Yvan Letellier
— Il y a 73 ans aujourd'hui... "Tranche de vie
"au verso de la photo ci-dessous, prise dans les bassins
à flot de Bordeaux. A gauche de l’étrave,
la silhouette du bâtiment "Les Grands Moulins de Paris".
A noter, sur l'eau, une impressionnante couche de "débris"…
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"Nantes
le 25/5/1934
Chers Parents
Je suis embarqué
depuis mardi matin et nous voila à Nantes d’où
l’on charge pour l’Algérie et la Tunisie. Je
vous envoie la photo de mon « yacht » l’ATHÉNÉE.
C’est un beau bateau et il pédale autrement que le
«Girafe», si ça continue comme ça je
crois que je suis bien tombé. Bons officiers, bonne nourriture
et bon bateau. Quand à la paye j’arriverai à
650 ça peut aller. Mon frère est venu à bord.
Nous n’allons pas faire long feu ici car demain soir nous
repartons. A bientôt de vous voir je vous embrasse à
tous. Lucien"
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D"après le
site Néo-Zélandais Miramar,
l'ATHÉNÉE
aurait été lancé le 27.03.1918 (Ch. S.P.
Austin & Son, Ld, Sunderland) sous pavillon GBR. Principales
caractéristiques : longueur (LPP) 86,9 m - largeur
12,8 m - JB 2 362 tx - V 11,5 nds.
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Michel Pelé
— Les navires type "Gharb"
avaient été construits en grande série selon
un prototype , le "Gharb", de la maison Prentout-Leblond
de Rouen, construit en 1914 aux Forges et Chantiers de la Méditerranée
à La Seyne-sur-Mer, avec un port en lourd de 1 450 t,
une vitesse de 7 à 9 noeuds nds. Ils demandaient un
très gros effort à leurs équipages. Ceux-ci
étaient logés à l'avant, et le mauvais temps
interdisait souvent l'accès à ces logements.
Unités fragiles découlant d'un modèle conçu
pour remonter les rivières du Maroc, bas sur l'eau, mal
défendues contre le gros temps. Les Anglais les avaient
surnommées "Crabs of the sea". C'était
un compromis entre le vapeur de mer et le chaland de fleuve, s'avérant
d'un rendement peu économique, dont l'emploi se limitait
aux courtes traversées entre la France et l'Angleterre
et au transport de marchandises restreintes : charbons, produits
métallurgiques, poteaux de mine.
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Le
GIRAFE (ex HARLEUR),
des Armateurs Français, était un navire de type GHARB |
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Les Gharb, portèrent
tous à l'origine des noms de métiers qui les firent
désigner sous le nom "d'ouvriers" : Ajusteur,
Bûcheron, Calfat, Charbonnier, Charpentier, Charron, Chaudronnier,
Chauffeur, Cordier, Débardeur, Dessinateur, Fondeur, Forgeron,
Gréeur, Maçon, Marin, Marinier, Mécanicien,
Menuisier, Mineur, Ouvrier, Pêcheur, Peintre, Perceur, Riveur,
Soutier, Tisserand, Tôlier, Tourneur, Verrier. Certains
de ces navires avaient des cheminées rabattables pour pouvoir
passer sous les ponts. Leur forme était celle de grands
chalands avec trois cales, un gaillard et une dunette arrière.
Dans le gaillard habitait l'équipage : six chauffeurs et
six matelots. Dans la dunette et la passerelle logeaient le capitaine,
le second, le lieutenant, le chef mécanicien, le second
et le troisième mécanicien, le cuisinier et un novice.
Deux machines alternatives de 350 ch assuraient la propulsion,
alimentées par deux chaudières cylindriques. Ces
cargos furent d'un faible rendement ;ainsi, le "Maçon"
ne fit qu'un seul voyage en un an et encore il lui fallut trois
mois pour aller de Dunkerque à Swansea. Entre Lorient et
Nantes, le "Pêcheur", autre "Gharb",
fit quatre voyages en quatre mois au petit cabotage, alors que
la durée normale était de quatre semaines. Beaucoup
furent vendus à l'étranger où ils firent
de longues carrières, notamment sur les grands lacs canadiens.
L'un d'eux, le "Chaudronnier", vendu en Grèce
en 1929 naviguait encore, en Turquie, en 1999 !
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YL
— Je rebondis avec une carte postale (venant de la
collection d'un ancien marin) du port de commerce de Phnom-Penh,
au Cambodge, datant des années cinquante. Le premier navire
doit être, je pense Hollandais ; quant au second, il se
nomme TEBOURBA, ancien DEBARDEUR
(cf. ci-dessus) et futur ELBEUF des Armateurs
Français. Ce Tebourba a terminé sa carrière
à Hong Kong où il fut démoli en 1956.
Pour un "Crabs of the sea". celui-ci est allé
"débarder" bien loin...
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