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Captain Surcouf — Une petite promenade sur les quais de Marseille, où s'active un chantier de déconstruction (comme quoi cela marche avant l'heure !). Mais au fait, à quel navire appartiennent ces tronçons découpés? |
Maxime Sallé — Vu l'emplacement, je penche pour l'ancien bateau-pompe des marins-pompiers de Marseille. Il était utilisé depuis longtemps comme centre de formation lutte contre l'incendie. Il en a vu passer des hydros... |
CS — Oui, il s'agit bien de lui.
Moi aussi, j'ai eu le plaisir de faire un stage à bord. Probablement dans les années 80.
Etre sur un vrai navire pour apprendre à éteindre un feu, cela mettait bien en condition.
Le dernier jour, c'était de la folie : pendant qu'on éteignait d'un coté, il y avait un officier marinier qui "s'amusait" à jeter un seau de carburant derrière.
Ambiance sympathique et très formatrice. |
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Régis Zaïa — Voici une photo de ce "pauvre" SAHEL que j'ai bien connu , seul survivant de ces jolis petits navires-citernes construits à Caen (Chantiers Navals Français) et commandés par les occupants en 1944. |
Françoise Massard — Le ravitailleur de région SAHEL (A638) a été définitivement retiré du service le 14 janvier 1982, date à laquelle il avait été remis (sous le nom Q623) aux marins-pompiers de Marseille pour être utilisé comme centre d’entraînement à la sécurité (infos Marine nationale). |
Caractéristiques : le SAHEL fut mis en service en 1951, il mesurait 53 m et avait un port en lourd de 1 450 t. Son moteur de 700 ch (515 kW) lui permettait une vitesse de 12 nds. |
André Le Nay — Le SAHEL me semble un sister-ship du SLOUGHI, ce caboteur breton que nous avons déjà évoqué. |
RZ — Le SLOUGHI était un pinardier qui faisait Sète-Algérie, etc. Il y avait aussi les SAINT MARCET, TSELFAT, AUTUN et GABIAN. En revanche, il me semble que le SAHEL a toujours été à la Royale. |
Jean-François De Bie — Le SAINT MARCET avait été modifié avec la superstructure avant reportée sur l'arrière. J'ai fait mes débuts au commerce (1963) sur un autre pinardier du même armement, le MATER DEI, Ils avaient aussi le SAINT JOSEPH, dans l'état d'origine, mais je ne suis pas sûr qu'il ait été un sister-ship à moins que ce ne soit un des navires que vous citez, mais sous un autre nom ? |
ALN — Le SlLOUGHI lui aussi, fut, je crois bien modifié après coup pour ne conserver qu'un seul château tout à l'arrière. Il était exploité par une famille d' armateurs bretons du Trégor, du nom de "de Kergariou" (Casablanca). Mon père qui y avait effectué deux ou trois remplacements de lieutenant dans les années cinquante, en avait conservé d'impérissables souvenirs. |
FM — D'après La Flotte des navires-citernes français de Paul Bois et Hans Pedersen, le SAINT JOSEPH est l'ancien GABIAN (lancé en 1944) – précédemment cité – qui a changé de nom en 1954 au moment où il est transformé en pinardier (armement Hervé Nader, ex Compagnie Celte de gérance et d'armement, Quimper). Vendu en 1996, il devient l'AGIOS IOSSIF (sous pavillon chypriote) et c'est sous ce nom qu'il est démoli en 1971. Quant au TSELFAT, il a dû s'appeler un moment GRADVAL.
D'après la même source, le SAINT MARCET aurait bien été construit à Caen (à Blainville exactement), mais par les ACH qui s'y étaient repliés pendant la guerre, et non par les Ateliers Navals Français comme les autres navires précités. Enfin, à noter que tous ces navires commandés par l'Amirauté allemande portaient tous, au moment de leur lancement, le nom de HANSA suivi d'un numéro.
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ALN — Le n° 16 de Navires et marine marchande parle, sous la plume de Edmond Guibert, du SLOUGHI : "L'utilisation de ces registres-bis avant l'heure s'achèvera discrètement en 1978, avec le désarmement du Sloughi, de La Navale Chérifienne (Kergariou). Après 34 ans d'existence, ce vétéran est arrivé à Briton Ferry, le 21 octobre 1978, pour succomber sous les chalumeaux d'un chantier de démolition" |
ALN — Question subsidiaire : pour quelle raison la ville de Marseille est-elle encore de nos jours défendue par un bataillon de "marins-pompiers", militaires issus de la Marine nationale, et non par des pompiers professionnels ou volontaires "civils" comme pratiquement partout ailleurs sauf à Paris (pompiers militaires également mais pas "marins") ?
Jacques Bertaud — C'est à la suite de l'incendie catastrophique et mortel d'un grand magasin (Les Dames de France, peut-être ?) que les marins-pompiers ont eu la charge de Marseille.
ALN — Il s'agit en fait des Galeries Lafayette de Marseille qui brûlèrent entièrement faisant des victimes [50 d'après les Archives marseillaises, c'était en 1938, NDLR] alors que se tenait à côté un congrès politique présidé par le "Président du Conseil" d'alors (équiv. Premier ministre d'aujourd'hui), le Président Daladier. Celui-ci ayant, paraît-il, pu contaster de son propre chef l'incompétence du corps des sapeurs-pompiers municipaux marseillais de l'époque, dissolva ce corps dès son retour à Paris et confia, d'abord temporairement, la protection de la ville de Marseille à un détachement de marins-pompiers habituellement affectés à la protection de l'arsenal de Toulon.
Ces militaires ayant démontré leurs compétences en matière de protection d'une grande cité, ils furent ensuite confirmés dans cette tâche et suscitent toujours, parmi la population, autant d'admiration et de sympathie. |
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