qu'au retour (sens "northbound").
Le 2 août 1950, il a été baptisé
à La Pointe-des-Galets par Mgr Cleret de Lanvagant (c'était
donc très certainement sa première escale à
La Réunion).
En 1971, il a été vendu à l'armement
panaméen Astroprimo Armadora S.A. qui l'a rebaptisé
ASTREE et qui l'a frété à
la NCHP' pour la ligne d'Australie.
En 1973, l' ASTREE a été vendu à l'armement Paloma Segunda S.A. du Pirée (en conservant son
nom). En 1976, nouvelle vente à l'armement Gulf
Shipping Lines Ltd. de Londres qui l'a rebaptisé GULF
MAJESTY (sous pavillon de Sharjah). |
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Ile de la Réunion
(1977)
Photo Yvon Perchoc |
En 1979, nouvelle vente à
l'armement Alvidah Shipping S.A. de Panama, qui l'a rebaptisé
GURU ANGADH (toujours sous pavillon de Sharjah).
Le 3 mai 1980, il est arrivé à Kaohsiung pour y être
démoli.
L' ILE DE LA REUNION avait deux sister-ships : l' ILE MAURICE
(lancé le 16 juin 1951 à Odense) et le NOSSI-BE
(lancé le 10 juillet 1952 au Trait). Ce NOSSI-BE devait être
construit à Odense, mais les danois ont demandé à
ce que l'on inverse les noms car "Nossi Bé" est
une injure dans leur langue.
(Hervé Cozanet : Il signifie, en malgache,
"grand île", "bé" voulant dire
"grand" tandis que "petit" se dit "kely").
Cette Compagnie était une sérieuse concurrente pour
la Cie des Messageries Maritimes sur l'Océan Indien,
même si elles faisaient toutes les deux partie de la même
entente de fret : la "Cimacorem" (Conférence Internationale
Madagascar, Comores, Réunion, Maurice). Depuis,
la NCHP a été absorbée par Delmas,
lui-même absorbé par CMA CGM.
Ces informations sont extraites, pour l'essentiel, de l'ouvrage
remarquable ''Les
110 ans de la Havraise Péninsulaire'' par Charles
Limonier (éd. P. Tacussel, 1992) (396 pages entièrement
consacrées à l'historique de cette flotte).
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Françoise Massard — N’y en a-t-il pas eu un second navire du
même nom : Ile de la Réunion, dans
le même armement, mis en ligne sur l’Océan
Indien au début des années 1970 ? Dans l’affirmative,
ne serait-ce pas l’ancien gazier Hypolite-Worms
construit aux Chantiers de la Seyne en 1968 (affrété
alors par Mondogas) et reconditionné en polyvalent / porte-conteneurs
(600 EVP) en 1974 à Marseille (Chantiers Terrin) ? Il n’y
aurait rien d’étonnant puisque le Groupe Worms était
la maison-mère de la Havraise.
Philippe Lauga — En effet, il y a eu un autre Ile
de la Réunion dans les années 70. C'est
effectivement le Hypolite-Worms
(IMO 6816918), lancé en 1968 à La Seyne, un tanker
(LPG) de 177,9 m LHT et 24,5 m de largeur, jauge brute
18 667 tx, port en lourd 20 685 t, reconditionné
en 1974 en roro "refrigerated cargo ship" et renommé
Ile de la Réunion puis, en 1983, tout
simplement La Réunion. Il fut démoli
à Kaohsiung en septembre 1984.
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Ile de la Réunion |
Jean-François
De Bie — Ci-contre, L'Ile de
la Réunion photographié au Havre en 1963.
Philippe Gimbret — Ne serait-ce pas plutôt
l'un des cargos NCHP de la fin des années 50 ? Difficile
de lire le nom, mais il pourrait s'agir soit du Ville de
Djibouti (1955), soit du Ville de Nantes
(1959), soit du Ville de Rouen (1957), soit du
Ville de Dunkerque (1957), soit encore au Ville
de Majunga (1958), ces cinq cargos étaient très
proches.
Les trois mixtes avaient des dimensions comparables,
mais une mâture différente, un château plus important
et quatre canots de sauvetage (plus une baleinière) au lieu
de deux canots (pour les cinq cargos précédemment
mentionnés). En espérant qu'un
expert en silhouette pourra vous donner une réponse définitive. |

Ville de Majunga |
Jean-François
De Bie — Il doit en effet probablement
s'agir du Ville de Nantes. |
Yvon
Perchoc — Voici un petit assortiment
de navires de la "Nochap" montrant leur évolution. |
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Ville de Dunkerque (1957) |
Ville de Brest (1962) |
Ville de Valence (1972) |
Ville de Bordeaux (1977) |
Concernant le Ville de Bordeaux,
depuis que je possède cette vue, je n'ai pas réussi
à résoudre l'énigme de la charpente légère
qui couvre le pont du gaillard jusqu'au château. Cela me fait
penser aux armatures que l'on trouvait auparavant sur les dunettes,
pour supporter le taud des pays chauds. Mais ici tout le pont est
couvert.
Merci aux co-listiers qui pourront résoudre ce mystère.
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Réponse apportée par Jean-François Abraham (matelot puis lieutenant à la "Nochap", de 1970 à 1982, puis commandant de Supply chez Fish, de 1982 à 1997).
Ce navire, construit à Tonsberg (Norvège) aux Chantiers Kaldness,
a été mis en service en mars 1978.
Je peux en parler d'autant plus facilement que j'y étais pour la fin de construction et la mise en service du navire.
Par les temps froids (en février) et pour éviter l'humidité, cette charpente avait été mise en place pour étaler
des taux sur le dessus avec d'énormes soufflantes d'air chaud disposées à différents emplacements sur le pont, et cela
pour permettre aux peintres de finir leurs travaux de peinture en toute tranquillité. La photo ci-dessus du VILLE DE BORDEAUX a été prise dans le Sandfjord lors des premiers essais du navire,
au début du mois de mars 1978. Pour info, quatre navires de ce type furent construits aux chantiers Kaldness : deux pour les "Chargeurs"
et deux pour la "Havraise", le deuxième (pour cette dernière) étant le VILLE D'ANVERS qui était sorti de ces chantiers un an plus tôt. |
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Hervé Cozanet —
Dans la génération précédente à
la Nochap, il y a eu deux mixtes, les Ville de Tamatave
et Ville de Tananarive. J'ai eu l'honneur de
faire un embarquement de 11 mois, partagé entre les deux,
avec huit jours (tous frais payés) à Nossi Bé
pour le transfert d'un navire à l'autre. Bon souvenir...
Ces navires avaient une stabilité lamentable et on se
faisait de belles peurs. L'un d'eux s'était même
couché sur la quai à la Pointe des Galets au cours
des opérations commerciales.
Ville de Tananarive
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Roland
Grard — Voici quelques scans de photos concernant
la NCHP qui m'ont été communiquées par M.
Gérard Ney, l'un des deux anciens photographes
du port du Havre, aujourd’hui en retraite.
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Ville d'Anvers |
Ville de Bordeaux |
Ville
de Lyon |
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Philippe Lauga
Le très beau Ville de Valence
(ci-dessus) m'a fait penser que j'avais en photo le Ville de Marseille
(ci-contre à gauche) et le Ville de Gènes
(à droite). Peut-être appartenaient-ils à
la même compagnie ?
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Françoise
Massard — Oui, le Ville
de Gênes et le Ville de Marseille
appartenaient bien à la Nochap. Ce sont pratiquement les
premiers "vrais" porte-conteneurs de la NCHP, construits
à la Ciotat sur le modèle du Léonce
Vieljeux de Delmas. Leur capacité était de
236 EVP… cela fait sourire maintenant quand on pense à
l’Emma Maersk… |
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