Les cargos sur le Danube
Philippe Lauga
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Début décembre 2023, j’ai découvert l’existence de la webcam positionnée à Sulina, en Roumanie. Sulina, c’est une petite ville touristique à l’embouchure de l’un des bras navigables du delta du Danube. Il n’y a pas de port à proprement parlé à Sulina. Juste quelques pontons d’amarrage. Et pourtant... Depuis le commencement de la guerre en Ukraine, les grands ports de commerce qui jusque là concentraient le trafic maritime ukrainien se sont retrouvés bloqués, coupés du monde. L’unique alternative pour l’importation et l’exportation de marchandises par voie maritime, en tout cas la plus sûre, les ports de Reni et d’Izmaïl, implantés sur le Danube, là où le fleuve dessine une partie de la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie. Une ligne de 110 kilomètres très exactement. La Roumanie étant membre de l’OTAN, cette région se retrouve relativement à l’abri de la guerre.        
    Les premiers temps, des centaines de navires se sont massés au large de Sulina, attendant parfois des semaines de pouvoir emprunter l’étroit bras navigable qui remonte vers Tulçea jusqu’au bras de Chilia, le plus septentrional des trois bras navigables du Danube.
À partir de là, cap vers l’amont et le port de Reni, ou l’aval et celui d’Izmaïl.
Depuis la signature de l’accord céréalier de la mer noire, les ports de Tchornomorsk et Odessa ont été rouverts et le trafic s’est un peu fluidifié.La navigation sur le Danube présente un inconvénient majeur cependant. Les gros vraquiers qui viennent en Ukraine charger des céréales ne peuvent pas l’emprunter. Raison pour laquelle on n’y voit que des cargos de taille modeste. Et cerise sur le gâteau, il y a beaucoup de cargos gréés à l’ancienne, c’est à dire avec des mâts de charge. Des cargos achetés sur le marchés de l’occasion par des compagnies de pays tels la Turquie, la Roumanie, la Grèce, le Liban, les Émirats Arabes, l’Égypte.

Alors, de temps à autre, je supervise le trafic et me connecte sur la webcam de Sulina, quand elle fonctionne, pour profiter du spectacle.
Au lever du jour, les cargos qui s’apprêtent à remonter le fleuve sont souvent obligés de stopper quelques heures à Sulina. Ils sont autorisés à poursuive leur route vers Tulçea à partir du milieu de journée. D’autres les remplacent alors. Ceux-là y patientent une nuit, la navigation n’étant possible qu’en journée. Quelques jours plus tard, ils redescendent et filent vers les ports du pourtour méditerranéen via la mer Noire et le détroit du Bosphore.
Je vous propose donc une série de copies d’écran de cargos, le plus souvent amarrés au poste d’attente situé dans l’axe de la caméra, lorsqu’elle est en plan fixe. Les images sont moins nettes si elle est en mouvement. Le balayage de la caméra n’est pas toujours synchronisé avec le passage des navires. De plus, il m’a fallu retravailler les images pour enlever les incrustations qui apparaissent en haut de l’écran, supprimer un lampadaire mal placé, reconstituer les parties invisibles sur le plan fixe à l’aide d’autres captures de la scène en mouvement. Pas mal de boulot donc. Parfois c’est impossible à traiter. D’autre fois, le résultat n’est pas si mal. Je vous présente les images les plus réussies dans l’ordre chronologique depuis le mois de décembre 2023.

Pour être publiées les images demandent du travail
Parfois, lorsqu'il faut reconstituer des bouts manquants d'un navire, ou recoller des morceaux au milieu d'une corne de charge et de ses martinets et cartahus.