Erwan Guéguéniat — Une autre acquisition récente : l' EQUATEUR en manœuvre à Dunkerque.
Ce navire est assez connu, de par l'histoire de son échouage à Gris Nez, le 26 novembre 1953, ainsi que par le récit de son renflouement, le 6 janvier 1954. Ce récit figure dans quelques ouvrages consacrés aux "Abeilles". |
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Yvon Perchoc — A noter, en arrière-plan, le VILLE DE DIEGO SUAREZ de la Havraise Péninsulaire. |
Françoise Massard — Nous avons déjà évoqué ici ce cargo mixte EQUATEUR de la Compagnie Générale Transatlantique (cf. p.14 de cette rubrique, en date du 14 août 2005). |
Jo Kerdraon écrivait en effet à cette date : "Je profite d'avoir le livre Histoire de la Flotte (Transat ) de Ludovic Trihan pour faire paraitre sur le site la carrière de l'EQUATEUR (cliquer sur la photo de droite de la p. 14, NDLR) qui faillit finir prématurément au Cap Gris Nez deux ans après
sa mise en service...
Les plus anciens doivent s'en souvenir !
Cet accident avait attiré mon attention car c'était deux années avant que je rentre à l'Ecole maritime et j'avais suivi avec intérêt sur les journaux le sauvetage de ce cargo superbe pour son époque.
Il faisait partie d'une série de trois navires à la Transat, avec le PEROU (initialement VALPARAISO, construit, comme l'EQUATEUR, aux Forges et Chantiers de la Gironde à Bordeaux, NDLR) et le CHILI (construit, lui, aux Chantiers Burmeister & Wain à Copenhague, NDLR).
Aux Messageries Maritimes, il y avait un sister ship : l'INDUS prévu pour la Transat au départ (la CGT avait en effet prévu, dès 1947, de construire quatre navires de 8 700 t naviguant à 16,5 nds pour le transport des minerais et nitrates sur sa ligne du Pacifique Sud, mais à la réflexion et vu les énormes efforts à faire pour reconstruire la flotte d'après-guerre, trois cargos lui parurent finalement suffisants. L'INDUS (initialement PEROU) fut lancé par B&W en 1951, les Messageries l'ayant acheté sur cale. Il deviendra ENCICLA peu avant sa démolition à Savone en 1973. NDLR).
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FM — C'est donc deux ans après son lancement que l'EQUATEUR s'échoua, le 25 novembre 1953, sur la plage d'Augenhem, au sud du cap Gris-Nez : "26.11.1953 - Passé Ouest de Gris-Nez à 00h32, fait venir au quarante à 00h37, échoué à 00H47" (extrait du rapport de mer du Commandant Lozet). Il essaya, trois heures durant, de se déséchouer par ses propres moyens, mais ce fut sans succès. Dès le lendemain matin, les efforts considérables sur la coque le firent se plier au niveau de la cale 3 que l'eau envahit immédiatement, et l'équipage fut évacué. De nombreux remorqueurs furent dépêchés sur zone (RISBAN, ROBUSTE, TRAPU, MINOTAURE, ABEILLE n°15), et les premières tentatives de renflouement eurent lieu dès le 27.11. Echecs répétés malgré les actions conjointes, l'allègement du navire fut donc entrepris. Le 05.01.1954, les ABEILLES n° 4, 15 et 25, ainsi que le CHERBOURGEOIS n° 5 vinrent enfin à bout de la résistance de l'EQUATEUR et le remorquèrent jusqu'à Boulogne où il arriva dans la soirée, après une navigation fort difficile et dangereuse pour la centaine d'hommes participant à ce sauvetage. Après un ultime déchargement et des travaux de consolidation, il fut remorqué jusqu'aux Chantiers de Normandie (Grand-Quevilly), Après plusieurs mois de réparation, il reprit son service le 14.09.1954 sur la ligne d'Amérique du Sud (côte Pacifique). Il devint LIMA en décembre 1966 (après sa vente à l'armement péruvien Peruano, déjà lié financièrement à la CGT), mais continua d'être exploité sur la même ligne. Il devint ensuite AMY en 1974 (pav. PAN), puis NENA en 1976 (pav. GRC), jusqu'à son désarmement en 1979. |
EQUATEUR - Cargo mixte - 146,94(LPP136,60)x19,05 m - TE 7,82 m - JB 7 267 - JN 3 900 - PL 8 653 t - Ptot 6 065 kW (deux moteurs Sulzer-B&W 8SPG58) - V 16,5 nds - Constr. 1950 (Forges et Chantiers de la Gironde, Bordeaux, France) - Propr. Transat (1951-1966) - Ligne Golfe du Mexique - Pav. FRA. Démoli en 1979 à Kaoshiung (Taïwan). |
Jean-Luc Déan — Je décris longuement le renflouement de l'EQUATEUR dans l'ouvrage Les Abeilles co-signé avec Théodore Gazengel. J'ai aussi les rapports de mer des capitaines des remorqueurs qui officièrent (dont celui de mon grand-père qui commandait l'Abeille 25), ainsi que des documents du capitaine Lozet qui commandait l'Equateur. Voici
quelques photos du déséchouage de l'Equateur en janvier 1954. |
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Les remorqueurs qui officièrent sont Abeille 4, Abeille 25, Abeille 15 et Cherbourgeois 5. Le "salvage Master" qui coordonna les travaux de renflouement pendant un mois était Laurent Loussot qui commanda le remorqueur de sauvetage Abeille 22 avant guerre. Sur la troisième photo, c'est le remorqueur Cherbourgeois 5 qui est au premier plan. La dernière photo montre le téléphérique qui servit à l'allègement du cargo.
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FM — Pour revenir au VILLE DE DIEGO SUAREZ (troisième du nom), celui-ci – construit en 1956 sous le nom de PIETRO CANALE (armement Canale di Sicilia de Palerme) – prit son nom en 1962 après son rachat par la NCHP (Nouvelle Compagnie Havraise Péninsulaire) qui le positionne sur la ligne Europe du Nord - Mer Rouge - Golfe Persique - Océan Indien.. Il deviendra SONIA en 1965 (pav. PAN, propriétaire Limani Shipping, Panama, mais cargo naviguant sous les couleurs de Cyprien-Fabre vers les Antilles et le Mexique), puis VIET NAM THUONG TIN I en 1969 (rachat par la Vietnam Marine Lines, Co), nom qu'il gardera jusqu'en 1989 où il devient VUNG TAU (toujours sous pav. VNM, armateur Vietnam Sea Trans & Chartering). C'est, semble t-il, sous ce dernier pseudonyme qu'il est ferraillé (en 1990 ?) |
VUNG TAU (Saigon) - IMO 5380821 - Cargo mixte - 148,60x18,98x9,33 m - TE 8,11 m - JB 6 275 - JN 3 666 - PL 11 141 t - P 3 990 kW (mot. Fiat A750-7L) - V 14,2 nds - Cap. GRN 18 209 m3 (six cales) - Passagers 6 - Equipage 40 - Mâts de charge 1x30 t / 12x5 t / 1x3 t - Constr. 1956 (Cant. Nav. di Taranto, Italie) sous le nom de VILLE DE DIEGO SUAREZ - Pav. VNM. Démoli. en 1990 (?). |
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