Jo Kerdraon
— Un correspondant me pose la question suivante
: "Do you know if the Doxford engines in
the French Ships CATHERINE - CHRISTINE - MELUSINE (built for UIM
- Union Industrielle et Maritime) had a 6 or a 4 cylinder Doxford?
So, 67LPT4 or 67LPT6 ? Have you a written prove of that?"
Si quelqu'un peut répondre, merci d'avance.
Yvan Letellier
— Michel Pelé sera certainement à même
de donner les renseignements, mais, en attendant, cliquez sur
les noms des navires cités : MELUSINE
- CHRISTINE
- CATHERINE.
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Jean-François
De Bie — Pour ceux qui sont intéressés
par ces machines, ci-joint trois schémas (extraits de .Marine
Diesel Engines par C. C. Pounder, George Newnes Ltd, London,
1966) :
- plan coupe longitudinale (cylindre et butée moteur)
- plan coupe transversale au droit d'un cylindre
- schema illustrant le cycle de fonctionnement des pistons opposés. |
André Le Nay — Nous avions déja
évoqué assez longuement les moteurs Doxford, sur
la liste
de discussion, il y a un ou deux ans, l'expert étant
M. Pelé qui les a pratiqués à l'UIM (NDLR
: discussion initiée par Maxime Sallé,
en mars 2005. Cf., en fin de dossier, quleques rappels de cette
discussion). Pour complèter les illustrations précédentes,
je conseille de voir une animation assez instructive sur le fonctionnement
d'un moteur à pistons opposés. Il ne s'agit
nullement d'un vrai Doxford marin sorti des usines de Sunderland
mais d'un modeste moteur de tracteur agricole des années
50, voire avant.
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Michel Pelé
— Pour complèter les réponses
précédentes, les navires UIM équipés
de moteurs Doxford sont les suivants
ROSELINE
- 1957 - Moteur diesel Doxford-Provence type 60 SBD 3, deux temps
simple effet, construit en 1956 - Puissance 3 000 ch à
139 tr/min.
JEAN-SCHNEIDER
- Moteur Doxford-Provence 65 LBD 6, deux
temps, simple effet, à pistons opposés de 6 cylindres
suralimentés, construit en 1958 - Puissance maxi normale
9 000 ch.
MELUSINE - Moteur diesel Doxford-Provence 65
LBD 4S, deux temps simple effet, 4 cylindres à pistons
opposés, suralimentés.
CHRISTINE - 1962 - Moteur diesel Doxford-Provence
67 LPT 4, suralimenté à 35%, fuel lourd n° 2,
deux temps simple effet, 4 cylindres à pistons opposés,
construit en 1962. Sur cette page,
quatre photos du Christine : poste de manœuvre, vue avant
du moteur et intervention sur un cylindre à Boulogne en
1964
ANDRE
MASSET - Moteur Doxford 60 LB 3 cylindres, construit
par North Eastern Marine, Wallsend-on-Tyne. 2 temps simple effet,
pistons opposés, construit en 1955.
JACQUES
D'ANGLEJAN - Moteur Doxford-Provence 70 LBD 4, deux
temps simple effet, à pistons opposés, 4 cylindres
suralimentés par deux turbo-soufflantes, construit en 1959.
Pour des informations sur le fonctionnement des moteurs Doxford,
cliquez ici.
Jean-Claude Lanéry
— A noter aussi,
à la CMCR, les deux paquebots "Côte d'Afrique"
: BRAZZA et FOUCAULD qui avaient
été construits en Angleterre après-guerre.
Je laisse aux mécaniciens le soin d'en parler car je n'ai
eu que huit jours d'embarquement à bord du FOUCAULD, en
1956 et en plus à quai !
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Françoise
Massard — Lancé le 17 juillet 1947, le paquebot
FOUCAULD de la Compagnie des Chargeurs Réunis
fut construit en Angleterre par les Chantiers Swan Hunter &
Wigham Richardson (Newcastle on Tyne) et fut mis en service en juillet
1948. Il était affecté à la ligne : Bordeaux
- Vigo - Dakar - Abidjan - Lomé - Cotonou Port Gentil - Douala
- Libreville - Pointe Noire. En 1965, il est
transféré à la Nouvelle Compagnie des Paquebots
(la cheminée, repeinte en noir, porte désormais les
lettres NCP), mais continue d'assurer la même ligne. Il est
vendu à la Marine Nationale en 1967 pour être transformé
en bâtiment-base dans le Pacifique et est alors rebaptisé
MOSELLE
(A608). Il est ferraillé en 1978 (sous le nom de Q589).
Photos : auteurs non connus
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146,02x18,89x10,5 m
- JB 9 095 - JN 5 107 - PL 5 415 t
- Ptot 8 800 ch (deux mot. Doxford 2T-simple effet
67LB4) - Quatre chaudières La Mont (dont deux avec récupération
de chaleur sur l'échappement) - V 17 nds - Cap. 538
passagers (quatre classes) / 132 membres d'équipage. Sister-ship
: BRAZZA.
A gauche, le FOUCAULD à
sa sortie de chantier
et, à droite, après sa rénovation en 1956 à
Saint-Nazaire
(lacouleur de coque a changé en 1961) |
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Jacques Draoulec —
Voici (ci-dessous, à gauche) une photo du S/S BRAZZA,
appartenant aussi aux Chargeurs Réunis, premier navire à
entrer dans le canal du port d'Abidjan en 1951. On entrevoit le
remorqueur SAUMON qui l'escorte. A droite, une autre photo du FOUCAULD.
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FM
— BRAZZA - Même chantier, mêmes caractéristiques
et même ligne que le FOUCAULD dont il est le sister-ship.
Il est mis en service en octobre 1949 et assurera 116 voyages sur
la COA pour les Chargeurs, jusqu'à sa vente en 1964, date
à laquelle il rejoint Brest et devient le MAURIENNE
après sa vente à la Marine Nationale. Il est radié
de la flotte en 1974.
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JD
— Premières activités du remorqueur SAUMON
en 1949 - 1950. Ce remorqueur fut sur place avec le ponton - mâture
et une première drague suceuse du nom de la TROPICALE .L.S.
sur Port - Bouët et le canal de Vridi . Les travaux se terminent
le 23 juillet 1950 mettant enfin en communication la lagune Ebrié
avec la mer grâce à un canal de 2 700 m de
long sur 370 m de large et une profondeur de 13,50 m. |
Le remorqueur SAUMON
a participé à la mise en place de toutes les balises
du chenal dans la lagune et des coffres de mouillage servant à
l'amarrage des navires avec le ponton. A l'ouverture du canal fin
1950- 1951, le SAUMON fut le premier à accompagner le BRAZZA
dans le canal jusqu’au port d'Abidjan pour la mise sur coffre
(aucun quai d'accostage des navires de navigation).
A droite, le BANFORA
de la compagnie Cyprien Fabre, une très belle étrave
et une belle allure. |
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José
de França — Construit comme INSULINDE
pour la Royal Rotterdam Lloyd en 1914 (Maats de Schelde, Vlissingen,
Pays-Bas), il prit le nom de BANFORA en 1933 lors de son rachat
par la Cie Cyprien Fabre. Après une profonde transformation
(Dry Dock Co, Rotterdam), il fut affecté à la ligne
de l'Afrique Occidentale. Saisi par les Anglais en 1941 au cours
d'un voyage Dakar-Casablanca, il fut converti en "troop ship"
à Liverpool. Dévolu à la Cie. Cyprien Fabre/Fraissinet
après la guerre, il reprit la ligne de la COA en 1947 après
avoir été modernisé. Dix ans plus tard, il
fut vendu à des ferrailleurs Japonais et c'est sous le nom
de BANFORA MARU qu'il fit son dernier voyage vers
Yokohama (août 1957) où il fut démoli. |
NDLR — Quelques
rappels d'une discussion antérieure sur les moteurs Doxford
Hervé Cozanet —
J'ai vu à l'œuvre ce type de moteur, en 1962, sur l'aluminier
SAINTE-CLAIRE-DEVILLE. Cela faisait des moteurs
tout en hauteur, forcément puisqu'il fallait la course de
deux pistons. L'idée semble astucieuse, pas de culasse, chaque
piston jouant ce rôle pour son opposé. C'était
assez impressionnant à voir fonctionner, les mécaniciens
les appelaient les "moteurs à bretelles" à
cause des flexibles qui alimentaient le piston supérieur
et qui se "balladaient" de façon spectaculaire.
Jean-Pierre Lerosey
— J'ai en effet vu ces "bretelles"
qui gigotaient frénétiquement sur le MISSISSIPI
(Transat). L'intérêt était de pouvoir loger
huit cylindres sur l'espace requis par quatre sur un "Sulzer
classique", puisque dans une machine il y a toujours beaucoup
de place perdue en hauteur, tandis qu'en longueur c'est au détriment
de l'espace cargaison.
Hervé Cozanet
— C'est tout à fait cela. Au lieu d'avoir huit cylindres
en ligne, on en avait quatre mais à deux étages. Ce
que l'on gagnait en longueur, on le retrouvait en hauteur, mais
dans la salle des machines on a en général de la place
dans le sens de la hauteur. Je ne suis pas
mécanicien, mais l'idée paraît originale et
audacieuse. Chaque piston sert en quelque sorte de culasse pour
le piston opposé. Les deux pistons viennent à la rencontre
l'un de l'autre pour former la chambre de combustion, l'injection
se fait entre les deux pistons, et ils sont repoussés à
l'opposé. Les bretelles assurant la circulation des fluides
vers les pistons supérieurs étaient spectaculaires,
mais je crois qu'elles ne posaient pas grand problème. Il
me semble que le problème dans la conception de ces moteurs
était la maîtrise de l'énergie cinétique
des pistons supérieurs et la taille des tringleries qui les
reliaient à l'arbre manivelle. |
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Françoise Massard —
Le MISSISSIPI (deuxième du nom, ci-contre)
était en effet équipé d'un Doxford-Provence
65 LBD 6 de 9 000 ch propulsant le navire
à 16 nds à 120 tr/min. Je crois que les
trois autres navires de la série : les MAGELLAN,
MARYLAND et MICHIGAN en étaient
aussi équipés.
MISSISSIPI - 152,1x18,8x11,9 m - TE 8,2 m
- JB 9 235 - PL 9 631 t - Constr. 1959 (Chantiers
et Ateliers de Provence) - Mis en service en 1960 (ligne Pacifique
nord, puis ligne des Antilles à partir de 1973) - Démoli
en 1978.
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André Le Nay
— Je n'ai pas d'expérience personnelle
des moteurs Doxford. J'ai seulement vu rapidement, sur un cargo
affrèté par ITF, le GLOBAL MARINER,
lors de son escale au Havre en septembre 1998, une maquette animée
de ce type de moteur qui était apparemment du même
type que celui équipant le navire, mais la machine ne se
visitait hélas pas et je n'ai pas eu le temps de rester contempler
trop longtemps la maquette. Dommage. Des photos de ce type de moteurs
ici. |
Jean-Pierre Bruyas —
Effectivement, je me souviens des
bretelles et des longs bras extérieurs qui devaient relier
le piston supérieur aux bielles. Ce qui était surtout
impressionnant, c'etait la hauteur du moteur, la porte du local
machine dans la coursive équipage était au niveau
du haut du moteur. J'en garde le souvenir d'un moteur relativement
silencieux (les cabines élèves étaient à
l'arrière) par rapport à bien d'autres. Les officiers
mécaniciens les aimaient bien car ces moteurs, étant
un peu uniques en leur genre, leur assuraient des embarquements
réguliers sur les deux navires (MICHIGAN et MISSISSIPI), et tous ceux qui l'ont pratiquée
l'ont aimée cette ligne du Pacifique nord (et ses cargos).
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MICHIGAN
(deuxième du nom) - Mêmes caractéristiques que
le MISSISSIPI ci-dessus - Même chantier - Mis en service en
1959 (ligne Pacifique nord, puis ligne des Antilles à partir
de 1971) - Renommé BRANY ISLAND après
sa vente à Singapour en 1976. |
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